Devoir de Philosophie

Toute vérité doit-elle être nécessairement prouvée ?

Publié le 22/02/2012

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Le mot '"vérité'" vient du latin veritas, « le vrai, la réalité ». La vérité est l'accord de la pensée avec elle-même, d'un point de vue logique, ou la conformité de la pensée et de son objet, d'un point de vue métaphysique. A la question de savoir ce qu'est la vérité le philosophe Saint Thomas d'Aquin répondait qu'elle se définit comme l'accord de la pensée avec le réel, autrement-dit avec ce qui est. Pour être plus précis, il faut pourtant aussi différencier le vrai et le réel : car le réel désigne ce qui est, indépendamment de la pensée et du discours ; tandis que le vrai concerne la pensée formulée dans un discours, qu'elle soit intuitive ou pas. Cependant la pensée n'a pas toujours affaire à un objet extérieur, c'est pourquoi il est nécessaire de distinguer deux types dans la vérité rationnelle : - la vérité formelle qui consiste principalement en logique et mathématique dans l'accord de la pensée avec elle-même, abstraction faite de tout objet, mais cette vérité est vide, elle n'apporte que la forme nécessaire, la condition sine qua non. - la vérité expérimentale (plutôt que « matérielle ») qui consiste, en un accord de la pensée avec les objets physiques. La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité. Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions. La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel. On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux. La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Prouver signifie témoigner, attester la vérité ou la véracité, c'est manifester, montrer. Prouver c'est être l'indice, la preuve, le signe de, et, une preuve est ce qui sert à établir qu'une chose est vraie. Une preuve est une démonstration qui est approuvée par tous de bon sens.

« coeur, ou que l'homme est issu de l'évolution, etc. Mais si l'on a besoin de prouver les vérités expérimentales afin d'établir des lois et des théories reconnuesrationnellement par tous, et qui permettent d'agir sur le monde physique, qu'en est-il des vérités qui échappent aucontrôle de la logique et des mathématiques, ce que Pascal appelle les «vérités du coeur» ? Descartes conçoit la philosophie comme « de longues chaînes de raison » et sa méthode demeure essentiellementdémonstrative.

Même lorsqu'il s'agit de l'existence de Dieu, il parle de preuves.

Dans les Méditations métaphysiques,Descartes fournit une double preuve de l'existence de Dieu par l'idée de perfection et l'idée d'infini qui sont en nous,nous qui sommes des êtres imparfaits et limités, à la fois par le temps et par notre entendement.

Ces idées n'ont puêtre placées en nous que par un être supérieur à moi.

Mais Pascal s'opposera à la méthode cartésienne.

La vérité nerepose pas sur une méthode universelle, mais sur le respect des trois ordres de réalité que sont les corps, les espritset les coeurs.

La pensée devra se faire, selon les cas, esprit de géométrie, c'est-à-dire esprit déductif etargumentatif, démonstratif, ou esprit de finesse, c'est-à-dire capable de connaître et de voir par l'intuition.

Le dieude Pascal est « sensible au coeur », et non aux preuves cartésiennes.L'homme, pour vivre, a davantage besoin de repères existentiels que de vérités logique ou mathématiques.

L'hommea besoin d'amour, d'affection, de projet, de but.

« Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour », dit JeanCocteau, c'est-à-dire des actes.

On peut donc penser qu'entre croire et savoir, il y a la même différence qu'entreaimer et calculer, qu'entre le sentiment et la raison.

Mais il faut se méfier des croyances qui conduisent parfois aufanatisme, et colportent des préjugés dangereux (préjugés racistes ou antisémites, par exemple).

Le danger estdans ce que Platon nous avertit : le mythe de la caverne symbolise l'état d'ignorance de l'homme.

Dans la caverne,l'homme, non seulement ignore qu'il ne sait pas, mais il refuse de penser autrement.

Celui qui veut le soustraire à cemonde de préjugés, d'illusions, c'est-à-dire le philosophe, n'y arrivera que difficilement, après même une certaineviolence et insistance pour le prisonnier de ses pensée qui finit par ne penser que par lui-même et non autrement. La nécessité et l'universalité sont « les deux marques sûres d'une connaissance véritable », pense Kant.

