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Texte de Descartes sur le « désir de vertu ».

Publié le 04/01/2020

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descartes

L’erreur qu’on commet le plus ordinairement touchant les Désirs, est qu’on ne distingue pas assez les choses qui dépendent entièrement de nous, de celles qui n’en dépendent point. Car pour celles qui ne dépendent que de nous, c’est-à-dire de notre libre arbitre, il suffit de savoir qu’elles sont bonnes, pour ne les pouvoir désirer avec trop d’ardeur; à cause que c’est suivre la vertu que de faire les choses bonnes qui dépendent de nous, et il est certain qu’on ne saurait avoir un Désir trop ardent pour la vertu, outre que ce que nous désirons en cette feçon ne pouvant manquer de nous réussir, puisque c’est de nous seuls qu’il dépend, nous en recevons toujours toute la satisfaction que nous en avons attendue. Mais la faute qu’on a coutume de commettre en ceci, n’est jamais qu’on désire trop, c’est seulement qu’on désire trop peu. Et le souverain remède contre cela, est de se délivrer l’esprit, autant qu’il se peut, de toutes sortes d’autres Désirs moins utiles, puis de tâcher de connaître bien clairement et de considérer avec attention la bonté de ce qui est à désirer.

 

R. DESCARTES, Passions de l’âme, article 144, Garnier Classique, tome 3, 1973.

Le principe sur lequel Descartes s’appuie est issu de la doctrine stoïcienne : la distinction de ce qui dépend de nous et de ce qui ne dépend pas de nous. Lisez le début du Manuel d’Epictète. Ce qui ne dépend que de nous, ce sont nos jugements. Mais Descartes n’aboutit pas à cette impassibilité typique du stoïcien, l’ataraxie ou tranquillité de l’âme. Il valorise le désir ardent des choses qui ne dépendent que de nous, dans la mesure où elles sont bonnes.

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