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Suffit-il de savoir pour etre informé ?

Publié le 27/02/2005

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Analyse: - La forme passive du verbe « être informé » signifie bien sa spécificité: on est informé lorsque l'on est le récepteur (passif) d'un message envoyé par un émetteur. Ce message prend la forme d'une ou de plusieurs proposition affirmatives qui constituent une information. - « savoir » signifie être en possession de connaissance vraies et vérifiées. Le savoir suppose ainsi une certaine activité de celui qui sait: un travail de compréhension et de vérification des propositions, qui lui permette de les ériger avec certitude au rang de vérité. - Si l'on m'informe que « La révolution française a eu lieu en 1789», il semble que je puisse affirmer ensuite que je le sais. La savoir serait donc entièrement constitué par la réception adéquate d'une information. Cependant, nous avons vu que la spécificité du savoir était d'être vrai et vérifié. Or, l'information en elle-même n'est accompagnée d'aucune preuve. La seule garantie de véracité que possède une information se trouve dans la confiance que nous avons en son émetteur. Force est alors de reconnaître que cette confiance, aussi solide soit-elle, ne peut prétendre équivaloir avec une preuve objective. Ainsi, l'information en elle-même ne suffirait jamais à constituer une connaissance vraie et vérifiée. Problématique: Doit-on dire qu'il suffit d'être informé pour savoir? Mais alors le savoir ne pourrait pas prétendre à la certitude objective, puisque il reposerait sur la confiance que nous avons en l'émetteur de l'information. Ou bien, au contraire, doit-on dire qu'il ne suffit pas d'être informé pour savoir, le savoir supposant une reprise active de l'information dans des procédures de compréhension et de vérification? Le problème de cette seconde thèse étant qu'elle nous amène à remettre en question la validité des fondements même du savoir puisqu'il semble que tout savoir ne repose, in fine, que sur de l'information.

« - Nous avons vu que le savoir était un ensemble de propositions vraies et vérifiées.

Pour constituer un savoir, uneinformation doit donc être mise à l'épreuve et prouver se véracité.

Il existe plusieurs manière de prouver uneaffirmation.

Par exemple, nous pouvons la vérifier expérimentalement.

Admettons que je reçoive comme information:« Socrate est mortel », je peux produire une expérimentation qui permette de la vérifier ou de l'infirmer.

Ici, ils'agirait de donner un poison létal à Socrate pour voir si il meurt bien.

Nous pouvons également en produire unedémonstration.

Le principe de la démonstration est posé par Aristote dans les Premiers analytiques (I;1) une démonstration est un enchaînement de syllogismes, un syllogisme étant « un discours dans lequel, certaines chosesétant posées, quelque chose d'autre en résulte nécessairement par le fait même de ces données ».

Avec le mêmeexemple, le syllogisme qui permettrait de démontrer notre affirmation serait du type: « Tous les hommes sontmortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel ».

Dans les deux cas, le but de la preuve est le même:il s'agit de faire de l'information non plus une simple affirmation reçue passivement, mais une affirmationrationnellement nécessaire pour le sujet du savoir.

C'est seulement à cette condition que ce savoir pourra être ditune véritable science. - De plus, pour constituer un savoir, une affirmation ne doit pas être reçue de manière isolée, mais être comprisedans un système de propositions déjà connues par le sujet et qui en révèle les enjeux et les aboutissants.

Unsavoir est une proposition que nous « comprenons » au sens premier du terme: prendre avec, c'est-à-dire insérerdans un ensemble qui lui donne sens.

L'exemple de la découverte de la planète Uranus illustre bien cette nécessité.En effet, la découverte de cette planète est attribuée à Leverrier.

Celui-ci parvient à l'observer en ayant prédit sonexistence et sa position d'après les déviations anormales de la trajectoire de Neptune, calculée selon la théoriegravitationnelle de Newton.

Or, Uranus avait déjà été observée bien avant par Galilée.

Celui-ci l'avait remarquée parhasard dans son télescope alors qu'il observait une planète voisine, et en avait simplement noté le déplacement.Pourquoi admet-on alors que Leverrier est le premier à posséder un savoir concernant l'existence de cette nouvelleplanète? C'est que Galilée disposait simplement d'une information sur le déplacement d‘Uranus, information qui n'apas été constituée en savoir au sens où elle n'a jamais été replacée dans une théorie de la gravitation.

Elle n'a faitl'objet d'aucune prédiction et rien n'en a été déduit.

Au contraire, Leverrier avait prédit théoriquement et démontrél'existence de la planète avant même de l'avoir observé, et sa découverte a servi à renforcer la validité des théoriesde Newton.

Ainsi lorsque j'écoute les informations et que je reçois un affirmation telle que « la bourse a chutée hierde 4,5% », je ne possède pas pour autant un savoir de l'actualité économique: encore faut-il que je sache ce quecela signifie, c'est-à-dire quelles en sont les causes et ce que cela implique.

Pour cela, je dois connaître les théorieséconomiques nécessaire à la compréhension de cette affirmation. - Nous pouvons ainsi lire toute la démarche cartésienne comme un effort pour passer de la simple information auvéritable savoir.

En effet, le Discours de la méthode se présente comme la présentation d'un protocole permettant d'acquérir le savoir.

Or celui-ci commence, dans la première partie, comme une invalidation de l'information:Descartes rejette tout ce qu'il n'a fait que recevoir passivement (enseignement dogmatique, idées reçues, etc.).

Eneffet, cette accumulation de propositions ne permet pas de constituer un savoir pour deux raisons: d'abord, parceque toutes les affirmations n'ont pas prouvée leur validité, ensuite parce qu'elles ne peuvent être comprisesvéritablement au sens où elles ne forment pas un tout cohérent et démontré progressivement.

Après avoir invalidétoutes ces connaissances de type informatives, Descartes explique dans la seconde partie comment peut seconstituer un savoir: il s'agit pour cela de suivre une démarche méthodique, qui impose que chaque nouvelle étapedécoule nécessairement de la suivante, de manière à former des « longues chaînes de raisonnement ».

C'est cetteorganisation en un raisonnement cohérent, où chaque proposition est déduite de la précédente et sert à déduire lasuivante, qui garantie la possession d'un véritable savoir.

En effet, dans ce cas chaque proposition est prouvée pardémonstration et elle est comprise, ainsi que ses causes et ses implications en tant que maillon d'une théorie quil'englobe.

La nécessité de toutes les propositions est donc présente à l'esprit de celui qui sait. Transition: Il ne suffit pas d'être informé pour savoir.

Le véritable savoir nécessite un effort de reprise de l'information par celuiqui la reçoit, effort pour comprendre le sens de ces propositions et leur nécessité. Cependant, cette thèse ne nous conduit-elle pas à mettre en question le statut des fondements du savoir? Ilsemble en effet que tout savoir doive se fonder, in fine, sur de la simple information.

Un tel fondement neposséderait alors jamais le statut de connaissance certaine. III) Tout savoir doit se fonder sur une information première, il nous faut donc nuancer le caractèred'absolue certitude que nous avions d'abord accordé à la science: - Nous avons vu qu'il existait deux manières de prouver la vérité d'une affirmation: l'expérimentation et ladémonstration.

Or, dans ces deux cas, il semble que nous devions bien finir par nous en remettre à la simpleinformation.

Toute preuve reposerait ainsi sur la confiance que nous accordons à l'émetteur de l'information, etaucune ne serait susceptible de produire une certitude absolue. - D'abord, dans le cas de l'expérimentation: il s'agit de tester la validité d'une affirmation en observant si elle rend. »

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