Suffit-il de vivre ensemble pour former une société ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
enseigne, l'on communique, l'on discute, l'on juge, ce qui rapproche les hommes les uns des autres et les unit dansune sorte de société naturelle ; rien ne les éloigne plus de la nature des bêtes, à qui nous attribuons souvent lecourage, aux chevaux par exemple ou aux lions, mais non pas la justice, l'équité ou la bonté ; c'est qu'elles nepossèdent ni raison ni langage.
Cette société est largement ouverte ; elle est société des hommes avec leshommes, de tous avec tous ; en elle il faut maintenir communs tous les biens que la nature a produits à l'usagecommun de l'homme ; quant à ceux qui sont distribués d'après les lois et le droit civil, qu'on les garde selon ce qui aété décidé par les lois ; quant aux autres, que l'on respecte la maxime du proverbe grec : « Entre amis, tout estcommun ».
[...] Ennius donne un exemple particulier qui peut s'étendre à beaucoup de cas : « L'homme qui indiqueaimablement son chemin à un voyageur égaré agit comme un flambeau où s'allume un autre flambeau ; il n'éclairepas moins quand il a allumé l'autre ».
BergsonLa vie sociale est ainsi immanente, comme un vague idéal, à l'instinct comme à l'intelligence ; cet idéal trouve saréalisation la plus complète dans la ruche ou la fourmilière d'une part, dans les sociétés humaines de l'autre.
Humaineou animale, une société est une organisation ; elle implique une coordination et généralement aussi unesubordination d'éléments les uns aux autres ; elle offre donc, ou simplement vécu ou, de plus, représenté, unensemble de règles ou de lois.
Mais, dans une ruche ou dans une fourmilière, l'individu est rivé à son emploi par sastructure, et l'organisation est relativement invariable, tandis que la cité humaine est de forme variable, ouverte àtous les progrès.
Il en résulte que, dans les premières, chaque règle est imposée par la nature, elle est nécessaire ;tandis que dans les autres une seule chose est naturelle, la nécessité d'une règle.
Introduction
Vivre en société, est-ce seulement vivre ensemble ? On pourrait définir la société comme un groupe d'individus qui travaillent et qui échangent: ils ont donc des rapports ou entretiennent un commerce selon des règlesexplicites.
Il est donc évident que vivre en société revient à vivre ensemble, avec une plus ou moins grandeproximité.
Néanmoins, peut-on dire que l'on vit en société à partir du moment que l'on vit ensemble ? Nous avonsdéjà signalé qu'il fallait qu'il y ait organisation pour que l'on parle de société : il faut des lois (écrites ou non).Pourtant, ce seul fait peut-il suffire à faire la différence ? Ne peut-on pas inversement dire que dès que l'on vitensemble, on est dans l'obligation de créer un certain nombre de lois et de règles ? En effet, même si « vivreensemble » peut sembler être une condition nécessaire mais non suffisante de la vie en société, il n'empêche quecette distinction peut sembler artificielle dans la mesure où il n'est peut-être pas concevable de vivre ensemble sansvivre en société, pour autant que l'on caractérise la société comme un groupe d'individus régis par des règles.
Enquoi peut-on dire que vivre ensemble ne suffit pas pour vivre en société ?
I.
Parmi les différentes façons de vivre ensemble, qu'est ce qui caractérise la société ?
A.
Les hommes ne sont pas les seuls à vivre ensemble, en effet, l'expression « société animale » nous rappelle que certains animaux ne peuvent vivre qu'en meute, ou au sein d'organisations plus complexes encore, telles les ruches.Bergson, dans L'Énergie spirituelle compare justement les sociétés humaines et animales afin d'en tirer une définition de la société.
«La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles bénéficie des efforts de tous et rendà tous leur effort plus facile.
Elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu elle ne peut progresser que sielle le laisse faire.
» or, dans les sociétés animales, la première condition est remplie : chaque abeille estentièrement subordonnée à l'organisation et la survie de la ruche.
Cette société est pérenne, mais incapabled'évoluer, justement parce que les individus n'ont aucune marge de manœuvre.
Par contre, les sociétés humaines,parce qu'elles permettent à chaque individu de prendre des initiatives sont moins efficaces, moins stables, maisévoluent.
On pourrait donc en conclure que pour qu'il y ait société au sens plein du terme, il faut que le vivreensemble se double d'un vivre seul.
Il faut certes vivre ensemble, mais de façon non fusionnelle, il convient que lesindividus gardent un certain degré d'indépendance.
B.
On pourrait également préciser cette définition en distinguant société et communauté.
Selon Tönnies, (dans.
»
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