Sur quelles raisons pouvons-nous nous appuyer pour admettre l'existence de l'inconscient?
Publié le 21/01/2005
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c) La méconnaissance
Plus fondamentalement, l'inconscient freudien doit être postulé pour donner à l'ensemble des phénomènes psychiques leur cohérence. Or, la théorie freudienne repose sur l'idée que la conscience est dans un rapport de méconnaissance avec le reste de l'appareil psychique. Alors que traditionnellement on lui attribue le plus haut degré de lucidité et de compréhension à l'égard des phénomènes qui l'environnent, la psychanalyse la considère au contraire comme le lieu d'inscription du leurre, et de l'illusion. En faisant de la conscience une manifestation parmi d'autres, et soumise, en fin de compte, à des influences qu'elle ne contrôle pas, Freud opère un renversement de perspective très important. Aujourd'hui, les sciences humaines, en mettant en valeur les déterminations inconscientes qui influent sur le comportement des individus, ont renforcé cette conception des rapports de la conscience à l'ensemble de l'appareil psychique. Conclusion Les raisons qui incitent à postuler l'existence de l'inconscient résultent des lacunes constatées dans le domaine de la conscience, et de l'éclairage apporté par cette hypothèse. D'autre part, l'inconscient offre à l'analyse un certain nombre d'expérimentations possibles, qui justifient sa formulation comme concept. C'est la cohérence théorique qui autorise à supposer son existence.
La question pourrait apparaître non problématique; il suffirait d'énumérer simplement les indices qui peuvent faire soupçonner que le psychisme ne se réduit pas au conscient. Freud le fait au début du chapitre de la Métapsychologie consacré à l'inconscient. Mais, en fait, le problème réside dans la nécessité de trouver à l'intérieur de la conscience (sinon, où les trouverait-on ?) ces indices de sa propre "insuffisance".
- Remarque
La formulation de la question présente un danger pour les candidats : celui d'établir un catalogue des manifestations de l'inconscient. En réalité, le sujet appelle une réflexion plus approfondie sur son caractère spécifique, en particulier sur son mode d'existence supposé et les contradictions qu'il implique.
«
pas que ce mouvement ne frappe toujours nos organes, et qu'il ne se passe encore quelque chose dans l'âme qui yréponde, à cause de l'harmonie de l'âme et du corps, mais ces impressions qui sont dans l'âme et dans le corps,destituées des attraits de la nouveauté, ne sont pas assez fortes pour s'attirer notre attention et notre mémoire,attachées à des objets plus occupants.
Car toute attention demande de la mémoire, et souvent quand nous nesommes plus admonestés pour ainsi dire et avertis de prendre garde, à quelques-unes de nos propres perceptionsprésentes, nous les laissons passer sans réflexion et même sans être remarquées ; mais si quelqu'un nous en avertitincontinent après et nous fait remarquer par exemple, quelque bruit qu'on vient d'entendre, nous nous en souvenonset nous nous apercevons d'en avoir eu tantôt quelque sentiment (...).
Et pour juger encore mieux des petitesperceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j'ai coutume de me servir de l'exemple du mugissement oudu bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.
Pour entendre ce bruit comme l'on fait, il faut bienqu'on entende les parties qui composent ce tout, c'est-à-dire les bruits de chaque vague, quoique chacun de cespetits bruits ne se fasse connaître que dans l'assemblage confus de tous les autres ensemble, c'est-à-dire dans cemugissement même, et ne se remarquerait pas si cette vague qui le fait était seule." Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain
c) L'hypothèse freudienneLa genèse de la théorie freudienne montre clairement que l'hypothèse de l'inconscient trouve son origine dansl'incapacité pratique de lamédecine à soigner certains troubles nerveux.
Le traitement sous hypnose conduit Freud à mettre en évidence desprocessus inconscients : le patient est capable d'évoquer, en état hypnotique, des faits dont il n'a pas de souvenirconscient, et cette réminiscence fait disparaître provisoirement les troubles constatés.La modification de la méthode freudienne, par le recours aux associations d'idées, ne change pas fondamentalementla démarche : elle a toujours pour but le retour à la conscience des éléments oubliés, et la disparition corrélativedes troubles qu'ils occasionnent.
La raison de postuler l'existence d'un inconscient est donc pratique : elle résulted'une expérience thérapeutique.
Elle seule peut rendre compte des faits observés et les expliquer.
L'inconscient estun postulat qui a pour fonction de rendre intelligibles "fies comportements qui ne le seraient pas sans cela.
Il est uneexigence théorique qui apparaît dans le champ de la réflexion de la psychologie, pour coordonner des phénomènesobservables et leur fournir un principe explicatif.
2 - L'inconscient comme hypothèse explicative
a) Le refoulementLa conception de Freud apporte une innovation d'importance : l'inconscient n'est pas dans un rapport de continuité avec les autres états de la pensée.
La théorie distingue soigneusement ce quiest préconscient, et peut être rappelé à la mémoire sans difficulté, etl'inconscient sur lequel l'activité mémorisante n'a pas de prise.
C'est que, pourFreud, l'inconscient est avant tout le produit du refoulement, c'est-à-dire lerefus que le psychisme de l'individu oppose à un certain nombre de tendanceset de pulsions.
L'inconscient est en effet constitué d'éléments inavouables,rejetés par la conscience.
Il ne peut donc se manifester au grand jour.
Sonmode d'existence est souterrain : il est, mais ne paraît pas, forme spécifiquequi explique qu'il soit ignoré ou contesté, puisqu'il est implicite, toujoursocculté.
Refoulement, résistance à l'explicitation de son contenu, sont deuxcaractéristiques de l'inconscient freudien.
Ils sont constitutifs de sastructure, et permettent d'expliquer son fonctionnement particulier.
b) Le symptômeL'inconscient resterait à jamais inconnaissable s'il ne se manifestait pas sousune forme ou sous une autre.
Bien qu'il soit refoulé, refusé, il parvientcependant à s'exprimer, mais masqué, travesti.
Repérable par des indices, les« trous » qu'il produit dans la conscience sous forme de manifestationsaberrantes (lapsus, actes manques, rêves, troubles nerveux), l'inconscient nepeut être saisi qu'à travers des symptômes.
Le discours qu'il tient est sanscesse à décrypter, derrière ses formes manifestes, qui sont autant detravestissements.
Le statut de l'inconscient est donc ambigu : il est décelableà des traces qu'il laisse, mais se défait dès qu'il est explicitement cerné.
Cependant, découvrir le symptôme etmettre à jour le contenu refoulé ne revient pas à supprimer l'inconscient.
Ce dernier reste hors d'atteinte, ladésagrégation de l'une de ses formations ne le détruit pas.
Elle ne fait que combler un vide, sans permettre derétablir la continuité.
c) La méconnaissancePlus fondamentalement, l'inconscient freudien doit être postulé pour donner à l'ensemble des phénomènespsychiques leur cohérence.
Or, la théorie freudienne repose sur l'idée que la conscience est dans un rapport deméconnaissance avec le reste de l'appareil psychique.
Alors que traditionnellement on lui attribue le plus haut degréde lucidité et de compréhension à l'égard des phénomènes qui l'environnent, la psychanalyse la considère aucontraire comme le lieu d'inscription du leurre, et de l'illusion.
En faisant de la conscience une manifestation parmid'autres, et soumise, en fin de compte, à des influences qu'elle ne contrôle pas, Freud opère un renversement deperspective très important.
Aujourd'hui, les sciences humaines, en mettant en valeur les déterminationsinconscientes qui influent sur le comportement des individus, ont renforcé cette conception des rapports de la.
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