Sur quoi peut se fonder la certitude d'avoir raison ?
Publié le 10/12/2009
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... il semble que, contrairement à ce que nous pensons au premier abord, nous ne puissions acquérir la certitude d'avoir raison ni par l'évidence, ni par la déduction -formelle- ou la vérité matérielle. Ceci nous amène à douter du fait que nous puissions être certain de quoi que ce soit. Cependant, il ne faut pas que ce doute soit subi et définitif, nous plongeant dans le désespoir, mais bien au contraire, il faut s'en servir pour rechercher la vérité. Ainsi la méthode cartésienne paraît excellente, puisque dès lors que nous sommes certains d'exister, nous pouvons de nouveau appliquer la rigoureuse démonstration pour en déduire d'autres vérités. Le postulat de départ qui est le cogito est vérifié ; c'est à partir de ce postulat que nous pourrons établir d'autres vérités et fonder la certitude que nous avons raison.
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La démonstration repose sur la logique, discipline qui établit les règles du raisonnement correct, ainsi que sur lesystème à l'intérieur duquel on travaille ; par exemple, si j'admets les postulats d'Euclide, alors la somme des anglesd'un triangle vaut 180°, mais si je me place par contre dans les géométries non euclidiennes, comme celle de Riemann,cette proposition n'est pas vraie.
La démonstration est formelle, elle n'est vraie que par rapport au système logiquedans lequel elle prend place : la vérité caractérise non seulement le réel, mais aussi d'une part l'adéquation entre l'idéeet la chose, la pensée et ce qui est - on parle alors de vérité matérielle - ou encore l'accord de la pensée avec elle-même - on parle en ce sens de vérité formelle.
La démonstration, écrit Leibniz, est "un raisonnement par lequel uneproposition devient certaine"; dans ce cas, au bout de ce raisonnement, nous devrions acquérir la certitude que notreaffirmation est vraie.
Cependant, pour démontrer que tout triangle a la somme de ses angles égale à 180°, on se basesur les postulats d'Euclide.
Ceux-ci n'ayant jamais fait l'objet d'une démonstration, comment savoir si l'on ne se fondepas sur des erreurs ?
La vérité expérimentale peut sembler plus satisfaisante.
Elle représente en effet un moyen simple pour vérifierla véracité d'une théorie.
Si l'on pose une théorie quelconque qui prévoit des conséquences et si ces conséquencessont réalisées, alors la théorie peut et doit être jugée fiable et digne de confiance puisqu'elle n'a pas été infirmée.Encore plus simple : si j'énonce la proposition "il pleut en ce moment", je suis certain d'être dans le vrai puisque je voisla pluie tomber, je suis mouillé, j'entends les gouttes qui frappent les objets environnants.
Mais ainsi que le souligneKant, si toute vérité commence avec l'expérience, la vérité ne vient pas de l'expérience.
Si d'une hypothèse posée jetire une conséquence, et que je vérifie cette conséquence, je ne suis pas dans le vrai pour autant.
En effet, si laconséquence est vérifiée, cela ne prouve pas de façon absolue que mon hypothèse est vraie puisque cetteconséquence vérifiée pouvait fort bien être compatible avec d'autres hypothèses.
Finalement, il semble que la démonstration n'est pas un critère de vérité entièrement satisfaisant puisqu'enremontant les "longues chaînes de raison" de Descartes, les liens logiques entre idées et raisonnements, on parvienttoujours à une idée non démontrée mais admise, une intuition.
De même, la vérité expérimentale se révèle peusatisfaisante.
Alors peut-on être certain de quoi que ce soit ? Peut-on avoir raison ? N'est-on pas toujours dans ledoute?
Aucun des moyens à notre disposition ne semble pouvoir constituer une base solide sur laquelle construirenotre certitude d'être dans le vrai ; on peut alors tomber dans le désespoir et se demander s'il n'est pas impossiblepour l'esprit humain d'atteindre avec certitude une vérité.
C'est la thèse que soutiennent les sceptiques pyrrhoniens,se fondant sur des arguments convaincants et en premier lieu la contradiction des opinions.
Si les hommes professentles opinions les plus contradictoires, alors peut-être est-il impossible d'accéder à la vérité une et universelle.
Demême, ainsi que nous l'avons vu, nous acceptons toujours sans démonstration un postulat de départ, donc les véritésque nous en tirons sont relatives! Sans compter l'existence du diallèle, le fait de démontrer les unes par les autres despropositions dont aucune n'est connue.
Il n'y a pas de vérité objective pour les sceptiques, mais seulement desopinions subjectives qui diffèrent ; ainsi, Pascal disait "vérité en-deçà, erreur au-delà" : d'une ville à une autre, d'unhomme à un autre, chacun a son opinion.
On ne peut donc posséder la certitude d'être dans le vrai, puisque le vraiest subjectif.
Mais ce doute semble négatif car il est vécu, subi, passif donc, et définitif, condamnant l'homme à ne jamaisconnaître la vérité, inaccessible.
Ne peut-on utiliser ce doute comme une méthode afin de rechercher l'indubitable ?Sans aucun doute, il faut suivre l'exemple de Descartes.
Il commence ses Méditations par l'exercice d'un doute absolu, rejetant le témoignage des sens puisque notre existence pourrait être un rêve et reniant même les véritésmathématiques.
Il tombe dans le solipsisme : il se pourrait, dit-il, qu'un malin génie s'amuse à le tromper ; mais il nepeut douter du fait qu'il pense ; or pour penser, il faut être ; s'il pense, c'est donc qu'il est.
Voilà la première vérité :"cogito ergo sum", "je pense donc je suis" et à partir de celle là, toutes les autres vérités vont pouvoir se construire.On est ici en présence d'un doute méthodique qui vise à rechercher le vrai en se délivrant de tout préjugé et de toutepensée pour révéler l'esprit.
C'est un doute choisi, volontaire, qui sera temporaire puisque l'on s'aperçoitimmédiatement que l'on peut douter de tout sauf de son existence.
En conclusion, il semble que, contrairement à ce que nous pensons au premier abord, nous ne puissionsacquérir la certitude d'avoir raison ni par l'évidence, ni par la déduction -formelle- ou la vérité matérielle.
Ceci nousamène à douter du fait que nous puissions être certain de quoi que ce soit.
Cependant, il ne faut pas que ce doutesoit subi et définitif, nous plongeant dans le désespoir, mais bien au contraire, il faut s'en servir pour rechercher la.
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