Tout individu n'est-il pas de bonne volonté ?
Publié le 30/08/2014
Extrait du document

L'homme de bonne volonté, lorsqu'on prend l'expression au sens plein, réalise sans doute une des figures les plus hautes de l'humanité :
n'attendant aucun bénéfice de sa conduite, il n'a pas d'autre motivation que la satisfaction de faire ce qui est en son pouvoir pour que s'affirme la dignité de l'humanité elle-même.
Autres sujets — Le devoir se réduit-il à un ensemble de contraintes sociales ? (L, 1983). — La transgression des interdits constitue-t-elle un retour au chaos ? (ES, 1983). — Sur quoi ma conscience morale fonde-t-elle sa légitimité ? (L, 1994). — Qui est autorisé à me dire : « Tu dois « ? (L, 1993). — Faire son devoir sans être heureux, est-ce toute la morale ? (S, 1996). — Faut-il savoir ce qui doit être pour bien juger de ce qui est ? (L, 1993). |

«
loi en général, et définit 1' attitude morale par excellence (cf.
première
phrase des
Fondements de la Métaphysique des mœurs).
c.
Cette volonté bonne, présente dans l'homme et déterminant sa
conduite, coupe court à toute détermination extérieure, et affirme donc
l'autonomie de la volonté : cette dernière ne respecte que la loi que le
sujet découvre en lui-même.
Ainsi, la volonté bonne est en relation avec
la liberté du sujet, puisqu'elle confirme sa capacité à échapper aux causes,
aux circonstances, au milieu empirique aussi bien
qu'à ses penchants
égoïstes.
d.
L'homme de bonne volonté ainsi compris propose un comportement
universalisable (ce qui le détermine est bien une loi).
On peut interpréter
en ce sens la parole religieuse
« Paix sur la Terre aux hommes de bonne
--volonté » : ceux qui cherchent à réaliser authentiquement le bien aident la
paix à s'instaurer dans l'humanité, parce que leur action ne peut susciter
aucune contradiction entre les hommes.
[Ill- La bonne volonté résulte d'un choix]
a.
Si l'homme de bonne volonté mérite d'être défini et analysé, c'est
parce qu'il ne va pas
~ soi : il est autre chose que l'homme normal ou
«neutre».
En effet, s'il iliste une volonté qualifiable de «bonne», c'est
qu'il peut aussi en exister une mauvaise.
b.
La bonne volonté résulte en conséquence
d'un choix initial (et Kant
souligne bien qu'en morale, il
n'y a pas d'indifférence possible : on est
soit du côté du bien, soit
du côté du mal, mais on ne peut pas bénéficier
d'un terrain neutre.
C'est même une des raisons pour lesquelles il admire
le christianisme, qui conçoit
« le Ciel, non par opposition à la Terre, mais
par opposition à l'Enfer
» ).
c.
Ce choix du bien (qui confirme la présence de la liberté) implique ainsi
une lutte constante contre tout abaissement ou solution de facilité :
l'obéissance à la loi implique le refus des tendances égoïstes, mais rien
ne garantit que ce refus puisse être définitivement acquis.
d.
La bonne volonté ne
se maintient que grâce à une tension permanente
de
la volonté dans le sens du bien.
La morale n'est pas une situation
durable, elle doit en permanence être réaffirmée.
e.
Quant à ce qui vient sanctionner un tel choix, cela ne peut aucunement
en constituer une cause déterminante, puisque
1' exercice de la bonne
volonté ne peut s'accompagner d'une promesse de bonheur.
Il ne produit
qu'un« contentement de soi-même» (cf.
sujet 31).
[Conclusion]
L'homme de bonne volonté, lorsqu'on prend l'expression au sens
plein, réalise sans doute une des figures les plus hautes de l'humanité :.
»
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