Trouvons-nous dans la perception de quoi nous assurer de la réalité de son objet ?
Publié le 12/01/2010
Extrait du document
- PLAN PROPOSÉ
- DÉVELOPPEMENT
«
elle ne le peut pas.
La perception est autre chose que la sensation en ce que la sensation a une stimulation, tandisque la perception a un objet.
Mais quel objet ? Un objet réel ou une apparence d'objet ? Nous disons que nousvoyons les choses ou qu'elles nous apparaissent.
Si elles nous apparaissent, c'est aussi qu'elles disparaissent.
Il y a,dans la méditation cartésienne, une expérience de la disparition, celle du morceau de cire au moment où il fond ; et,le voyant fondre sous l'effet de la chaleur, je le vois en même temps disparaître, perdre l'apparence sensible qu'ilavait un moment auparavant.
Bien sûr, il ne disparaît qu'en apparaissant sous une nouvelle apparence.
N'est-il doncque ses apparences ? Descartes introduit ainsi un dualisme de l'être, la cire est toujours la cire, et de l'apparence, lapremière apparence s'étant, dans l'expérience sensible, fondue en une autre ; ce dualisme oblige à rechercher laréalité, ailleurs ou au-delà des apparences.
Ce qui était l'objet de la perception n'était qu'un accident, une façond'être, un fantôme, quelque chose de relatif, et qui nous masque la réalité, la substance de la cire.
On sait queDescartes se détournera de l'expérience sensible, à laquelle la perception reste attachée au profit d'uneconnaissance de l'entendement, qui seule peut nous permettre d'atteindre les substances.
Pour Descartes, la réalitéest affaire de raison.
On aurait beau jeu d'accumuler ici les difficultés de la perception, et ses erreurs, lorsqu'elle se prend au jeu desapparences.
Elles montrent toutes qu'il existe des différences incompatibles entre deux mouvements perceptifs, quiinterdisent d'accorder crédit à l'un ou à l'autre.
A la limite, on pourrait dire que toute perception n'est qu'une erreurou, si l'on veut, qu'il n'y a pas de réalité dans les objets.
L'examen de l'erreur fait grande la part du sujet, depuisl'attention portée à des structurations physiologiques, jusqu'à l'influence de l'affectivité comme l'émotion de peur quinous fait voir bouger des choses parfaitement immobiles.
L'expérience de ces sortes d'hallucinations — le bruitinexistant qu'on a entendu, l'odeur ressentie par quelqu'un et qui ne saurait être dite réelle ou supposée — marquesuffisamment que la perception n'est pas exclusivement subie, à partir de la réalité, mais que le sujet percevant yapporte lui-même sa propre substance.
Le subjectivisme de la perception déborde largement l'objectivisme de lacroyance naïve .à la réalité.
L'activité du sujet percevant serait-elle le tout de la perception ? Tout objet ayantdisparu, la réalité pourrait cesser d'être affirmée sans que, pour autant, la perception perde son objet.
Nous nousattendions à voir apparaître l'objet, nous ne voyons apparaître que nous-mêmes, et le sujet percevant serait le seulobjet de la perception (ce qui proprement n'a aucun sens, puisque nous reviendrions d'une autre manière, àl'impossibilité de poser un sujet lui-même comme existant réellement en tant que sujet percevant).Il faut donc maintenir que parler de perception, c'est nécessairement admettre un objet, que la perception commeexpérience comprend nécessairement une relation sujet-objet qui n'est pas immédiatement connue comme telle.
Ilest possible que l'expérience sensible, au niveau de la sensation ne nous livre pas cette distinction, et qu'il n'existelà que confusion.
L'univers de la sensorialité pure dont nous avons dit qu'il était indescriptible, serait tout aussi bienimperceptible.
Il faut que naisse une séparation qui, sans doute, n'est pas effective d'un coup, mais qui se réaliselentement à la fois par l'activité sensorielle, avec notamment l'élaboration d'une sensorialité du corps propre, à lafois par l'activité pratique sur laquelle s'exercent des oppositions, venues du sujet et de l'objet.
Il n'y auraperception véritablement que lorsque le moi percevant se sera construit dans l'acte même qui construitréciproquement l'objet sur lequel s'exerce l'action du moi.La notion d'objet résulte d'une expérience acquise qui est celle d'une séparation qui interdit à jamais, une fois qu'elleest effectuée, le retour à une indistinction, encore que nous la pressentions comme possible dans quelquesexpériences originales de notre vie corporelle, lorsque nous ne parvenons pas à discerner s'il y a objet ou non.Dans l'expérience perceptive, la distinction de l'objet et du sujet est une visée.
Cette séparation, qui est laconnaissance — la conscience de l'expérience sensible —, entraîne la distinction entre la matière et la forme de laconnaissance.
Ainsi sommes-nous conduits à affirmer l'existence d'objets situés en dehors, dans une extériorité enlaquelle nous nous plaçons nous-mêmes.
L'espace est pour nous lié à notre existence, tout comme il est lié àl'existence des objets.
L'espace, selon Kant, est une forme a priori de notre sensibilité.La notion d'objet ne se sépare pas de la notion de sujet pas plus qu'elle ne se distingue de l'activité, en l'occurrencede l'activité perceptive, à laquelle elle reste relative.
« Dans l'objet, le sensible est signe de subjectivité, dans lesujet il est signe d'objectivité et d'extériorité », écrit F.
Alquié.L'objet n'est pas donné d'un coup dans la perception, ou disons mieux, jamais une perception, particulière, localisée,temporalisée, ne suffit à nous assurer de la réalité de son objet.
La perception est une histoire qui ne se répète pas,mais qui se recommence sans cesse, soit à partir de la sensorialité — nous reconnaissons que nos sens peuvents'affiner par attention et par éducation —, soit à partir de l'activité du sujet en tant que mémoire et intelligence.C'est dire que la perception contient un inachèvement essentiel qui est poursuite de la réalité de son objet dont elleest perpétuellement la réaffirmation comme réalité significative.
La perception dévoile l'opacité du réel et, dans lesfluctuations de son devenir, fixe l'objet selon des visées qui le font apparaître comme étant objectivement sonapparition.
Mais la perception en elle-même, ne peut fournir l'identification de l'apparence et de la réalité.
Aussiexige-t-elle d'autres démarches, comme la démarche scientifique, pour approfondir la notion de réalité..
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