> Toute croyance est-elle contraire à la raison ?
Publié le 09/09/2018
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A. Le logos philosophique veut rompre avec le muthos
Dès ses débuts, la philosophie s'établit en privilégiant ce qui se nomme logos (la raison comme équilibre et calcul) et en contestant la valeur de vérité du muthos (discours ou parole mythique) qui régnait antérieurement : Platon accomplit un « parricide » à l'égard de Parménide, l'un des présocratiques qu'Aristote qualifiera de << balbutiants >> dans la mesure où leurs écrits paraissent ne pas respecter les principes de la « logique >>, qui n'est que l'autre nom des exigences rationnelles.
Le muthos invite à la croyance, son origine est peu situable, il se transmet
à travers les enseignements des « inspirés >> (par une divinité) que sont,
selon Platon, les devins, les prêtes ou les poètes. À l'inverse, c'est l'homme qui s'affirme responsable du logos, et qui le définit comme possibilité de dia-logue (parole échangée en quête de vérité).
Lorsque Platon fait des emprunts aux mythes (l'androgyne, Prométhée, etc.), ce n'est pas pour les transmettre tels quels, c'est pour les commenter et en extraire un noyau de sens : de la croyance antérieure, on ne conserve que ce qui est réductible par et à la raison.
Mais certaines croyances demeurent contraires à la raison
Il ne s'agit cependant pas, pour la raison, de justifier n'importe quelle
croyance, dans la mesure où certaines lui restent bien contraires. Ce sont
celles qui mènent au fanatisme, aux conflits
et à l'intolérance, c'est-à-dire celles qui ne
supportent pas d'être si peu que ce soit
discutées.
Lorsque la croyance, réellement aveugle sur sa propre nature, se transforme en tyrannie intellectuelle ou prétend imposer un comportement uniforme, la raison ne peut que la contester et la combattre avec ses moyens : examen critique, comparaison entre les opinions, recherche éventuelle d'une solution << scientifique >>. Tout le problème peut alors venir de ce que la croyance est du côté de l'urgence alors que l'exercice de la raison demande du temps et de la patience, ou du fait que la prudence de la raison et sa capacité à n'avancer que des propositions démontrées peuvent se trouver débordées par des croyances qui ne se soucient ni de la cohérence de ce qu'elles affirment ni de ce qui pourrait justifier leur prétention à posséder la vérité.
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