Traité théologico-politique, Spinoza, explication
Publié le 25/04/2014
Extrait du document
«
ouvertement ou non.
Spinoza oppose ensuite la manière de contestation qu'il soutient, « raisonner et [...] juger » (l.1-5) à la manière
de contestation qu'il considère comme dangereuse : une action visant directement à agir de manière non
conforme à la loi et contre l'autorité politique, appelée ici le souverain.
Une telle action mettrait en effet « en
péril le droit de celui-ci » (l.6-7), c'est à dire qu'elle déstabiliserait son autorité et sa puissance.
Spinoza
implique ici qu'une action contre l'autorité politique mettrait en danger l'ordre, qui lui a été apporté grâce au
« souverain » et qui garantit les plus grandes possibilités de trouver le bonheur pour les hommes.
Ce
raisonnement s'apparente à un raisonnement utilitariste, qui se veut de garantir le bonheur du plus grand
nombre.
On peut donc ici reprocher à Spinoza de ne pas prendre en compte les personnes et les minorités à
qui vivre sous l'autorité d'un état n'apporterait pas le bonheur et ne correspondrait pas à leur conception de la
liberté.
Pour Spinoza, « chacun [...]peut penser et juger sans la moindre restriction-et par conséquent aussi parler ».
Il
semble partir ici du fait que le pouvoir en place est un pouvoir juste et démocratique, garantissant la liberté
d'expression de ses citoyens.
Dans un état ne garantissant pas cette liberté, comme il y en a eu par le passé,
une action « contre le décret du souverain » (l.6) mettant « en péril le droit de celui-ci » (l.6), ou une défense des
thèses défiant l'autorité par « la ruse, la colère et la haine » (l.9) ne seraient-ils pas légitimes? Faut-il sacrifier sa
liberté au profit d'un ordre ne garantissant pas le bonheur? Un combat virulent de l'autorité serait-il toujours
condamnable? Spinoza condamne également quiconque ayant « l'intention d'introduire quelque nouveauté
dans la république par l'autorité de son décret » (l.10), donc toute personne tentant de modifier l'autorité sans y
être autorisé par la loi.
Ainsi, toute idée ou action révolutionnaire, même potentiellement bénéfique pour les
hommes, est vue comme un danger pour Spinoza.
Ceci est compréhensible compte tenu du désordre qui serait
créé sur le court terme, mais là encore, le bien futur de la majorité n'est-il pas primordial, malgré le désordre
occasionné? Est-ce également valable dans les systèmes injustes? Spinoza n'apporte dans cet extrait pas de
considération à ces problèmes.
Spinoza est donc sans conteste pour une contestation pacifiste et dirigée par la raison pour résoudre les
problèmes: la raison devra démontrer qu'une loi ou décision de l'autorité est « contraire à la saine raison ».
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