texte de machiavel sur la fortune et la vertu
Publié le 18/04/2022
Extrait du document
«
Texte de Machiavel
1.
Je n'ignore pas cette croyance fort répandue :
les affaires de ce monde sont gouvernées par la fortune et par Dieu;
les hommes ne peuvent rien y changer, si grande soit leur sagesse ;
il n'existe même aucune sorte de remède ;
par conséquent il est tout à fait inutile de suer sang et eau à vouloir les corriger, et il vaut mieux
s'abandonner au sort.
2.
Opinion qui a gagné du poids en notre temps, à cause des grands bouleversements auxquels on
assiste chaque jour, et que nul n'aurait jamais pu
prévoir.
3.
Si bien qu'en y réfléchissant moi-même, il m'arrive parfois de l'accepter.
4.
Cependant, comme notre libre arbitre ne peut disparaître, j'en viens à croire que la fortune est
maîtresse de la moitié de nos actions, mais qu'elle
nous abandonne à peu près l'autre moitié.
5.
Je la vois pareille à une rivière torrentueuse qui dans sa fureur inonde les plaines, emporte les
arbres et les maisons, arrache la terre d'un côté, la
dépose de l'autre ; chacun fuit devant elle, chacun cède à son assaut, sans pouvoir dresser aucun
obstacle.
6.
Et bien que sa nature soit telle, il n'empêche que les hommes, le calme revenu, peuvent prendre
certaines dispositions, construire des digues et
des remparts; en sorte que la nouvelle crue s'évacuera par un canal ou causera des ravages
moindres.
7.
Il en est de même de la fortune :
elle fait la démonstration de sa puissance là où aucune vertu ne s'est préparée à lui résister;
elle tourne ses assauts où elle sait que nul obstacle n'a été construit pour lui tenir tête.
Machiavel, Le Prince, chapitre XXV
Introduction.
Naître.
En lieu, en une époque, dans une situation donnée.
Contraint par la nature, par
les hommes qui nous entourent, par leurs idées et leurs valeurs.
Cemé de toute part, sommé sans
cesse de lutter.
Telle est la condition humaine depuis l'origine.
Condition qui condamne les
hommes à l'effort, à la peine, à la souffrance.
Tant d'efforts, de peines et de souffrances qu'ils en
viennent souvent à renoncer, à baisser les bras.
Ils acceptent alors leur sort, s'en remettent à une
Providen incertaine et affirment que leur destin est tracé d'avance.
Ainsi naq ans doute la Tuchê
grecque, ou la Fortuna romaine, toutes deux déesses de la chance aveugle et du hasard, offrant aux
mortels, selon ses caprices, la richesse ou la pauvreté, la puissance ou la servitude.
Déesses
redoutées, contre lesquelles on ne pouvait rien.
Aujourd'hui encore, il nous arrive d'évoquer le
hasard et le destin.
Nous regrettons leur injustice, leur cruauté.
Mais ce ne sont désormais que des
mots.
L'homme moderne rejette le fatalisme de l'Antiquité.
Il croit depuis déjà quelques siècles que
son destin est entre ses mains, qu'il lui appartient de construire sa vie.
Et s'il rencontre le malheur,
l'injustice, l'imprévu, il cherchera un coupable à qui faire un procès, un homme qui méritera sa
haine ou son mépris.
Un maire, un conseiller général ou régional qui n'aura pas endigué le torrent
qui traverse son village, un médecin qui aura opéré à la légère, un ministre qui aura pris la mauvaise
décision.
Dieux et déesses ne seront plus en cause.
Le hasard et le destin sont désormais impuissants.
Les
hommes se croient responsables de leur malheur
comme de leur bonheur.
La fortune n'existe plus.]
Est-ce aussi simple cependant ? Sommes-nous vraiment les acteurs de nos vies ? Jusqu'où peut aller
notre maîtrise ? Faut-il même parler de maîtrise ? Ce sont ces questions que Machiavel aborde dans
le texte que nous devons étudier.
Et sa réponse est nuancée.
Il renvoie dos-à-dos optimistes
et pessimistes.
Nous ne sommes maîtres, dit-il, que de la moitié de nos actes.
Partie-explieative.
Avant de défendre, dans les quatre dernières phrases du texte, son propre point de.
»
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