Texte Bergson: L'Energie spirituelle (1919), Puf Quadrige, 1999, pp. 36-37 (commentaire)
Publié le 16/02/2012
Extrait du document
Que nous dit (…) l’expérience ? Elle nous montre que la vie de l’âme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liée à la vie du corps, qu’il y a solidarité entre elles, rien de plus. Mais ce point n’a jamais été contesté par personne, et il y a loin de là à soutenir que le cérébral est l’équivalent du mental, qu’on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. Un vêtement est solidaire du clou auquel il est accroché ; il tombe si l’on arrache le clou ; il oscille si le clou remue ; il se troue, il se déchire si la tête du clou est trop pointue ; il ne s’ensuit pas que chaque détail du clou corresponde à un détail du vêtement, ni que le clou soit l’équivalent du vêtement ; encore moins s’ensuit-il que le clou et le vêtement soient la même chose. Ainsi, la conscience est incontestablement accrochée à un cerveau mais il ne résulte nullement de là que le cerveau dessine tout le détail de la conscience, ni que la conscience soit une fonction du cerveau. Tout ce que l’observation, l’expérience, et par conséquent la science nous permettent d’affirmer, c’est l’existence d’une certaine relation entre le cerveau et la conscience.
H. Bergson, L’Energie spirituelle (1919), Puf Quadrige, 1999, pp. 36-37
Un patient du professeur Broca, nommé Tan, avait la troisième circonvolution du lobe frontale gauche de son cerveau endommagé, de ce fait il était atteint d'aphasie motrice (incapacité à parler), on en a déduit une relation entre la matière (cerveau) et l'esprit, tout du moins les facultés de celle-ci. Ainsi chaque partie du cerveau correspond à une faculté, c'est l'argument des localisations cérébrales, qui d'après certains partisans du matérialisme est un argument scientifique qui démontre le matérialisme. C'est le thème du texte, la matière et l'esprit, la conscience et le corps. Peut-on donc considérer la matière et l'esprit comme deux choses distinctes ? Or tel est le problème évoqué par Bergson qui ne considère pas cela comme une thèse scientifique, d'où son rejet de cette thèse.
Bergson expose donc la thèse suivante : une thèse non démontrée, ni même déduite de l'expérience, ne peut pas se révéler comme une thèse scientifique, d'où le matérialisme n'est pas une thèse scientifique. Ainsi il l'a justifie, tout d'abord par sa thèse ou plutôt son refus du caractère scientifique de la thèse du matérialisme, qui commence à « Je reviens à ce que je disais... « jusqu'à « ... ni même suggérée par l'expérience «.
«
cause.
Ce pourquoi certains philosophes vont par la suite affirmer que les localisations démontrent que l'esprit n'est que dela matière et donc que le matérialisme est une thèse scientifique démontrée par la science.
Or le matérialisme qui prétendse réclamer de la science n'a jamais démontré sa thèse, la simple étude du cerveau démontre la relation entre le cerveau etl'esprit, donc le matérialisme va outre ce que l'expérience affirme, et n'est qu'une simple thèse philosophique.
Par la suite, Bergson continue son argumentation en exposant un exemple, tiré de « l'expérience » (l.3).
De partl'interrogation « Que nous dit l'expérience ? » (l.3), l'auteur joue sur les deux sens du mot expérience, il y a tout d'abordl'expérience au sens scientifique, plus couramment appelé l'expérimentation, et l'expérience au sens quotidiens, c'est-à-direce que nous pensons spontanément.
Or d'après le texte, l'expérience ne suggère pas le caractère scientifique de la thèse dumatérialisme.
En effet on ne peut pas « lire dans un cerveau tout ce qui se passe dans la conscience correspondante » (l.7).
Ceque l'on voit spontanément, ce « que nous dit l'expérience », l'expérience courante c'est que nous avons besoins d'un corpspour penser.
En effet l'auteur expose brièvement mais clairement le lien : « liée » (l.4) et la « solidarité » (l.5) entre « la viede la conscience » et celle du corps.
« Mais » (l.5) l'auteur exprime bien qu'il n'y a pas de doute sur cette relation, cependant ilréfute le caractère scientifique de « l'équivalence du corps et du mental ».
Puis l'auteur expose son exemple, pour exprimerce lien fort entre la vie de la conscience et du corps.
Il prend pour exemple, un clou : qui représente le cerveau, et unmanteau qui symbolise l'esprit.
Ainsi il met en évidence la relation entre la matière et l'esprit, l'esprit « est solidaire » (l.8) du cerveau (de la matière), mais en aucun cas que le clou et le manteau sont la même chose.
En effet, Bergson invoque l'expérience pour justifier la distinction qui peut être faite entre « l'âme » (l.3) et le corps, etcertes la seule expérience que nous éprouvons est celle de l'union de cette âme et ce corps, nous ne ressentons jamais notreconscience séparée de notre corps.
De plus on peut penser que l'esprit est plus vaste que son support c'est-à-dire que lecerveau.
En effet lorsque Bergson dit que d'après le matérialisme « on pourrait lire dans un cerveau tout ce qui se passe dansla matière correspondante » (l.7), c'est utopique et faux.
On peut pense que l'on pourrait observer un cerveau en plaineactivité, par exemple on remarque que la zone de l'imagination est active, c'est la seule constatation que l'on pourra faire.Puis que nous sommes incapable de savoir ce que la personne imagine, juste qu'elle est en train d'imaginer, or il y a unemultitude d'images possible, ainsi on ne peut pas réduire l'esprit à la matière.
Le matérialisme est donc trop réducteur.
Enfin Bergson expose les conséquences, il introduit cette dernière partie par « ainsi » (l.12), ce qui marque bienl'arrivée d'une conclusion, une conséquence, ou un résumé.
Comme l'indique l'auteur, par le terme « incontestablement »(l.13) on ne peut pas remettre en cause le fait que « la conscience est accrochée à un cerveau » (l.13).
Cependant fasse à cetteaffirmation l'auteur ne dit pas que la conscience se limite au cerveau, ou que le cerveau a pour seul fonction la conscience.
En effet, la relation entre cerveau et esprit est indiscutable, puisque l'expérience l'a confirmé, car ce qui arrive à moncorps peut engendrer des effets sur mon esprit, d'où cette réelle relation.
Et inversement, mon esprit peut-être affecté etcela se dévoile sur mon corps.
Par exemple je bois de l'alcool, et mon esprit devient confus, je ne suis plus en pleinepossession de mes moyens, ou je suis triste ce qui se traduit par des larmes.
Pour conclure Bergson est contre le caractère scientifique de la thèse du matérialisme, mais il exprime le réel lien quiexiste entre le cerveau et l'esprit.
Un lien certes présent mais qui ne permet pas de réduire l'esprit à de la matière.
Cependant on ne peut pas complètement réfuter, l'argument des localisations cérébrales, qui expose une relationentre les facultés de l'esprit et les zones du cerveau, tout comme certains phénomènes physiques qui interviennent surl'esprit, c'est scientifiquement prouvé.
On doit donc admettre certaines limites à la thèse de Bergson.
Document demandé:http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-1626.html.
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