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Toute vérité a-t-elle besoin d'être prouvée ?

Publié le 12/06/2012

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Cependant le texte d'Aristote cité précédemment montre que toute démonstration a des limites selon que les prémisses de départ du raisonnement qui sont plus ou moins certaines. Aristote dit qu'il y a des prémisses qui sont seulement probables. Et il y en a qui doivent être absolument certaines par elles-mêmes c'est à dire sans être démontrées. Ce qui est premier ne saurait être démontré. La difficulté est la suivante : si la démonstration se fait à partir de principes premiers considérés comme certains, d'où viennent ces principes eux-mêmes ? Ce qui est premier, assurément, ne saurait être démontré : sans quoi, comme l'a noté Aristote, il faudrait « remonter à l'infini «, on n'aurait jamais aucun principe ni fondement stable pour les sciences.  Les mathématiques procèdent démonstrativement à partir d'axiomes, de postulats, de définitions : or les noms mêmes d'axiome (du grec : « axiaô «, « je pose «) et de postulat indiquent bien que ces principes ne sont pas démontrés, mais posés à titre d'exigences initiales, de thèses considérées comme indubitables - mais d'où alors ces principes tirent-ils leur certitude ?

« prouver.

Car on voit bien que le philosophe souffre de ne pouvoir les prouver.

Et l'histoire de la philosophie montre que le philosophe peut souffrir jusqu'à enmourir puisque c'est précisément ce qui est arrivé à Socrate.

Socrate n'a pas pu prouver à ses concitoyens son innocence par le discours et la démonstrationthéorique.

Certes il a essayé de le faire, il s'est défendu comme le montre Platon dans l'apologie de Socrate.

Mais il a quand même été condamné à mort pourimpiété et corruption de la jeunesse.

Cependant dans le Phédon , Platon montre que Socrate a accepté cette condamnation avec un tel courage et une tellesérénité qu'on peut considérer qu'il a apporté par là un autre genre de preuve, la preuve par l'exemplarité de sa conduite.

On lit en effet dans le Phédon queSocrate est mort entouré de ses amis, leur expliquant calmement que cela ne sert à rien de pleurer car la mort du corps n'est pas celle de l'âme et que surtout ilvaut mieux subir l'injustice que de la commettre.

N'y a-t-il pas d'exemple plus parlant plus profond, plus convaincant de l'existence de tout ce que les discoursscientifiques ne peuvent prouver, c'est à dire de la justice, du bien de l'immortalité de l'âme et de la liberté?On ne peut s'empêcher de penser à ce propos à Kant qui reconnaît lui aussi l'intérêt de la réflexion métaphysique sur les causes premières de toutes choses,comme par exemple l'existence de Dieu ou de l'âme.

Mais il montre aussi à travers ses « antinomies de la Raison pure», que les questions métaphysiquesaboutissent à des réponses contradictoires dont chacune semble également pouvoir être démontrée : parce qu'elles portent sur des absolus, et sur des termesqui ne sauraient avoir de preuves empiriques, les propositions métaphysiques demeurent « indécidables », c'est-à-dire qu'elles peuvent être aussi bien vraiesque fausses, que l'on ne peut « décider » ultimement de leur valeur de vérité.

Ce sont donc des vérités qui ne peuvent être prouvées.

Mais elles n'en sont pasmoins des vérités parce qu'elles acquièrent un contenu en tant qu'elles donnent sens à la vie morale.

Donc bien que ne pouvant être prouvées elles ne sont paspour autant des concepts vides et sans intérêt.

En donnant sens à la vie morale les vérités de foi n'ont rien à voir avec de simples opinions subjectives etchangeantes.

Elles sont beaucoup plus profondes car elles ont pour enjeu le sens et la dignité de la vie humaine. Nous pouvons donc conclure par l'affirmative à la question de savoir si toute vérité a besoin d'être prouvée.

Toute vérité a besoin d'être prouvée à défaut dequoi elle peut être confondue avec une simple opinion illusoire et trompeuse.

L'exigence de la preuve est nécessaire pour discerner le vrai du faux.

Cependant ilfaut distinguer plusieurs sortes de preuves et plusieurs manières de raisonner selon la matière sur laquelle on réfléchit.

La manière de raisonner dans lessciences expérimentales n'est pas la même qu'en morale et en métaphysique.

Faute de faire cette distinction on risque de penser qu'il n'y a de vérité quedémontrables scientifiquement, ce qui revient à reléguer dans le domaine de l'illusion des vérités pourtant fondamentales sans lesquelles l'homme pourrait peutêtre vivre comme un animal mais non comme un homme.. »

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