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Tout le monde est-il artiste ?

Publié le 27/02/2005

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Ce n'est là qu'une de ses uvres particulières parmi tant d'autres sans nombre, et elle témoigne d'une science infinie ; aussi peut-on conclure que le savoir divin est infiniment infini.  SALVIATI : En voici un autre exemple. Ne dirons-nous pas que l'art de faire surgir d'un marbre une très belle statue a élevé le génie de Michel-Ange bien au-dessus du commun des hommes ? Or, cet art n'est que celui d'imiter une seule attitude, une seule disposition des membres, l'aspect extérieur et superficiel d'un personnage immobile. Qu'est cela en comparaison d'un homme fait par la nature, composé de tant d'organes externes et internes, de tant de muscles, de tendons, de nerfs et d'os lui permettant des mouvements si nombreux et si divers ? Mais que dire des sens, des facultés de l'âme, de l'intelligence enfin ? N'avons-nous pas raison de reconnaître que l'exécution d'une statue le cède d'infiniment loin à la formation d'un homme vivant, à celle même du plus humble ver de terre ?  SAGREDO : Quelle différence ne devons-nous pas supposer entre la colombe d'Archytas et une colombe de la nature ?   Kant ira plus loin encore en parlant du génie artistique comme d'un don de la nature.   Le terme « art » a pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age, simplement désigné la forme de la production artisanale.

La définition de l’artiste pose problème : l’artiste est-il celui qui revendique produire des œuvres d’art – peut-on affirmer ‘je suis un artiste’ ? est-il celui que les autres reconnaissent comme artiste ? Est-il simplement celui qui pratique un art ? Est-il celui qui a une certaine vision du monde, qui pourrait déboucher sur des créations artistiques sans forcément le faire ? C’est justement la difficulté de cette identification de l’artiste que ce sujet invite à prendre au sérieux : tout le monde, c’est tout un chacun, sans distinction, sans qualification particulière. Il faut déterminer si tout le monde est, de fait, artiste, ou bien si tout le monde est potentiellement artiste, ou bien si la formulation « tout le monde est artiste « n’est absolument pas pertinente dans la mesure où la capacité à être artiste est à considérer comme un don rare doublé d’un apprentissage technique difficile.

« SAGREDO : Quelle différence ne devons-nous pas supposer entre la colombe d'Archytas et une colombe de lanature ? Kant ira plus loin encore en parlant du génie artistique comme d'un don de la nature.

Le terme « art » a pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age, simplementdésigné la forme de la production artisanale.Ainsi, Platon oppose la « theôria », connaissance purement contemplative, ausavoir-faire lié à la production matérielle (« technè »).

Cette dernièreconcerne la production et se définit comme création:« Ce qui, pour quoi que ce soit, est cause de son passage de la non-existence à l'existence, est, dans tous les cas, une création; en sorte quetoutes les opérations qui sont du domaine des arts sont des créations, et quesont créateurs tous les ouvriers de ces opérations.» (« LE Banquet »).C'est pourquoi, pour Platon, les artisans sont tous poètes.

En effet, «poésie»signifie étymologiquement «faire», ce qui consiste essentiellement à faire êtrece qui n'était pas, c'est-à-dire à créer.Si la technique (ou l'art) est création, elle porte sur le contingent, c'est-à-dire sur ce qui peut aussi bien être que n'être pas.

C'est en cela que latechnique (ou l'art) s'oppose à la science.

Cette dernière porte, en effet, surdes essences idéales, c'est-à-dire éternelles et immuables.

On comprend, dèslors, que Platon, reconnaissant la fonction sociale de la technique, ne luiaccorde aucune valeur humaine.

Insensible à la beauté de l'Acropole, il nesemble voir de la beauté que dans la nature (les beaux corps des jeunesgarçons), dans la morale (les belles actions), dans les sciences(mathématiques et philosophie).C'est à partir du XVIIIE siècle que l'art se distingue aussi bien de l'artisanatque de la technique et acquiert ainsi un statut spécifique.

