Tous les hommes sont-ils philosophes ?
Publié le 18/05/2011
Extrait du document
Je pose le principe que tous les hommes sont philosophes, c'est-à-dire que, entre les philosophes professionnels ou " techniciens " et les autres hommes il n'y a pas de différence " qualitative " mais seulement une différence quantitative (et dans ce cas, " quantité " a une signification particulière qui ne peut pas être confondue avec une somme arithmétique puisqu'elle indique plus ou moins " d'homogénéité ", de " cohérence ", de " logique ", etc., c'est-à-dire une quantité d'éléments qualitatifs) ; toutefois, on a à voir en quoi consiste véritablement la différence. Ainsi, il ne serait pas exact de nommer " philosophie " toute tendance de la pensée, toute orientation générale, etc., ni toute " conception du monde et de la vie ". On pourrait appeler le philosophe " ouvrier qualifié " par opposition au manoeuvre, mais ceci n'est pas non plus exact, parce que, dans l'industrie, outre les manoeuvres et les ouvriers qualifiés, il y a l'ingénieur, lequel non seulement connaît le métier pratiquement, mais le connaît aussi théoriquement et historiquement.
«
considération.
L'humanité qui se reflète dans chaque individualité est composée d'éléments divers : 1) l'individu ; 2)les autres homme ; 3) la nature.
Mais les éléments 2) et 3) ne sont pas des choses simples comme cela pourparaître.
L'individu n'entre pas en rapport avec les autres hommes par juxtaposition, mais organiquement, c'est-à-dire en tant qu'il fait partie d'organismes, des plus simples aux plus complexes.
De même l'homme n'entre pas enrapport avec la nature simplement, par le fait d'être lui-même nature, mais activement, par le moyen du travail et dela technique.
Et encore ceci.
Ces rapports ne sont pas mécaniques.
Ils sont actifs et conscients, c'est-à-dire qu'ilscorrespondent à un degré d'intelligence plus grand ou moins que celui qui est dans un homme seul.
C'est pourquoi onpeut dire que chacun change, si lui-même se modifie, dans la mesure où il change et modifie tout le complexe desrapports dont il est le centre de nouement.
En ce sens, le philosophe réel est, et ne peut pas être chose que lepolitique, c'est-à-dire l'homme actif qui modifie l'environnement, l'environnement étant entendu comme l'ensembledes rapports dont chaque singulier fait partie.
Si la véritable individualité est l'ensemble de ces rapports, devenir unepersonnalité signifie acquérir la conscience de ces rapports, modifier la personnalité propre signifie modifierl'ensemble de ces rapports.
Mais ces rapports, comme on l'a dit, ne sont pas simples.
Enfin, certains de ceux-ci sontnécessaires et d'autres sont volontaires.
En outre, en avoir une conscience plus ou moins profonde (c'est-à-direconnaître plus ou moins la manière dont ils peuvent se modifier) les modifie déjà.
Les mêmes rapports nécessaires,en tant qu'ils sont connus dans leur nécessité, changent d'aspect et d'importance.
La connaissance est pouvoir, ence sens.
Mais le problème est complexe aussi par un autre aspect : il ne suffit pas de connaître l'ensemble desrapports en tant qu'ils existent à moment donné comme un système donné, mais il importe de les connaîtregénétiquement, dans leur mouvement de formation, puisque chaque individu est la synthèse non seulement desrapports existants mais aussi de l'histoire de ces rapports, c'est-à-dire qu'il est le résumé de tout le passé.
On diraitque ce que chaque individu singulier peut changer est bien peu, rapporté à ses forces.
Ce qui est vrai jusqu'à uncertain point.
Puisque l'individu singulier peut s'associer à tous ceux des autres qui veulent le même changement, etsi ce changement est rationnel, l'individu singulier peut se multiplier un nombre imposant de fois et obtenir unchangement bien plus radical que celui qui, à première vue, semblait possible.Les sociétés auxquelles un individu singulier peut participer sont très nombreuses, bien plus que cela pourraitparaître.
C'est à travers ces sociétés que l'individu singulier fait partie du genre humain.
De même, les manières sontindividu singulier entre en rapport avec la nature sont multiples, puisque, par technique, on doit entendre nonseulement l'ensemble des notions scientifiques appliquées industriellement, ainsi qu'on comprend ce mot d'habitude,mais aussi les instruments " mentaux ", la connaissance philosophique.Que l'homme ne puisse se concevoir autrement que vivant en société, c'est un lieu commun, si toutefois on n'en tirepas toutes les conséquences nécessaires et individuelles : qu'une société humaine déterminée présuppose unesociété déterminée des choses et que la société humaine soit possible seulement en tant qu'il existe une sociétédes choses, c'est aussi un lieu commun.
Il est vrai que, jusqu'à présent, à ces organismes autres qu'individuels on adonné une signification mécaniste et déterministe (aussi bien pour la societas hominum que pour la societas rerum) :de là la réaction.
Il est nécessaire d'élaborer une doctrine dans laquelle tous ces rapports sont actifs et enmouvement, en fixant bien clairement que le siège de cette activité est la conscience de l'homme singulier connaît,veut, admire, crée, en tant que, déjà, il connaît, veut, admire, crée, etc., et se conçoit non isolé, mais riche despossibilités offertes par les autres hommes et par la société des choses, dont on ne peut pas ne pas avoir unecertaine connaissance.
Sujet désiré en échange :
http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-devoir-hostile-vie-1956.html.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Voilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux; et ceux qui font sur cela les philosophes et qui croient que le monde est bien peu raisonnable de passer tout le jour à courir après un lièvre qu'ils ne voudraient pas avoir acheté, ne connaissent guère notre nature. Ce lièvre ne nous garantirait pas de la vue de la mort et des misères qui nous en détournent, mais la chasse nous en garantit.
- Il n'y a personne qui ne convienne que tous les hommes sont capables de connaître la vérité ; et les philosophes même les moins éclairés demeurent d'accord que l'homme participe à une certaine Raison qu'ils ne déterminent pas. Malebranche
- Il y a des philosophes qui tâchent de persuader aux hommes que le plaisir n'est point un bien et que la douleur n'est point un mal (Malebranche)
- Tous les hommes sont philosophes.
- SPINOZA: Comment les philosophes et les hommes politiques conçoivent la nature humaine