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Sur quoi peut se fonder la certitude d'avoir raison ?

Publié le 14/04/2005

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On voit que ces normes du jugement raisonnable vont contre la certitude d'avoir raison, elles proposent plutôt d'exposer toute certitude au dialogue pour se mettre en accord avec les autres. II : La certitude peut elle s'accorder avec la raison ? 1) La certitude est la marque d'un conditionnement, elle semble contraire à la raison. La certitude est un sentiment, elle exprime le fond irrationnel de la subjectivité. La certitude est guidée par notre inconscient, par des raisons affectives, sentimentales, sociales... 2) La certitude d'avoir raison est l'expression violente de soi. C'est la certitude qui se sent dans son droit, qui se sent justifiée. Étant sure de soi, elle n'écoutera pas la contradiction, elle sera fermée au dialogue. On peut reprendre ici la distinction que fait Spinoza entre un affect et un concept : l'affect est aveugle, il est dans le corps, le concept est dans la pensée, on peut dire que la certitude est un affect tandis que la raison est le terrain des concepts. 3) La certitude peut cependant s'imposer, comme dans une opération mathématique.

Introduction :

 

« Avoir raison «, c’est être du côté de la vérité, de ce qui s’impose de l’extérieur, la certitude en revanche est un sentiment intime. Un fou peut être convaincu d’avoir raison par ce qu’il croit voir des chimères s’imposer à lui de l’extérieur alors qu’il est en train de les imaginer.

Nous ne pouvons pas faire l’économie de notre subjectivité et de la distorsion qu’elle produit de la réalité, pour avoir raison, nous devons donc nous méfier des certitudes que nous avons.

Il nous faut essayer d’avoir un jugement juste et impartial sur les choses.

La certitude semble au contraire être toujours partiale en tant qu’elle est liée à notre subjectivité.

 

Problématique :

 Avoir raison c’est émettre un jugement juste, impartial, cependant, la certitude d’avoir raison semble forcément partiale.

« L'expression "avoir raison" est omniprésente dans le langage quotidien : chacun affirme, lorsqu'il tient un propos, qu'il"a raison", c'est-à-dire qu'il est dans le vrai.

Se pose alors le problème de la vérité et de son fondement : qu'est - cequi nous permet d'affirmer que ce que nous tenons pour certain est véritable ? Il faut bien sûr définir avant tout lacertitude ; plus que l'adhésion invincible de notre esprit à la proposition que nous affirmons, c'est la réalité prouvéed'une chose telle qu'elle ne peut qu'emporter l'adhésion entière de l'esprit qui se la représente.

L'adjectif certainqualifie la vérité et l'évidence rationnelle d'une proposition.

Poser la question du fondement revient à se défier de notreadhésion immédiate à ce que nous tenons pour vrai.

Et si nous nous trompions ? A première vue, cette interrogation peut sembler anodine.

La vérité semble, à bien des égards, s'imposer à nous parson évidence.

Ainsi, il ne viendrait à personne l'idée de contester l'évidence de l'expérience commune, que ce soit lefait qu'il mourra un jour ou que 2 et 2 font 4 ! Il faudrait toutefois se demander si cette évidence est aussiincontestable qu'elle semble l'être dans tous les domaines.

Ce qui nous paraît évident est-il vrai pour autant ?L'évidence est-t-elle source première de vérité ou au contraire source de confusion et d'illusion? Si l'évidence n'apparaît pas satisfaisante comme critère absolu de certitude en ce qui concerne la vérité, il faudra faireappel à d'autres procédés, en complément ou en substitution.

La démonstration d'un résultat n'emporte-t-elle pasl'adhésion de chacun ? De même, la vérification expérimentale d'une théorie semble la confirmer.

Cependant, cesprocédés ne peuvent-ils être remis en question ? Dans ce cas, peut-on être certain de quoi que ce soit ? Nos concepts les plus fondamentaux peuvent être sujets audoute, y compris notre existence.

Faut-il faire de ce doute une fatalité ou au contraire l'accepter et s'en servir commed'un instrument méthodique afin de reconstruire l'édifice du savoir ? Si tout est incertain, plus rien n'a de sens ; il estdonc essentiel de mettre à jour les fondements de la certitude que nous avons d'avoir raison. Sur quoi est-il possible de se baser pour affirmer que l'on a raison ? Comment reconnaître le jugement vrai ? Laréponse la plus simple semble être que la vérité se manifeste par son évidence.

Une idée, une connaissance, unenotion claire et distincte, c'est - à - dire de telle sorte qu'on ne peut mettre en doute sa réalité ou sa valeur, estvraie.

Point n'est besoin d'aller plus loin pour fonder sa certitude.

Spinoza étaye cette thèse dans l'Ethique en déclarant : "La vérité est à elle - même son propre signe (verum index sui)", c'est - à - dire qu'elle est à elle - mêmesa preuve ; elle est autosuffisante puisqu'on la reconnaît lorsqu'on la voit.

Spinoza insiste sur cette idée, allant jusqu'àcomparer la vérité à "la lumière [qui] se montre d'elle - même.

De même, Descartes écrit dans le Discours de la Méthode : "je jugeais que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies.", reprenant cette idée que le jugement vrai se reconnaît à ses caractèresintrinsèques.

On peut donc penser que la certitude d'avoir raison peut se fonder sur l'évidence, connaissance intuitive,qui permet donc de saisir le vrai de manière immédiate et objective.

On peut prendre pour exemple les axiomesmathématiques, connus par intuition comme des vérités évidentes et ne nécessitant aucune démonstration. Cependant, cette conception de la vérité présente un danger non négligeable qui est celui du critère de l'évidence.Vouloir fonder la vérité sur l'intuition ne nous expose-t-il pas au risque du subjectivisme ? Bien des choses paraissentévidentes et pourtant sont fausses ; ainsi, qui n'a pas été abusé par le bâton plongé dans l'eau qui semble brisé ? LeSoleil qui se couche semble assez petit pour être dissimulé par une montagne ; pourtant, son rayon représente plus decent fois celui de la Terre.

L'impression de certitude n'est donc pas suffisante pour caractériser le vrai ; Descartesreconnaît "qu'il y a quelque difficulté à bien remarquer quelles sont [les idées] que nous concevons distinctement"(Discours de la Méthode ).

Les témoignages de nos sens peuvent nous induire en erreur, mais ils ne sont pas seuls. Nous sommes induits à croire aveuglément bon nombre de choses qui nous sont familières ; ainsi les préjugés et lestraditions nous aveuglent et sont le plus souvent, non seulement source d'erreur et d'illusion, mais également seprésentent comme un obstacle aux idées nouvelles qu'il nous faudrait examiner. Le sentiment d'évidence, malgré l'impression qu'il donne au premier abord, ne peut fournir un fondement objectif à lavérité car il représente une donnée subjective, psychologique ; il nous faut donc trouver un moyen plus sûr de fondernotre certitude d'être dans le vrai. Puisque la connaissance intuitive ne semble pas suffisante pour être certain de ce que nous affirmons, tournons-nous. »

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