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Suffit-il de percevoir pour savoir ?

Publié le 22/01/2004

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.) il nous faut réveiller d'abord cette expérience du monde dont elle est l'expression seconde. » (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception). -Pour Alain, la perception est déjà un savoir. La perception est un savoir concret, direct, qu'aucune science ne pourra m'apporter. En ce sens, la science est une perception droite, c'est-à-dire une idée exacte de la chose. La perception doit s'accompagner d'une réflexion sur l'objet perçu, car « si je ne raisonne point, je resterai en présence d 'apparences qui par elles-mêmes ne me diront rien. » (Alain, Propos). Le degré de précision de la perception n'apporte rien au savoir, si celle-ci ne s'accompagne pas d'une volonté de réflexion sur le perçu: « le microscope étourdit l'ignorant, il ne l'instruit point ». III-La science comme nécessaire rupture d'avec l'immédiat -Il demeure cependant un risque pour la science en restant trop près de la perception. La science exige une rupture avec le sensible.

La perception visuelle est la forme la plus directe de connaissance des choses. Mais, la vue seule ne suffit pas à connaître sans l'intervention de la raison. De plus, les apparences sont trompeuses. Pour véritablement connaître, il est nécessaire de mettre en forme ce que nous percevons à l'aide des catégories de notre entendement (Kant).

« -Il demeure cependant un risque pour la science en restant trop près de laperception.

La science exige une rupture avec le sensible.

Bachelard délimiteainsi deux niveaux de connaissance: la connaissance sensible engage l'êtresensible qui ne peut facilement se dégager de son emprise.

L'objet est ainsisaisi comme un bien, ou investit d'une valeur.

Il n'est pas comprisindépendamment de son observateur comme un fait objectif.

« Ce besoin desentir l'objet, cet appétit des objets, cette curiosité indéterminée necorrespondent, à aucun titre, à un état d'esprit scientifique.

Si un paysageest un état d'âme romantique, un morceau d'or est un état d'âme avare, unelumière un état d'âme extatique.

» (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique).

Il engage à une « satisfaction intime » qui n'est pas « l'évidence rationnelle ».D'où la nécessité d'en passer par une « psychanalyse de la connaissanceobjective ».

Il ne s'agit ni de plonger dans les profondeurs du moi, ni d'éclairerles difficultés présentes de l'individu à partir de son histoire singulière, maissimplement de repérer ce que la rencontre des objets du monde suscite ennous de rêves et de productions imaginaires.

Dissiper les songes qui viennentobstruer l'accès de l'esprit humain au réel pour rendre possible laconnaissance objective, telle est la première motivation de la « psychanalyse» bachelardienne.

Car ces rêves de l'esprit ne vont pouvoir être écartésqu'après avoir été mis en pleine lumière : l'esprit humain ne peut se déprendrede ses rêves qu'en s'y confrontant.

L'imagination poétique semble donc dans un premier temps être simplement cequi doit être écarté pour que la rencontre avec l'objet puisse se faire, pour que l'esprit devienne apte à se former àla science.

Ce que la connaissance doit délaisser pour devenir objective ne se perd pas, et surtout ne perd rien desa qualité de production de l'esprit, et va par conséquent se retrouver du côté d'une « métaphysique del'imagination ».Toutefois, à mesure que Bachelard va progresser dans l'exploration des productions de l'imaginaire, il va apprendre àen découvrir la consistance et la logique propre.

L'imagination a ses lois propres.

Elle aussi doit se délivrer du «réalisme », elle doit être « purifiée » à son tour de ce qu'il y a de déjà rationnel dans son approche de l'objet.

Lapoétique de la rêverie, non moins que la connaissance rationnelle, rencontre ses obstacles, dont elle doit se dégagerpour prendre son essor.

Seule une psychanalyse des images trop familières, trop pleines de l'objet, peut libérer lesmétaphores poétiques.

La psychanalyse bachelardienne revêt alors un double sens : libérant la connaissancerationnelle de la rêverie, elle libère aussi bien l'imagination des entraves que constituent pour elle les rigueurs de laraison.

Raison et imagination sont deux facultés jumelles qui ne peuvent, l'une comme l'autre, être pleinement elles-mêmes qu'en étant rigoureusement distinguées.Dès lors, la perspective initiale se voit profondément modifiée, et les productions imaginaires ne sont plus ce qu'ils'agit de purement et simplement mettre à l'écart.

Dans la connaissance objective également, l'esprit est loin d'êtrepassif : c'est à lui au contraire que revient l'initiative de poser les questions et de formuler les hypothèses.

Ce quiprovient du sujet n'est donc pas pur obstacle à la connaissance du réel, et il y aurait alors deux manières, pourl'esprit, d'être actif dans son exploration du monde : l'imagination et la raison.

D'où vient à la raison sa puissanced'interroger le réel ? Car si la spontanéité de l'imagination constitue sa nature propre, c'est celle de la raison qu'ils'agit d'expliquer.

À mesure que Bachelard approfondit ses recherches sur l'imagination, celle-ci va venir dans sapensée supplanter la raison au titre de puissance maîtresse de l'esprit humain.

Faire droit aux exigences del'imagination, c'est lui reconnaître toute sa place dans les productions de l'esprit humain, et non dans les seulesproductions imaginaires.

Si « l'impulsion originelle » qui oriente l'esprit humain vers le monde « se divise » pourdonner naissance à l'imagination et à la raison, la raison humaine ne peut être observée seule, et l'imagination est,elle aussi, porteuse de quelque chose de l'impulsion originelle sans laquelle la raison ne peut être replacée dans savéritable perspective.

-Kant est celui qui articule le mieux les deux niveaux de connaissance: la connaissance sensible et le travail de laraison.

Au-delà de l'empirisme et du rationalisme, il cherche un juste milieu où il reconnaît la nécessité d'uneconnaissance qui passe par l'expérience mais qui se doit d'être travaillée par l'entendement.

« Mais si toute notreconnaissance commence avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elle dérive toute de l'expérience ».

(Introduction,Critique de la raison pure ).

Toute connaissance a besoin d'un matériaux initial, qui est l'apport sensible, mais nécessite un effort de décodage, de tri pour parvenir à se constituer en connaissance à part entière.

L'entendementpossède un critère de classification qui ne dépend pas de l'expérience, les concepts purs, qui permettent d'ordonnerle monde autour de celui-ci.. »

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