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Sur quelles raisons pouvons-nous nous appuyer pour admettre l'existence d'un inconscient ?

Publié le 02/01/2004

Extrait du document

  • Problématique:

La question pourrait apparaître non problématique; il suffirait d'énumérer simplement les indices qui peuvent faire soupçonner que le psychisme ne se réduit pas au conscient. Freud le fait au début du chapitre de la Métapsychologie consacré à l'inconscient. Mais, en fait, le problème réside dans la nécessité de trouver à l'intérieur de la conscience (sinon, où les trouverait-on ?) ces indices de sa propre "insuffisance".

  • Remarque

La formulation de la question présente un danger pour les candidats : celui d'établir un catalogue des manifestations de l'inconscient. En réalité, le sujet appelle une réflexion plus approfondie sur son caractère spécifique, en particulier sur son mode d'existence supposé et les contradictions qu'il implique.

 

• Historiquement, la théorie psychanalytique a bouleversé les conceptions de l'appareil psychique, en formulant l'hypothèse de l'existence de l'inconscient comme instance autonome. Pendant plusieurs siècles, la conscience a paru le seul état possible de la pensée. La philosophie cartésienne, en particulier, a contribué à imposer l'idée que « rien ne peut être en moi (...) dont je n'aie conscience. « De même, la psychologie, à ses débuts, s'appuie sur l'observation intérieure par le sujet lui-même : connaissance directe par retour et réflexion sur soi. Quels sont alors les facteurs qui ont conduit à modifier ces théories et à supposer l'existence de l'inconscient ?

 

1 - L'inconscient comme hypothèse nécessaire

2 - L'inconscient comme hypothèse explicative

  

« mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme quiy réponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme etdans le corps, destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notreattention et notre mémoire, attachées à des objets plus occupants.

Car toute attention demande dela mémoire, et souvent quand nous ne sommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendregarde, à quelques-unes de nos propres perceptions présentes, nous les laissons passer sans réflexionet même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertit incontinent après et nous faitremarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenons et nous nousapercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).

Et pour juger encore mieux des petitesperceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple dumugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.

Pour entendre ce bruitcomme l'on fait, il faut bien qu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruitsde chaque vague, quoique chacun de ces petits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblageconfus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans ce mugissement même, et ne se remarqueraitpas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain c) L'hypothèse freudienneLa genèse de la théorie freudienne montre clairement que l'hypothèse de l'inconscient trouve son origine dansl'incapacité pratique de lamédecine à soigner certains troubles nerveux.

Le traitement sous hypnose conduit Freud à mettre en évidence desprocessus inconscients : le patient est capable d'évoquer, en état hypnotique, des faits dont il n'a pas de souvenirconscient, et cette réminiscence fait disparaître provisoirement les troubles constatés.La modification de la méthode freudienne, par le recours aux associations d'idées, ne change pas fondamentalementla démarche : elle a toujours pour but le retour à la conscience des éléments oubliés, et la disparition corrélativedes troubles qu'ils occasionnent.

La raison de postuler l'existence d'un inconscient est donc pratique : elle résulted'une expérience thérapeutique.

Elle seule peut rendre compte des faits observés et les expliquer.

L'inconscient estun postulat qui a pour fonction de rendre intelligibles "fies comportements qui ne le seraient pas sans cela.

Il est uneexigence théorique qui apparaît dans le champ de la réflexion de la psychologie, pour coordonner des phénomènesobservables et leur fournir un principe explicatif. 2 - L'inconscient comme hypothèse explicative a) Le refoulementLa conception de Freud apporte une innovation d'importance : l'inconscient n'est pas dans un rapport de continuitéavec les autres états de la pensée.

La théorie distingue soigneusement ce qui est préconscient, et peut êtrerappelé à la mémoire sans difficulté, et l'inconscient sur lequel l'activité mémorisante n'a pas de prise.

C'est que,pour Freud, l'inconscient est avant tout le produit du refoulement, c'est-à-dire le refus que le psychisme de l'individuoppose à un certain nombre de tendances et de pulsions.

L'inconscient est en effet constitué d'élémentsinavouables, rejetés par la conscience.

Il ne peut donc se manifester au grand jour.

Son mode d'existence estsouterrain : il est, mais ne paraît pas, forme spécifique qui explique qu'il soit ignoré ou contesté, puisqu'il estimplicite, toujours occulté.

Refoulement, résistance à l'explicitation de son contenu, sont deux caractéristiques del'inconscient freudien.

Ils sont constitutifs de sa structure, et permettent d'expliquer son fonctionnement particulier. b) Le symptômeL'inconscient resterait à jamais inconnaissable s'il ne se manifestait pas sousune forme ou sous une autre.

Bien qu'il soit refoulé, refusé, il parvientcependant à s'exprimer, mais masqué, travesti.

Repérable par des indices, les« trous » qu'il produit dans la conscience sous forme de manifestationsaberrantes (lapsus, actes manques, rêves, troubles nerveux), l'inconscient nepeut être saisi qu'à travers des symptômes.

Le discours qu'il tient est sanscesse à décrypter, derrière ses formes manifestes, qui sont autant detravestissements.

Le statut de l'inconscient est donc ambigu : il est décelableà des traces qu'il laisse, mais se défait dès qu'il est explicitement cerné.Cependant, découvrir le symptôme et mettre à jour le contenu refoulé nerevient pas à supprimer l'inconscient.

Ce dernier reste hors d'atteinte, ladésagrégation de l'une de ses formations ne le détruit pas.

Elle ne fait quecombler un vide, sans permettre de rétablir la continuité. c) La méconnaissancePlus fondamentalement, l'inconscient freudien doit être postulé pour donner àl'ensemble des phénomènes psychiques leur cohérence.

Or, la théoriefreudienne repose sur l'idée que la conscience est dans un rapport deméconnaissance avec le reste de l'appareil psychique.

Alors quetraditionnellement on lui attribue le plus haut degré de lucidité et decompréhension à l'égard des phénomènes qui l'environnent, la psychanalyse laconsidère au contraire comme le lieu d'inscription du leurre, et de l'illusion.

En faisant de la conscience unemanifestation parmi d'autres, et soumise, en fin de compte, à des influences qu'elle ne contrôle pas, Freud opère un. »

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