Texte de Auguste COMTE
Publié le 29/10/2013
                             
                        
Extrait du document
 
                                Introduction Dans ce texte, Comte entend démontrer que « l'esprit humain peut observer directement tous les phénomènes, excepté les siens propres « ; en d'autres termes que la conscience ne saurait être immédiatement à elle-même son propre objet. C'est en effet dans mon « esprit « que tout ce qui peut bien exister se manifeste : tout phénomène n'est phénomène que pour une conscience, tout ce qui apparaît apparaît à un sujet. La conscience ou esprit est donc ce qui m'ouvre à la totalité des phénomènes, elle est en quelque sorte la scène sur laquelle le monde lui-même m'apparaît (quand je perds conscience, plus rien n'existe pour moi). Mais, précisément parce qu'il est le lieu où tout se manifeste, l'esprit ne saurait lui-même se manifester à lui-même, sans quoi on sombrerait dans une régression à l'infini.On peut cependant élever une objection bien évidente, celle précisément que Comte envisage immédiatement : je puis bien me connaître moi-même, m'observer moi-même, quand cette observation porte sur des « phénomènes moraux «, c'est-à-dire des passions. Quand je suis triste, je sais que je suis triste. Je puis même, si le coeur m'en dit, me pencher au-dedans de moi et étudier cette tristesse, me demander d'où elle vient, par quels comportements en moi elle se caractérise, ce qu'il faudrait faire pour la voir cesser. Je puis donc connaître, dans une certaine mesure du moins, mes états émotifs et les observer « objectivement «, c'est-à-dire les contempler comme s'il s'agissait d'autant d'objets distincts de moi-même. Comment alors cela est-il possible ? La raison en est simple : ce qui est observé, ce sont des humeurs, des passions, des dispositions ou tonalités émotives ; ce qui observe, c'est la partie intellective de l'esprit. Je puis bien connaître mon état affectif alors, parce que la partie de l'esprit qui observe n'est pas celle qui est observée. Cette connaissance de soi par soi a toutefois elle-même ses limites : une observation rigoureuse réclame le calme et le silence des passions ; en sorte qu'au moment même où l'émotion s'empare de moi, je ne suis pas dans une disposition d'esprit adéquate pour bien l'étudier. Celui qui veut savoir ce qu'est la colère fera mieux alors d'en observer les effets chez autrui plutôt que sur lui-même ; car enfin être en colère, c'est ne pas être en de bonnes dispositions pour connaître quoi que ce soit. Ainsi donc, l'objection nous permet de comprendre le cas plus général de la connaissance de l'esprit par lui-même : si nous pouvons (du moins dans certaines limites) observer nos dispositions émotives, c'est précisément parce que l'esprit peut alors se dédoubler entre partie observée et partie observante. Or un tel dédoublement est impossible quand il s'agit d'étudier la partie intellective de l'esprit elle-même : je puis connaître tous les phénomènes qui se manifestent à mon esprit, hormis l'esprit lui-même, car alors ce qui doit être observé et ce qui observe sont confondus, ce qui rend toute observation impossible. De là s'ensuit que « l'individu pensant&nbs...
 
                                «
                                                                                                                            dans le cogito , la pensée se saisit d'ellem	ême dans un acte intuitif et parfaitement certain. Mais  
s'il   nous   fallait   donner   raison  	
à  Comte,   encore   faudraitil   expliquer   comment   l'esprit   peut  
effectivement parvenir 	
à se conna	ître, s'il ne peut se conna	ître directement   ; et c'est tout l'enjeu  
de   la   doctrine   h	
égélienne,   selon   laquelle   la   conscience   de   soi   est   toujours   et   n	écessairement  
m	
édiate.
                                                            
                                                                                
                                                                     
