Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ?
Publié le 23/03/2004
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B. L'exercice du pouvoir : la répression.
Le Léviathan a donc en charge la sécurité des citoyens. Et la légitimité de son pouvoir est fondée sur cette garantie de sécurité. Pour l'assurer, le pouvoir doit être à même de contraindre et de contenir la liberté des individus. Les moyens de cette assurance peuvent bien évidemment passer par la violence - mais une violence qui, dès lors, sera d'une certaine manière légitime, puisque découlant directement du principe même de l'institution du pouvoir. Comment, en effet, faire en sorte de faire respecter le droit, si ce n'est par la menace du châtiment (l'emprisonnement par exemple)? La violence d'État comme violence pratiquée par les organes du pouvoir, à la différence de la violence de l'état de nature, est une violence qui se veut légitime, puisqu'en dernier recours elle trouve sa justification dans la volonté de mettre fin à une violence non régulée et imprévisible. Ainsi Max Weber, dans Le Savant et le Politique, affirme-t-il qu'il ne saurait y avoir de pouvoir qui ne fasse pas appel, au moins à titre de menace, à la violence: «S'il n'existait que des structures sociales dont toute violence serait absente, le concept de l'État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce que l'on appelle au sens propre l'anarchie...
- Les termes du sujet
Tout pouvoir : -> sens politique : situation détenue par un souverain, légitime ou non. -> sens général : faculté et capacité de produire un effet réel.
S'accompagne-t-il : -> idée de corrélation directe. -> idée de condition nécessaire, ou de conséquence fatale.
Violence : -> idée de force exercée contre la volonté. -> idée de destruction, de douleur.
- La violence participe-t-elle de la définition du pouvir ? La violence est-elle consubstantielle à l'idée du pouvoir ? Peut-on concevoir une politique qui ne ferait pas usage de violences ?
- Le sujet porte clairement sur la structure de la politique ; mais on pourra aussi s'interroger sur d'autres formes de pouvoir, par exemple économique. L'enjeu de la question est la légitimité du pouvoir: la violence, c'est la force ressentie comme agression, non approuvée. Si tout pouvoir s'accompagne de violence, alors aucun pouvoir n'est totalement légitime. Doit-on plutôt dire que le pouvoir est un aspect inévitable et indispensable des rapports humains et constater la violence comme une conséquence peut-être regrettable mais en tout cas inéluctable, voire souhaitable pour une « sélection des plus aptes « ?
«
Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pourprotéger ou garantir cette fin.
"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paixet la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confientleur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).
Toutes les volontés doivent être réduites àune seule volonté.
L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule etmême personne.
B.
L'exercice du pouvoir : la répression.
Le Léviathan a donc en charge la sécurité des citoyens.
Et la légitimité de son pouvoir est fondée sur cette garantiede sécurité.
Pour l'assurer, le pouvoir doit être à même de contraindre et de contenir la liberté des individus.
Lesmoyens de cette assurance peuvent bien évidemment passer par la violence - mais une violence qui, dès lors, serad'une certaine manière légitime, puisque découlant directement du principe même de l'institution du pouvoir.Comment, en effet, faire en sorte de faire respecter le droit, si ce n'est par la menace du châtiment(l'emprisonnement par exemple)? La violence d'État comme violence pratiquée par les organes du pouvoir, à ladifférence de la violence de l'état de nature, est une violence qui se veut légitime, puisqu'en dernier recours elletrouve sa justification dans la volonté de mettre fin à une violence non régulée et imprévisible.
Ainsi Max Weber,dans Le Savant et le Politique, affirme-t-il qu'il ne saurait y avoir de pouvoir qui ne fasse pas appel, au moins à titrede menace, à la violence: «S'il n'existait que des structures sociales dont toute violence serait absente, le conceptde l'État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce que l'on appelle au sens propre l'anarchie.» La violence estainsi, toujours selon Weber, le «moyen spécifique» du pouvoir pour endiguer et contenir une violence peut-être pluscruelle car l'anarchie, comme absence de tout pouvoir, constitue aussi l'assurance d'une violence non mesurée, nonmaîtrisée, voire gratuite.
Il semble ainsi que le pouvoir, comme moyen de contenir les libertés des individusdépendant de ce pouvoir, s'établisse en tant que substitution d'une violence réglementée (en ce qu'elle doit êtremesurée et pratiquée seulement par des institutions désignées à cet effet) à une violence sans borne et sansraison.
Le pouvoir se présente ainsi comme rationalisation de la violence.
C.
La prise du pouvoir: l'acte révolutionnaire.
Enfin, outre les violences que constituent la privation de liberté d'une part et la nécessité de la répression d'autrepart, il faut encore ajouter une forme de violence inhérente au pouvoir.
Tout pouvoir a une histoire, toute mise enplace d'un pouvoir est en même temps la destitution d'une autre forme de pouvoir.
C'est en cela que consiste unerévolution.
Outre la violence des faits et des événements qui ont eu cours après 1789 en France (et on pourrait icise référer à la Terreur comme moyen d'asseoir un pouvoir), il apparaît que la prise de pouvoir constitue en elle-même une forme de violence dans la mesure où elle consiste en la destruction d'un pouvoir antérieur, en la négationde la légitimité du pouvoir précédent.
La révolution, en ce qu'elle se présente comme seul moyen de changementradical de pouvoir, est le paradigme même de la violence politique.
Et même lorsqu'il s'agit d'établir un pouvoir plus juste, plus égalitaire, plus respectueux des libertés, même quand il s'agit de mettre fin à un pouvoir tyrannique etrépressif, l'accession à un nouveau régime de pouvoir s'accompagne toujours d'une certaine violence, ne serait-ceque par la négation d'une forme d'état de droit qu'elle constitue.
Transition.
Si le pouvoir est dans les faits, historiquement, toujours accompagné de violence, l'est-il en droit? C'est toute laquestion puisque l'on cherche à savoir si tout pouvoir, autrement dit tout type de pouvoir, y compris idéal, ne peuts'exercer que dans la violence.
Tant que l'on considère que le pouvoir, comme garant de la sécurité dans lesmeilleurs cas, est toujours une opposition aux volontés individuelles, il ne peut être envisagé qu'accompagné d'unecertaine violence.
Cependant, l'histoire de l'invention démocratique est aussi celle de la réduction progressive de laviolence du pouvoir.
L'idée démocratique et républicaine offre-t-elle un modèle, ne serait-ce qu'idéal, d'éliminationde la violence?.
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