Toute prise de conscience est-elle libératrice ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Pour traiter ce sujet, il faut commencer par bien comprendre ce qu’est une « prise de conscience «. L’expression suggère en effet une certaine soudaineté. La prise de conscience implique un arrachement soudain, voire brutal à un état de relative inconscience, et donc à un certain rapport au monde et au temps qu’il nous faudra définir.
Si la prise de conscience implique un changement d’état du sujet qui prend conscience, dans l’usage courant de l’expression, on dit que l’on prend conscience de quelque chose. Dans cette dissertation, il apparaît tout à fait intéressant de définir ce qu’est ce « quelque chose «. Je peux prendre conscience de mon existence, mais je peux aussi prendre conscience d’autre chose, par exemple du mal que je fais à autrui. La prise de conscience implique aussi une prise de connaissance. Connaissance de soi dans le premier cas, connaissance des conséquences de mes actions dans le second.
L’adjectif « libératrice « suggère que la prise de conscience nous ferait accéder à un niveau supérieur de liberté. Il ne s’agit pas de se demander si la prise de conscience nous libère tout à fait, mais si j’accède plus ou moins à un autre genre de liberté. Si toute prise de conscience est libératrice, cela signifie qu’il est de l’essence même de la prise de conscience d’être libératrice.
Il faut enfin définir ce qu’est la liberté. Si on la définit comme ne pas être empêché, la prise de conscience pourrait ne pas toujours être libératrice. Il faudra dans la dissertation réserver une partie à cette question du statut de liberté.
Problématisation:
Le sujet nous invite à nous demander si certaines prises de conscience pourraient ne pas être libératrices. Cela doit nous amener à distinguer plusieurs cas de prise de conscience, mais aussi à réfléchir sur ce que ces expériences diverses peuvent avoir en commun. Peut-on affirmer que toute prise de conscience est libératrice ? cette idée étant très largement acceptée, elle fait partie de la doxa, c’est-à-dire des opinions communes.
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2.
La prise de conscience nous libère en tant que prise de connaissance a) La prise de conscience pouvant arrêter le cours d'un rapport irréfléchi, elleest nécessaire également pour tout projet de connaissance.
La conscience de soi est par ailleurs dans laphilosophie de Descartes le point de départ d'un projet de connaissance du monde.
Le cogito est la premièrecertitude à laquelle il parvient à l'issu de la mise en suspension du monde extérieur et des tromperies des sens.
b) Toute prise de conscience est une prise de connaissance.
Que je prenneconscience de mon existence ou d'une réalité qui m'était inconnue, j'accède à un niveau supérieur deconnaissance.
Or, aux déterminations naturelles et sociales qui pouvaient influencer ma propre volonté,l'ignorance peut aussi restreindre ma liberté : non pas ce que je veux mais sur ce que je fais.
Par exemple, sij'accomplis un acte en vu de ce que je perçois comme mon intérêt particulier et que, pour cela, je fais du mal àautrui, la connaissance du mal d'autrui peut me faire y renoncer, ou du moins me responsabiliser.
Il fautnéanmoins bien comprendre ici qu'il ne s'agit pas seulement de savoir qu'autrui souffre de mon action, mais cequ'est la souffrance d'autrui.
c) Par ailleurs, la prise de conscience peut se situer au niveau de la perceptionde mon intérêt.
Je peux prendre conscience que ce que j'envisage comme mon intérêt n'est qu'une illusion.
Laprise de conscience est donc encore une fois une prise de distance par rapport à l'action.
3.
La prise de conscience ne peut-elle pas être un empêchement intérieur ? a) La prise de conscience nous éloigne de l'action.
Elle semble rendre possible l'apparition du sujet librequi a une volonté inconditionnée (non déterminée), et un point de vue plus large.
Plus il y a de prise deconscience, plus - semble-t-il - le sujet est libre.
b) Néanmoins, n'y a-t-il pas un excès de prise de conscience qui nous écarte de l'action ? Or, dansl'action je me forge une personnalité.
Trop de conscience finit peut-être par détruire le sujet libre connaissantet agissant.c) Si je prend conscience de tout, je ne peux plus agir, d'autant que je peux prendre conscience dechoses sur mes actions passées, et éprouver éventuellement de la mauvaise conscience.
Je risque de sombrerdans l'immobilisme et donc dans le contraire de la liberté.
La prise de conscience doit donc avoir un terme.
Conclusion Toute prise de conscience implique une rupture du sujet par rapport à l'action.
Cet arrêt répond, parailleurs, au schéma classique de l'action libre.
La liberté a besoin d'un moment d'inaction mais aussi d'un écartpar rapport à un cours de pensée habituel.
Mais, la liberté ne peut se penser en-dehors de l'action, je ne suispas libre si je n'agis pas.
La prise de conscience en tant que désengagement peut avoir un effet pervers..
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