De plus cesdeux marques ont besoin du cadre de l'expérience.

Une raison cherchant à viser la vérité en dehors de ce champrisque de se perdre, voire de déraisonner.

Pourtant, on peut considérer vrais certains jugements indémontrables,invérifiables, affirme Kant.

C'est ce qu'il appelle les «postulats de la raison pratique» : la liberté, Dieu, l'âme, etc.,idées qui seuls rendent possible l'action morale, le devoir.

Ainsi, affirmer sa liberté, c'est affirmer quelque choseindémontrable.

La liberté est toujours un postulat, une visée utopique.

Il est donc possible de penser ce qu'on nepeut pas connaître et d'y trouver une vérité.

Au risque de tendre vers un paradoxe, on peut donc dire que, pourKant, il existe une « foi rationnelle ».« Je dus donc abolir/mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » : Le fait que Kant soulignedans cette citation les deux notions « savoir » et « croyance », il nous invite à nous interroger sur la nature durapport entre ces deux notions : radicale opposition, complémentarité, exclusion.

Le savoir exclut-il la croyance ? Lacroyance exclut-elle le savoir ?Cela peut laisser entendre que Kant accorde une exclusivité à la croyance au point d'abolir, de mettre fin auxprétentions du savoir.

Cependant la pensée kantienne est plus complexe.

Qu'entend Kant par mettre de côté lesavoir ? Nous devons penser à une limitation des prétentions du savoir.

Le savoir est limité aux phénomènes,autrement dit à ce qui nous apparaît.

Kant en distinguant le phénomène de la chose en soi limite strictement lesavoir aux phénomènes qui sont soumis à une stricte causalité.

Cette limitation laisse donc une place pour lacroyance et relève de la croyance tout ce qui n'est pas à la portée de la science, en d'autres termes tout ce quin'est pas de l'ordre de la pensée scientifique.

On ne peut à proprement parler de ce qui est de l'ordre de la croyanceque négativement.

Séparer savoir et croyance s'explique dans la philosophie kantienne par le dualisme entreintelligible et phénoménal.

L'homme ne peut connaître que le phénoménal, mais il peut croire en l'intelligible.

Il n'y apas de connaissance de l'intelligible mais bel et bien une croyance en celui-ci – croyance en l'immortalité del'âme, en Dieu et en la liberté.

Kant allie dans un même mouvement dans le cadre de cette citation lucidité,rationalité et foi sans tomber ni dans le cercle de la foi enthousiaste.

Il faut bien donc distinguer les enjeux de cettecitation qui sont multiples : distinction entre savoir et croyance, leur rapport, et le rapport intelligible etphénoménal.De plus dans la sphère privée, doit-on prouver toute vérité ? L'amour, d'une mère pour son enfant par exemple, n'apas besoin d'être prouvé par des théorèmes ou des lois.

L'enfant a besoin d'actes, c'est-à-dire de soins, decaresses.

De même pour les médecins et leurs patients : il n'est pas toujours nécessaire de dire la vérité et deprouver la gravité de la maladie pour soigner.

Certains patients ne le supporteraient pas.

Mais la maladie est là, ilfaut d'abord soigner et si possible guérir.

En réalité, tout ce qui touche le domaine moral s'éprouve plus qu'il ne seprouve. L'homme ne peut ni tout prouver, ni douter de tout toujours, comme le font les sceptiques.

La vérité d'uneproposition logico-mathématique est une vérité formelle qui a besoin d'être logiquement prouvée.

La vérité matérielledes sciences expérimentales repose sur leur accord avec la réalité.

Mais il existe des vérités qui ne nécessitent pasde preuve démonstrative, ni logique ni expérimentale.

Ce sont les vérités intérieures, celles du coeur ou celles de la« foi rationnelle », sans lesquelles nous ne pourrions pas vivre.

Ces vérités manifestent que nous pouvons privilégierà la fois une connaissance intuitive qui nous permet de vivre ensemble, de donner sens à notre vie, et un savoir. »

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