Suffit-il d'être conscient de ses actes pour en être responsable?
Publié le 07/02/2005
Extrait du document
«
sais.
La conscience est donc liée à la conscience de soi.
Qui a la conscience, a donc le savoir sur ses actesindispensable à la responsabilité.
Celui qui est inconscient de quelque chose n'a pas de connaissance sur ce dernieret n'est donc pas responsable.
Pourtant, il s'agit ici de savoir si la conscience est la condition.
Le terme« condition » vient du latin condere qui signifie « fonder », « établir ».
Celui de « nécessaire » insiste lui sur la présente obligatoire d'un élément dont on ne peut se dispenser.
L'énonce ici nous demande si la conscience est unefaculté qui fonde la responsabilité mais il aussi si elle est la seule.
L'emploi du déterminant défini implique en effetl'unicité de la condition.
Si jamais nous trouvons une autre faculté primordiale à la responsabilité, cela ne veut-il pasdire que la conscience n'est pas LA condition nécessaire ? Or, la liberté n'est-elle pas plus importante dans laresponsabilité que la conscience ? Ne pouvons-nous pas avoir conscience de quelque chose mais ne pas avoir lechoix ? Dès lors, la responsabilité n'est-elle plus liée à la liberté ? Pourtant, la conscience elle-même n'est-elle passynonyme de liberté ?
Sans la conscience, on ne peut pas parler de responsabilité
- Nous l'avons dit la responsabilité est le fait de pouvoir répondre de ses actes et de leurs conséquences.
Pour celail faut donc pouvoir avoir un savoir sur ses actes.
D'une part, un savoir sur leur existence( il n'est pas sûr qu'unanimal sache véritablement ce qu'il fait quand il tue un oiseau), d'autre part, un savoir sur les conséquences quepeuvent entraîner les actions et enfin la capacité à discerner le bien du mal, à avoir une réflexion morale.
Or, il semble dans un premier temps que la conscience soit bien la faculté qui permet de remplir ces trois conditions.Nous l'avons la conscience comme existence accompagnée d'un savoir, me rend présent à moi-même et me permetde rattacher ce que je fais à mon passé et à mon identité.
Je ne peux pas dire par exemple que je ne savais pasque je conduisais une voiture( sauf dans le cas de maladie rare).
Ma conscience me permet justement d'avoir desreprésentations de ce que je fais.
De plus, la conscience est temporelle.
Schopenhauer voit dans Le monde comme volonté et comme représentation , le temps comme la donnée première de la conscience mais surtout comme dira Bergson, la conscience est ce qui permet de faire le lien entre le passé et l'avenir.
Grâce àla conscience, je me décolle du présent vécu et peux projeter dans l'avenir.
Ilaffirme ainsi dans Matière et mémoire , qu'avoir conscience de quelque chose, c'est l'appréhender à partir du passé, en vue d'une action appropriée du futur.« Toute conscience est anticipation de l'avenir[[...] La conscience est un traitd'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé etl'avenir.
» écrit Bergson Dès lors, la conscience est bien la capacité à préparer lefutur et ses actes.
C'est pourquoi dans la langue courante, on emploie l'adjectif « inconscient »pour parler de quelqu'un qui n'est que peu ou pas capable de revenir sur lui-même.
Un "inconscient" est un esprit irréfléchi qui ne se rend pas compte de cequ'il fait ou même seulement qui ne sait pas juger.
Il n'est pas alorsvéritablement responsable de ses actes puisque son manque de conscience nelui permettait pas d'avoir toutes les données nécessaires pour comprendre sonaction.
Ainsi la conscience, c'est non seulement la connaissance de sonexistence mais aussi la connaissance du monde extérieur et ce trait entraîneaussi la responsabilité.
C'est parce que je peux connaître le monde extérieur,que je peux comprendre l'implication de mes gestes et leurs conséquences.
- De même, sont déclarés juridiquement irresponsables, les personnes qui aumoment de leur acte n'avait pas la pleine conscience de ce qu'elles faisaient et qui ne se rendaient pas compte dela réalité de leurs actes.
Ce qui rejoint le problème du discernement moral.
La justice reconnaît comme irresponsablecelui qui n'arrive pas à distinguer le bien du mal.
Or, cette distinction semble être liée encore une fois à laconscience.
Alain affirme en effet que toute conscience est morale dans ce sens qu'elle juge ce qui est d'après cequi devrait être.
Elle juge et incite à rectifier selon la norme.
Il écrit dans les Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant : « La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé absolument : car noblesse oblige.
» La conscience, c'est se savoir esprit et c'est donc la possibilité de discerner le bien du mal, entendu dansun sens personnel.
Responsabilité et liberté
- Pourtant, si être conscient est en effet une condition à la responsabilité, est-ce vraiment la plus importante ? Onpeut par exemple imaginer quelqu'un qui a connaissance de ses actes et qui pour autant ne peut agir autrement.Peut-on encore dire qu'il est responsable ? Si on se tourne vers la justice, il semble que la responsabilité soitatténuée quand le choix ne se présentait pas aux personnes.
La liberté serait alors la condition nécessaire etfondamentale de la responsabilité.
La responsabilité demande en effet de pouvoir choisir entre différentes possibles.Celui qui agit sous la contrainte n'accomplit pas une action qu'il a réellement voulu.
Ainsi, les actes accomplis sousla menace d'un revolver ne sont pas considérés comme participant de ma responsabilité.
Sartre d'ailleurs voit dans la liberté la base même de la responsabilité.
D'ailleurs pour lui, il n'y a pas d'excuses pourl'homme, même s'il a un revolver pointé sur lui.
L'homme n'a pas d'essence, il n'a pas de nature fixée et de ce fait, ilchoisit tout ce qu'il fait et tout ce qu'il est.
Le philosophe fonde la liberté sur le pouvoir de répondre "oui" ou "non"..
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