Toute preuve qui essaie d'établir la servitude de l'homme prouve, en même temps, sa liberté, car transformant les obstacles en instruments selon la formule de Leibniz, l'homme fait servir à son usage les forces qui pèsent sur lui.
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
a) Etat de la question.
? 1) Aspects psychologique, moral, métaphysique du problème de la liberté ; 2)
distinction entre fatalisme et déterminisme ; 3) ambiguïté des preuves de la
liberté : par exemple, Kant et la troisième antinomie; Bergson : « toute
démonstration de la liberté donne raison au déterminisme » (thèse apparemment
inverse de celle que l'on doit analyser).
b) Point de vue de la thèse à examiner. ? 1) Il n'est question que de la
liberté de l'homme ; 2) liberté s'oppose ici à servitude, ce qui évoque des
harmoniques d'ordre moral autant et plus que d'ordre psychologique :
rapprochement avec les grandes doctrines morales telles que le stoïcisme et
surtout le spinozisme; 3) intention de prouver indirectement la liberté en
démontrant l'échec de l'intention adverse et le parti que l'on peut tirer de cet
échec pour l'affirmation de la liberté.
c) Intention et attitude de quiconque prétend établir la servitude de
l'homme. ? 1) La servitude est la situation d'un homme qui est ou se sent
écrasé par des forces contre lesquelles il ne peut rien. L'esclave se révolte un
moment, puis il se résigne à son état et fiait par le trouver « naturel » (Voir
Rousseau, Contrat social : l'esclave perd tout dans l'esclavage, « jusqu'au
désir d'en sortir ») ; 2) pour prouver la servitude de l'homme, il suffira donc
d'énumérer « les forces qui pèsent sur lui » : lois physiques, lois juridiques,
tempérament, habitude, etc.
d) Critique de cette attitude. ? 1) Si l'argumentation de l'adversaire
delà liberté a une valeur, celle-ci tient tout entière à l'exactitude et à la
précision des analyses où il décrit les différentes formes de la nécessité et
explique comment ces forces entravent la libre activité de l'homme ; en d'autres
termes, pour prouver la servitude de l'homme, il faut faire oeuvre scientifique ;
2) l'adversaire de la liberté offre ainsi à celui qu'il déclare esclave un moyen
de libération, car la connaissance de la nécessité est déjà par elle-même
liberté (voir l'Éthique de Spinoza) ; 3) de plus, la connaissance des
déterminismes procure à l'homme la possibilité de commander à la nature : il lui
suffit de mettre en oeuvre des déterminismes pour se libérer d'autres
déterminismes ; il n'y a d'ailleurs d'action humaine efficace qu'à cette
condition (c'est la leçon que l'on peut tirer du succès de la science et de ses
applications) ; 4) on doit donc prévoir que plus sera rigoureuse l'argumentation
déterministe, plus les chances de liberté s'accroîtront.
e) D'où vient l'erreur de
l'adversaire de la liberté ?
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