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Texte de Nietzsche: l'origine de la conscience

Publié le 23/11/2019

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nietzsche
Texte de Nietzsche
« Nous pourrions penser, sentir, vouloir, nous souvenir ou agir sans q u ' i l soit nécessai re
que nous ayons conscience de tout cela - quoiq u ' u n phi losophe ancien pu isse trouver
quelque chose d 'offensant dans cette idée. Pourquoi donc la conscience est-elle superfl ue ?
[ . . .] Le fait que nos actes, nos pensées, nos sentiments, nos mouvements parviennent à
notre conscience - du moins en partie - est la conséquence d ' une terrible nécessité
qui a longtemps dom iné l ' homme : étant l ' ani mal qui courait le plus de dangers, il avait
besoin d ' aide et de protection, il avait besoin de ses semblables, il était forcé de savoir
expri mer sa détresse, de savoir se rendre intell igible - et pour tout cela il l u i fal lait d ' abord
la conscience, pour savoir lui-même ce qui lui manquait, savoir quelle était sa disposition
d' esprit, savoir ce qu ' i l pensait. [ . . . ] Mais la pensée qui devient consciente n'en est que la
plus petite partie, la partie la plus médiocre et la plus superficielle - car c' est cette pensée
consciente seulement qui s' effectue en paroles, en sig nes de com munication, ce qui révèle
bien l ' origine même de la conscience. »
Nietzsche

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« 38 PH JLOSOPH IE les bons plans r-� J ..

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Tr aditionnellement, l'homme est considéré comme un être à part dans la nature, plus évolué mais surtout plus digne que tout autre anim��- C'est la conscience qu'il a d'exister qui lui conférerait un tel privilège.

Face à cette interprétation de la place de l'homme dans le monde, Nietzsche se veut méfiant et critique : dans ce texte, ce phi losophe allemand du XIXe siècle entend au contraire montrer en quoi la conscience est superflue.

Da ns une première partie de cet extrait (du déb ut du texte à «s uper flue »), Nietzsche commence par constater que nous ne pou rrions sans doute pas survivre si nous n'avions pas conscience de nos actes et de nos pensées.

Cette analyse l'amène (de « Le fait que no s act es » à « ce qu'il pens ait ») à expliquer pourquoi nous sommes des êtres doués de conscience.

Il avance alors l'idée selon laquelle celle-ci n'est en vérité qu'une partie négligeable de nous-mêmes, et que c'est sur la base de cette thèse qu'il faut rechercher l'origine de la formation, chez l'homme, de la conscience (de « Mais la pen sée» jusqu' à la fin du text e).

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Nietzsche entend remettre en cause une conception généralement admise par les hommes et par les phi loso phes .

Il y af firme que nos pensées, nos sentiments, nos sensa­ tions, nos désir s et l'ens emble de nos actes pourraient tout aussi bien exister sans que nous en ayo ns conscience.

Il s'op pose ainsi, notamment, à certains penseurs antiques et à Des cart es, ce «p hiloso phe ancien » qui prétendait que, si nous avons conscience d' existe1r nous avons ipso fa cto conscience de tout ce qui constitue notre existence, de notre essence.

En effet, pour Descartes par exemple, puisqu'avoir conscience signifie sa voir que l'on sait, il ne saurait y avoir d'ombre, d'opacité dans la conscience.

Nietzsche, critique voire provocate ur, réfute cette thèse traditionnellement admise, en envisageant au contraire que nos pensées et nos actes pourraient ne pas être conscien ts.

En ce sens, le mot conscience désigne le fait d'a voir conscience de quelque chose, c'est­ à- dire se rendre compte de la présence d'une chose hors de nous ou en nous-mêmes (nos sentiments, par exemple ).

C'est sur la base de cette hypothè se que Nietzsche va considérer que la conscience est « su perflue ».

C'est là une façon radicale de s'opposer à l'idé alisme et rejoindre, en un sens, la tradition sceptique.

Il est en effet pos sible de rapprocher cette position de celle de Hume, pour lequel l'idée du « moi », d'un sujet conscient identique et substantiel, n'est qu'une fiction créée par l'homme, mais sans réelle consistance.

Autrement dit, l'identité du sujet au cours du temps, qui est directe­ ment liée à la conscience, serait le moyen de responsa biliser les hommes, afin de pouvoir éventuellement les condamner .. »

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