D'où l'apparition de l'esthétique comme théorie desbeaux-arts.

Et, dans la Critique de la faculté de juger (1791), Kant, même s'il ne prétend pas faire une théorie desobjets beaux (car, selon lui, le beau n'est pas une qualité des objets : il n'y a pas de règle du beau ni donc descience du beau), affirme qu'il n'existe pas de belles sciences, mais seulement des beaux-arts.

Il accorde même,d'une ..

certaine manière, une supériorité à l'art sur les sciences et la technique, puisqu'il considère qu'il n'y a degénie que dans les Beaux-Arts : «Les Beaux-Arts sont les arts du génie.

»Dans la civilisation artisanale, l'artiste, qu'il bâtisse et orne les lieux du culte ou qu'il décore les palais, était auservice de la religion ou des princes.

Le développement de l'industrie permet à l'art de s'émanciper.

Désormaisindépendant, l'artiste découvre qu'il ne tient pas son pouvoir de créer de Dieu, mais que celui-ci lui appartient enpropre.

C'est ce pouvoir de créer qui, d'une certaine manière, rend l'artiste égal à Dieu, qu'on appelle le génie.Application de la science, la technique repose sur une méthode scientifique précise dont toutes les démarches sonttransmissibles, renouvelables.

Même les techniques les plus complexes peuvent être décomposées, analysées dansleurs moindres détails, et réduites à des gestes simples.

Il suffit généralement de savoir ce qu'il faut faire pourréussir.

Quant à l'artisanat, il ne requiert aucune faculté d'invention ou génie particulier.

Seul l'art, qui repose sur lafantaisie créatrice de l'artiste, demande autre chose que « l'aptitude à savoir faire ce qui peut être appris d'aprèsune règle quelconque ».

Les Beaux-Arts doivent donc nécessairement « être considérés comme des arts du génie ».Que faut-il entendre par génie sinon « un talent qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règledéterminée » ? Certes, l'art, comme toute production, exige des règles, mais celles-ci ne préexistent pas à l'œuvre.Aussi le génie peut-il être défini plus précisément comme le talent naturel de « donner des règles à l'art ».

Il n'obéitdonc qu'aux règles qu'il se donne à lui-même.

Et puisque « le talent comme faculté productrice innée de l'artiste,appartient lui-même à la nature, on pourrait également s'exprimer ainsi: le génie est la disposition innée de l'esprit(ingenium) grâce à laquelle la nature donne des règles à l'art ».Sans doute doit-on trouver dans les produits de l'art « toute la ponctualité voulue dans l'accord avec les règles,d'après lesquelles seul le produit peut être ce qu'il doit être »; mais cela ne doit cependant pas être pénible« Il ne faut pas que le produit laisse transparaître la forme de l'école, c'est-à-dire qu'il porte trace apparente quel'artiste a eu la règle sous les yeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de son esprit.

» Le génie doit donner l'impression de produire avec la même facilité et spontanéité que la nature.

Cependant l'art,contrairement à la nature, a toujours « l'intention de produire quelque chose ».

Mais si la finalité est intentionnelledans les produits des Beaux-Arts, elle ne doit pas le paraître, c'est-à-dire que « l'art doit avoir l'apparence dé lanature, bien que l'on ait conscience qu'il s'agit d'art ».Le naturel dans l'art est donc le génie produisant comme la nature, sans règle préétablie.

Il s'ensuit que la premièrequalité du génie doit être l'originalité.

Comme l'absurde ou l'insensé peut aussi passer pour de l'originalité, il faut queles produits du génie « soient en même temps des modèles, c'est-à-dire qu'ils soient exemplaires ».

Le génie estdonc aussi originaire.

Autrement dit, il doit être à l'origine d'une école à laquelle il transmet les diverses règles et lesprocédés de son art.Ainsi, le génie se distingue aussi bien de la simple imitation scolaire (l'élève qui reprend le procédé d'un maître pourlui-même, indépendamment de ce qu'il exprimait dans l'œuvre et sans lui donner une nouvelle signification) que du. »

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