Suffit-il d'avoir bonne conscience pour être innocent ?
Publié le 27/02/2005
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La bonne conscience pourrait se définir comme le sentiment de n'avoir rien à se reprocher et même, d'avoir bien fait. Si l'on a le sentiment que l'on a bien fait, au plus profond de soi, il paraît logique de penser qu'effectivement on est innocent. Cependant, la bonne conscience ne peut pas servir de garantie à l'innocence. D'une part, tout criminel peut mentir et prétendre avoir bonne conscience, elle est invérifiable, contrairement aux actes, qui sont jugés lors de procès. D'autre part, on peut avoir volontairement fait du mal tout en ayant bonne conscience, car la nature humaine est obscure. Ainsi, la bonne conscience ne peut pas être une assurance de l'innocence de quelqu'un, au vu de la société qui le juge. Néanmoins, pour celui qui la ressent, c'est un gage moral de son innocence.
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II ] La bonne conscience est-elle un juge pour celui qui la ressent ?
Que reprocher à quelqu'un qui ne se reproche rien? Que peut-on reprocher? Notre responsabilité est-elle totale?Devant qui suis-je responsable en dernier recours? Devant moi ou devant autrui qui pourrait alors me faire desreproches ? En effet, la bonne conscience m'innocente moi-même de mes actes.
Mais même cela, est-ce bien vrai ?
Une bonne conscience qui s'ajoute à une mauvaise foi ne vaut plus comme garantie morale.
Autrement dit, celui quine se reproche rien, qui a bonne conscience: est-ce parce qu'il n'a effectivement rien à se reprocher (rien commis)ou parce qu'il a une conscience peu délicate?
Enfin, celui qui ne se reproche rien n'est-il pas resté au stade de l'opinion qui transforme ses désirs en connaissanceparce qu'elle ne distingue pas l'opinion de la science? Peut-on le lui reprocher? Ne peut-on reprocher à celui qui nese reproche rien de confondre un idéal et la réalisation de cet idéal? Il croirait alors naïvement qu'avoir un idéal suffitpour n'avoir rien à se reprocher ? En fait, la bonne conscience ne juge que l'intention, or l'intention ne suffit pas.
III ] on ne peut juger que les actes :
Cf.
Kant, critique de la raison pure.
On doit présumer que tout homme est responsable de ses actes à partir dumoment où l'on exige pour tous une liberté de la raison.
Ainsi, même si un mensonge grave est explicable par uneenfance malheureuse, des circonstances atténuantes, etc., on doit toujours juger le coupable comme s'il avait eu lechoix, car, selon Kant, il l'a effectivement eu.
Lors d'un jugement pénal, la préméditation est une circonstance aggravante, donc on peut dire que la justice tientcompte des intentions des gens pour les juger.
Cependant, elle est toujours soumise à la décision d'un jury quidécide ou non de croire l'accusé.
La conscience n'est pas une donnée certaine étant donné que l'on peut mentir,on ne peut donc concrètement juger que les actes, les faits.
Un exemple problématique : si je fais une partie d'escrime avec un ami et que je le tue par accident car la lamen'était pas mouchetée et que je pensais qu'elle l'était, suis-je coupable ? Je ne peux rien me reprocher, je n'ainullement eu l'intention de tuer mon ami.
Cependant, dans les faits, un homme est mort, et quelqu'un l'a tué.
Il fautdonc un jugement.
On pourra me reprocher de n'avoir pas vérifié avec soin que la lame était bien mouchetée avantd'entamer le combat.
Conclusion :
La bonne conscience, on pourrait le croire, est la garantie pour moi-même que j'ai bien agit, conformément à lamorale.
Cependant, d'une part, la conscience m'est opaque, et d'autre part, qui peut prétendre agir en vertu d'uneloi morale universelle tout le temps ? Ajoutons à cela que l'innocence doit être prouvée aux hommes, pas seulementà soi-même.
Or, on ne peut pas juger une bonne conscience puisqu'il est évidemment impossible de fouiller l'espritde quelqu'un et de déterminer avec certitude s'il avait ou non l'intention de commettre un délit.
De plus, on peutaussi avoir bonne conscience et être néanmoins coupable, si par exemple on a peu de morale, ou si on est un êtrede mauvaise foi.
Ainsi, nous ne pouvons que juger des actes.
Cela pose néanmoins le problème de l'accident :comment rendre quelqu'un coupable d'un accident ? C'est pour cela qu'il existe des circonstances atténuantes ouaggravantes en justice.
Mais ces circonstances ne sont jamais certaines, c'est pourquoi la justice ne peut avoir,dans les faits, de rigueur scientifique..
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