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Texte de Foucault, L'Ordre du discours

Publié le 09/09/2018

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foucault

■ Idée centrale

 

Le commentaire (quel qu'en soit le domaine : philosophique, littéraire, scientifique, théologique) est un discours qui n'est pas entièrement libre. Cela est dû à sa position paradoxale :

 

- d'une part, il s'annonce comme nouveau, et devrait donc formuler quelque chose qui n'a pas encore été dit ;

 

- d'autre part, i doit être fidèle au texte premier et ne (re)dire autrement que ce que celui-ci disait déjà.

Texte de Foucault, L'Ordre du discours, 1971

 

Pour l’instant, je voudrais me borner à indiquer que, dans ce qu’on appelle globalement un commentaire, le décalage entre texte premier et texte second joue deux rôles qui sont solidaires. D’une part, il permet de construire (et indéfiniment) des discours nouveaux : le surplomb du texte premier, sa permanence, son statut de discours toujours réactualisable, le sens multiple ou caché dont il passe pour être détenteur, la réticence et la richesse essentielles qu’on lui prête, tout cela fonde une possibilité ouverte de parler. Mais, d’autre part, le commentaire n’a pour rôle, quelles que soient les techniques mises en œuvre, que de dire enfin ce qui était articulé silencieusement là-bas. Il doit, selon un paradoxe qu’il déplace toujours mais auquel il n'échappe jamais, dire pour la première fois ce qui cependant avait été déjà dit et répéter inlassablement ce qui pourtant n’avait jamais été dit. Le moutonnement indéfini des commentaires est travaillé de l’intérieur par le rêve d’une répétition masquée : à son horizon, il n’y a peut-être rien d’autre que ce qui était à son point de départ, la simple récitation. Le commentaire conjure le hasard du discours en lui faisant la part belle : il permet bien de dire autre chose que le texte même, mais à condition que ce soit ce texte même qui soit dit et en quelque sorte accompli. La multiplicité ouverte, l’aléa sont transférés, par le principe du commentaire, de ce qui risquerait d’être dit, sur le nombre, la forme, le masque, la circonstance de la répétition. Le nouveau n’est pas dans ce qui est dit, mais dans l’événement de son retour.

 

Michel Foucault, L'Ordre du discours, © Éditions Gallimard

foucault

« • Plan Le déca lage (la différence) entre texte premier (celui que l'on commen te) et texte seco nd (le commen taire) « joue deux rôles solida ires » : • le texte premier, en appar ence, «fonde une possibil ité ouver te de parler » ; • mai s, simu ltaném ent, cette « ouvertur e » ne désigne que l'explic itation fi nale de ce que détient(« silencieusemen t») le texte premier; • quel que soit leur nomb re, les co mmen tair es s'in sc riven t dans « le rêve d'une répétition masqué e>>; • dès lors, le has ard est interd it dans le co mmen taire, et le dis cou rs du comment ateur , prédét erminé partielle ment par le texte premier , doit sa va leur , non à du > dans son contenu, mais à l'év énemen t qu'il constitue comme > ou répé tition.

• Au brouillon • Rele ver avec soin les expres sions : - qui témo ignen t de la richesse initiale du texte à com menter; - qui mar quent les contraintes auxquelles le comm entaire doit obéir ; - qui souli gnent le par adoxe inhérent au commen taire : dire du nouveau qui soit autorisé comme répétition du texte premi er.

• Préciser la nature du « déc alage >> entre les deux textes.

• Défi nir la > du texte premi er.

• Préciser la po rtée de >, par opposition à >.

• Ouvertures possibles • Po urquoi « le hasar d du disc ours >> doit-il être conjuré ? Que peut-il avoir de dan gereux ? • Déd uire de ce texte les critèr es d'un bon commen taire : il convient de les respecter dans votre propre explic ation, qui est aussi un commen taire.

Vo us pouvez, en la faisant, souligner en quoi elle ilustre ce que dit Foucau lt.

La « simple récitation >>comme horizon et point de dépar t du commen tair e : chez Platon, le rhapsode lon se vante d'être le meilleur connaisseur pos­ sible d'Hom ère, précisément parce qu'il est le mi eux capa ble de le réciter.

La récitation intelli gente implique que le texte soit inté gr alem ent compris.. »

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