I. Analyse d	
étaill	ée du texte
1. Position de la th
èse   : l'esprit humain ne peut s'	étudier luim	ême
a) L'esprit ne peut jamais se conna	
ître directement
Comte commence d'embl	
ée par affirmer sa th	èse, selon laquelle «   l'esprit humain peut observer  
directement tous  les ph	
énom	ènes,  except	é  les  siens  propres   ».  Cette   th	èse  est  «   sensible   »,  elle  
tombe sous le sens, elle a pour elle la certitude imm	
édiate d'un fait que tous et chacun peuvent  
exp	
érimenter   en   euxm	êmes   :   l'esprit   humain   peut   se   porter   sur   tout  et   penser  	à  tout,   il   peut  
observer   tous   les   ph	
énom	ènes   qui   lui   appara	îtront   jamais,   et   t	âcher   de   les   conna	ître,   par  
exemple   en   les   ramenant  	
à  des   lois.
                                                            
                                                                                
                                                                      La   seule   chose   dont   la   conscience   ne   puisse   avoir   une  
conscience imm	
édiate, c'est  ellem	ême   : ses «   propres   » ph	énom	ènes, elle  ne pourra jamais  les  
observer   «   directement   ».
                                                            
                                                                                
                                                                      Il   en   va   de   m	
ême,   analogiquement,   avec   mon   propre   regard   :  
condition de possibilit	
é de toute vision, il ne saurait jamais appara	ître luim	ême dans le champ  
visuel qu'il ouvre, sans quoi mon regard se verrait voyant, il s'inclurait luim
ême dans une mise  
en   abyme   allant  	
à  l'infini.
                                                            
                                                                                
                                                                      Je   ne   puis   jamais   regarder   directement   ou   imm	édiatement   mon  
propre regard   : pour le voir, il faudra proc	
éder de fa	çon indirecte ou m	édiate, par exemple en  
contemplant l'image de mon visage dans un miroir ou dans l'eau.
                                                            
                                                                        
                                                                     
b) La raison de cette impossibilit	
é
Le probl	
ème est au fond le m	ême   : la condition de possibilit	é de l'apparition d'un ph	énom	ène ne  
saurait appara	
ître parmi ce qu'elle conditionne. De m	ême que la vue suppose un partage entre  
ce qui voit et ce qui est vu (ce qui exclut donc que mon regard se voie luim	
ême dans son propre  
champ visuel), de m	
ême l'esprit ne saurait avoir conscience de ce qu'il fait quand il conna	ît et  
qu'il   observe   :   c'est   toujours   «   je   connais   quelque   chose   »,   «   j'observe   un   ph	
énom	ène   »,   bref,  
toute   connaissance   suppose   le   partage   entre   un   sujet   connaissant   et   un   objet   connu.
                                                            
                                                                                
                                                                      De   l	
à  il  
ressort que je ne puis me conna	
ître moim	ême, puisqu'en ce cas sujet et objet se confondent, en  
sorte qu'on peut demander, comme le fait Comte, «   par qui serait faite l'observation   »   ?
2.
                                                            
                                                                                
                                                                      R	
éfutation d'une objection   : la connaissance des 	émotions qui nous affectent
a) Nous pouvons conna	
ître nos 	états affectifs
La   th	
èse,   qui   nous   est   pr	ésent	ée   comme   une  	évidence   indubitable,   semble   pourtant   venir  
contredire les ph	
énom	ènes euxm	êmes. En effet, s'il ne saurait 	être question de dire que je puis  
à	
 tout instant lire en moi comme dans un livre ouvert, on ne saurait affirmer non plus que je  
suis  	
à  moim	ême   un   parfait  	étranger,   que   mon   propre   esprit   m'est   un   myst	ère   scell	é  de   sept  
sceaux   : j'ai bien une compr	
éhension imm	édiate et directe de mes 	états 	émotifs   ; entendons par  
l	
à non seulement que je sais que je suis en col	ère lorsque je suis en col	ère, mais aussi et surtout  
que je sais (m	
ême d'une mani	ère vague et imparfaitement d	étermin	ée) ce qu'est ma col	ère, ce  .
                                                                                                                    »
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