Tout choix est-il nécessairement libre ?
Publié le 27/02/2008
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Descartes fournira un exemple vivant de l'homme qui souhaite affirmer sonpouvoir de choisir, de se choisir.
De par son intention de refonderentièrement, par ses seules forces et facultés, la connaissance humainegénérale, il mit en exergue les conditions de possibilité de la liberté et duchoix humains.
Celui-ci aborde (Cf.
Méditations métaphysiques , IV ième Méditation) la notion de liberté du sujet rationnel en la nommant « librearbitre ».
Il s'agit du pouvoir de choix ou de décision propre à tout êtrehumain.
Cette faculté repose sur le rôle du jugement dans la détermination dela volonté à agir de telle manière plutôt que de telle autre.
La liberté étant,pour le Français, la puissance absolue d'affirmer et de nier, elle ne comporteni limite ni degré.
Tel est donc le libre arbitre infini de l'homme, pouvants'affirmer même contre les évidences les plus contraignantes.
Enreconnaissant cependant deux sortes de liberté (« liberté d'indifférence » et« choix éclairé »), Descartes explique en quoi la vraie liberté se comprenduniquement par le choix véritable.
En effet, la liberté d'indifférence est l'étatdans lequel se trouve une volonté qui, ne connaissant pas le vrai et le bien,ne choisit aucune voie.
Au contraire, la vraie liberté désigne le choix éclairépar cette connaissance du vrai et exclut donc l'indifférence :« Car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon,je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choixjedevrais faire et ainsi je serais entièrement libre sans jamais êtreindifférent. »(Méditations métaphysiques, IV) Mais alors, le choix est-il encore choix ? En effet, je ne semble, avec Descartes, pas libre de choisir puisque cechoix distingue l'erreur du vrai.
Si je me trompe, je ne choisis jamais librement de le faire.
L'erreur est toujours le faitd'une ignorance de la vérité.
Mais lorsque je connais cette vérité, je ne peux plus non plus feindre de l'ignorer etainsi choisir de me tromper intentionnellement ! Cette difficulté de saisie de la véritable nature de la liberté dans le cadre du choix humain fut reprise, dans le cadred'une réflexion générale sur l'existence humaine, par Sartre notamment.
Il fut l'illustre représentant ducourant« existentialiste », en France, courant qui refusait justement les dogmes et prédéterminations religieuses oumétaphysiques traditionnelles.
L'existence ne se définit pas et est irréductible à toute chose.
L'élément primordialétant la « temporalité » qui se dessine devant toute existence (Sartre reprend ici les analyses de Heidegger dansÊtre et Temps ), cela a pour effet de contredire toutes les déterminations et « essences » que l'on invoquerait. Aucune essence ne précède à l'existence, réaffirmera sans relâche l'existentialiste, l'homme n'étant pas d'abord ceciou cela :« C'est en se jetant dans le monde, en y souffrant, en y luttant, qu'il se définit peu à peu, et la définition demeuretoujours ouverte. »(Cf.
L'existentialisme est un humanisme , Action ) L'homme ne naît d'ailleurs pas tel, il le devient dans le temps.
Dès lors, on comprend que ce dépassement de soi parsoi ait pour corrélat fondamental la liberté, chez Sartre.
Mais cette liberté est lourde de sens, car toujours saisiedans sa portée négative par l'homme.
Elle se présente devant lui lorsqu'il se trouve en face d'unesituation et qu'ilcomprend qu'il doit choisir, et même se choisir devant cette situation.
La découverte de cette liberté « nécessaire »est source d'angoisse puisque l'homme comprend qu'il ne peut pas ne pas choisir.
Étant entièrement responsable deses actes, ceux-là mêmes qui le définissent, l'homme doit prendre intégralement en charge son propre destin.
Laliberté prend alors le sens d'infinie obligation de choisir et de se choisir et cette nécessité absolue est alorsstigmatisée par ce célèbre aphorisme sartrien : l'homme est « contraint à être libre », condamné à choisir et àassumer ses choix toute sa vie.
Conclusion C'est une liberté essentiellement politique que les philosophes de la Grèce antique ont conceptualisé.
Le choix est donc avant tout politique et pas nécessairement libre puisque l'esclave ne choisit pas son rang, il le subitau sein de la cité.
Le « libre arbitre » viendra définir le choix et la liberté de manière générale, commeexclusivement humains, englobant ainsi les sphères morales, métaphysiques et politiques de la penséephilosophique de la liberté. Cependant une morale existentialiste affirmera la nécessaire liberté du choix puisque l'humain est, par excellence, l'unique responsable de ses choix.
Cette faculté de choisir devient alors une nécessité positive acquisenégativement.
Elle permet d'en finir avec une mésinterprétation courante de la liberté comme « pouvoir defaire ce quel'on veut »..
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