Tant que nous aurons le corps associé à la raison - Platon
Publié le 14/03/2019
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C'est en fait à un véritable travail d'ascèse que nous convie Platon à travers ce réquisitoire contre le corps. Sans doute ne pouvons-nous éviter de lire ce texte avec beaucoup de distance ; mais on ne peut être que frappé par la proximité de ce texte et de différents mysticismes ou une doctrine aujourd'hui aussi prisée que le bouddhisme, qui invite également à discipliner et à dompter le corps, siège de la douleur qui nous empêche d'accéder à la sérénité parfaite. La leçon à retenir de ce texte est que la philosophie ne peut se pratiquer sans une certaine expérience du silence et de l'ascèse spirituelle -à condition, mais c'est un autre débat, d'admettre que l'objet de la philosophie est la contemplation ou la méditation de l'absolu.
Tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l'objet de nos désirs, c'est la vérité. Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir; qu'avec cela des maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse au réel. Il nous remplit d'amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d'innombrables sottises, si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser. Guerres, dissensions, batailles, c'est le corps seul et ses appétits qui en sont cause ; car on ne fait la guerre que pour amasser des richesses et nous sommes forcés d'en amasser à cause du corps, dont le service nous tient en esclavage. La conséquence de tout cela, c'est que nous n'avons pas de loisir à consacrer à la philosophie. Mais le pire de tout, c'est que, même s'il nous laisse quelque loisir et que nous nous mettions à examiner quelque chose, il intervient sans cesse dans nos recherches, y jette le trouble et la confusion et nous paralyse au point qu'il nous rend incapables de discerner la vérité.
PLATON
«
violent réquisitoire
de Platon contre le corps ne peut nous
par aître naturel.
Aussi est-il important, sans pour autant se lan
cer tête baissée dans une contre-atta que non moins virulente,
de ne pas feindre d'être en parf ait accord avec Pla
ton.
Il ne faut pas craindre, sous prétexte que Plato n est un
«g rand philosophe », de marquer sa surprise :le décalage entre
le texte et nos cond itions actuelles de réception peut fournir une
très bonne perspective pour une approche problématique et
une réelle discussion.
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REP ERER LE MOU VEMENT DU TEXTE
Pla ton pose d'emblée le problème : le corps nous entrave dans
la recherche de la vérité.
Il explicite ensuite les maux qui vien
nent du corps :souci de la nour riture, maladies, passions.// élar
git ensuite le champ de son réquisitoire en évoquant la guerre,
produite par les maux qu'il vient d'évoquer .
// tire enfin la double
conséquence de cet« esclav age» : soit nous n'avons pas le loi
sir de philosopher, soit nous philosophons mal car le corps fausse
notre réffexion.
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ANAL YSER LES CONC EPTS
« l'objet de nos désirs, c'est la vérité » :la vérité ici envisagée
ne désign e pas des propositions vraies à propos de telle ou telle
chose, comme par exemple des « vérités scientifi ques ».
Platon
expliq ue souvent que le but du philosophe est de contempler
les « Idées » elles-m êmes, formes pures de toute réalité ter
restre.
«notre chasse au réel » :c 'est peut -être l'expression qui risque
le plus de prêter à contresens.
Le « réel » ici n'est pas la réa
lité physiq ue mais désigne ég alement les Idées, plus réelles que
not re réalité qui n'en est qu'un pâle reffet On peut se référer
ici à l'allégo rie de la caverne :notre monde est comparé aux
ombres dessinées sur le mur .
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BIBL IOGR APHIE
PLATON, Ménon; Phédon; Théétète ; Le Banquet, Garnier-Flammarion..
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