toute vérité est elle bonne à dire

« « Le mensonge n’est pas une petite chose aux yeux de Dieu » est dit dans l’apocalypse verset 22.15 de la Bible.

D’un point de vue religieux, plus précisemment chrétien, la vérité est un devoir que personne ne peut négliger.

Pourtant, toute vérité est-elle bonne à dire ? Rappelons d’abord ce qu’est la notion de vérité.

Il s’agit du caractère de ce qui est vrai, en adéquation entre la réalité et la pensée de celui qui l’énonce.

Cela peut aussi être une proposition qui emporte un assentiment général.

En télévision, la vérité est celle du direct c’est-à-dire de l’instantannéité.

Dire la vérité signifie exprimer par la parole ou via des écrits un discours objectif qui paraît correspondre à la réalité des faits.

Nous considérons que ce qui est bon à dire est ce qui est utile de par son efficacité pour nous et pour les autres notamment. Ainsi que faut il en penser ? Faut il dire la vérité ou peut-on mentir, l’omettre afin d’éviter de nuire, de se nuire quitte à devenir immoral ? Nous verrons d’abord que toute vérité n’est pas bonne à dire, notamment en politique, puis nous insisterons sur le fait que dire la vérité est un devoir moral .

Enfin nous traiterons de la nature de l’énonciation de la vérité, catégorique, absolue ou bien circonstancielle. D’abord intérrogeons nous sur le fait que toute vérité nest pas bonne à dire. D’après Machiavel, philosophe italien de la Renaissance, toute vérité n’est pas bonne à dire en politique.

Dans son œuvre intitulée « le Prince » parue en 1513, il défend un point de vue selon lequel l’homme politique peut mentir et doit le faire pour réussir, comme le faisait Laurent de Medicis.

Laurent de Médicis possedait ce pouvoir de « simuler et dissimuler » comme le dit Machiavel et c’est ce qui lui permettait de jouer de l’ambivalence entre ce qu’il était et ce qu’il paraissait être.

Pour obtenir le soutien du peuple il joue de son apparence, et pour gouverner il utilise la ruse du renard ou la force d’un lion.

Cet art n’est pas à la portée de tout le monde et seuls les princes le possèdent.

De plus, toutes les raisons qui font qu’un politique ment ou cache la vérité sont faites dans l’objectif de « maintenir l’Etat », ce sont donc pour de bonnes causes.

Dans le domaine de la politique la vérité ne sert pas et si Machiavel dit « la fin justifie les moyens » il considère que quelques soient les actions du politique, ce qui en découle est le plus important.

Enfin son rapport avec le mensonge peut aller au-delà du monde politique étant donné que selon lui nous vivrions dans un monde de malhonnêtes ce qui justifierait le fait que nous ne sommes pas dans le devoir d’être bons.

Ainsi pourquoi chercher à être bon si tout le monde ne l’est pas ? Qu’est-ce-que cela nous apporterait ? Ensuite, dire la vérité peut être néfaste pour celui qui l’écoute, et le blessera plus que ce que cela lui sera utile, dans ce cas la vérité n’est pas bonne à dire.

Platon, philosophe grec, nous en montre un bel exemple.

Dans « La république », il propose l’allégorie de la caverne.

Dans celle ci nous comprenons que les prisonniers regardent ce qui est leur vérité, soit les ombres que veulent leur montrer les manipulateurs. Ainsi, ils voient une vérité plaisante, des animaux notamment.

Ils sont donc habitués à voir la vérité par son ombre, alors que leur arrivera-t-il lorsqu’ils sortiront de la caverne ? Il est probable qu’ils se trouvent dehors face à un soleil éblouissant, censé représenter la vérité telle qu’elle est, qu’ils ne pourront pas regarder.

Ils pourraient être blessés, et il est possible que certains n’auraient préféré ne jamais être libérés. De plus dire la vérité sous-entend qu’il y a au moins deux personnes, celui qui l’énonce et celui qui l’entend, mais voyons donc comment l’énonciateur peut se retrouver dans une situation qui lui ferait regretter son choix de dire la vérité.

Selon Blaise Pascal « Dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu'ils se font haïr.

» En effet son point de vue laisse valoir, que celui qui nous ment nous fait nous sentir bien et que celui qui a l’audace de nous dire la vérité nous fait bien trop de mal.

Ceci est une réalité, ne sommes-nous pas bien dans nos illusions ? Dans nos rêves ? Le sentiment d’amour en est un exemple, celui qui est amoureux ne voit en son conjoint que du bon et se ment souvent à luimême pour ne pas affronter la vérité qui lui serait bien trop désagréable.

Ainsi, celui qui tenterait de lui ouvrir les yeux sur une situation, ne paraîtrait pas alors comme un mauvais, parfois jaloux, qui voudrait le séparer de ses illusions ? de son bonheur ? Mais si la vérité n'est pas toujours bonne à dire, voire parfois nuisible, devons-nous pour autant la taire ? Y a-t-il un quelconque devoir moral de l’énoncer ? Toute vérité est bonne à dire, notamment car c’est un devoir moral. Emmanuel Kant, philosophe allemand, est un fervant défenseur de cette pensée. Un devoir moral correspond à ce que l’on oblige de manière catégorique, de sorte à faire le bien quelles que soient les circonstances et les conséquences. Mentir ne peut être moral.

Dans « sur un prétendu droit de mentir par humanité », Kant en 1797, s’oppose à l’idée que le mensonge peut être utile selon les situations.

Il décrit ce point de vue comme insensé et défend le sien en déclarant que « la véracité est un devoir formel de l’homme à l’égard de chacun ».

C’est à dire que dire la vérité à un autre se veut être une obligation pour chaque homme.

De plus, les relations entre individus se fondent sur la notion de confiance.

Mais comment faire confiance à quelqu’un qui peut nous mentir, sous prétexte que certaines situations le lui permettent ? Généralement, tout homme est lié au devoir, et celui de morale fait de lui un être bon .

Alors si l’on veut en être un, la vérité doit en être un principe fondamental, et son énonciation un devoir inconditionnel. Ensuite, il est nécessaire de dire la vérité pour une simple question de conscience.

La conscience est la faculté.... »