sujet : Peut-on convaincre autrui qu’une œuvre d’art est belle ?
Publié le 22/01/2020
Extrait du document
En premier lieu, il est nécessaire d’opposer la beauté artistique au prosaïsme. En effet, Kant distingue le beau de ce qu’il nomme « l’agréable ». L’art, en tant que représentation, doit s’affranchir de tout ce qui peut susciter en nous un plaisir des sens. La Dame au perroquet de Delacroix n’éveille pas en nous le plaisir que nous éprouverions à la vue réelle d’une femme nue — comprenant réalité comme vie prosaïque justement. D’ailleurs, si la sculpture use, certes, de la pierre, la peinture, du papier, cette matière n’est plus considérée de la même façon que dans la réalité... Bref, le beau n’est pas l’agréable car ce dernier est une opinion totalement subjective et, comme le dit le dicton populaire, à juste titre : des goûts et des couleurs on ne discute pas...
Appréciation générale
Après de vigoureuses considérations sur le
plaisir esthétique, inspirées de la philosophie
de Kant, le candidat s’interroge sur la possibi-
lité de communiquer ce sentiment en dehors
de ce qui l’a suscité. Des analyses claires et
pertinentes judicieusement illustrées.
«
LES BONNES COPIES DU BAC 99
En premier lieu, il est nécessaire d'opposer la
beauté artistique au prosaïsme.
En effet, Kant dis
tingue le beau de ce qu'il nomme «l'agréable».
L'art, en tant que représentation, doit s'affranchir
de tout ce qui peut susciter en nous un plaisir des
sens.
La Dame au perroquet de Delacroix n'éveille
pas en nous le plaisir que nous éprouverions à la
vue réelle d'une femme nue - comprenant réalité
comme vie prosaïque justement.
D'ailleurs, si la
sculpture use, certes, de la pierre, la peinture, du
papier, cette matière n'est plus considérée de la
même façon que dans la réalité...
Bref, le beau
n'est pas l'agréable car ce dernier est une opinion
totalement subjective et, comme le dit le dicton
populaire, à juste titre : des goûts et des couleurs
on ne discute pas...
À quoi bon chercher à
convaincre autrui que, pour ma part, je préfère le
vert au bleu et la sanguine à la fresque 2 ?
De plus, Kant différencie nettement le beau du
« bon » dans sa signification d'utile.
En effet, le
beau n'a pas de fin propre en ce sens qu'il est
impossible de le conceptualiser.
Il ne répond à
aucun but donc aucun critère.
Le beau n'est ni
logique ni objectif ni définissable ; les concours de
beauté n'existent pas.
Le beau est une utopie totale,
comme le fait remarquer Roland Barthes.
Je ne
peux pas dire que la Vénus de Milo est belle parce
qu'elle a telle hauteur, telle largeur, etc.
En ce sens,
«le nombre d'or» est presque un contresens : il n'y
a pas de critères objectifs en matière de beauté.
Par conséquent, telle statue ne peut pas être
belle en fonction de la qualité de sa pierre - plai
sir prosaïque - ni en fonction de ses dimensions
plaisir objectif.
L'essence du plaisir esthétique
est tout à fait autre : il est important de comprendre
que la beauté n'est ni dans l'objet - on l'a pour
tant cru jusqu'à Kant - ni totalement dans le
sujet.
..
Elle est dans le regard, dans le jugement,
dans la contemplation, dans ma contemplation 3•
Or, dans cette dernière, trois mots seulement
me viennent : « C'est beau J ».
En fait, j'estime
2.
Tout ceci est juste mais assez éloigné du sujet
3.
Ici, on retrouve la question
1195.
»
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