Spinoza: Puissance de la raison et liberté
Publié le 05/01/2004
Extrait du document
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par obéissance ou par crainte, le sage l'est en connaissance de cause, et par amour.
La cause de la moralité desactes n'est plus extérieure, mais interne ; on passe de la passivité à l'action véritable.
Prenons l'égoïsme : il n'est pas un mal seulement parce que Dieu nous a interdit d'être égoïste.
L'égoïsme fait notremalheur.
Il est une manière faussée de s'aimer soi-même.
Le bonheur d'autrui est en effet une condition du nôtrenous sommes liés en Dieu ; rien n'est plus utile à un homme guidé par la raison qu'un autre homme semblablementguidé.
L'accord des puissances dans l'amour réciproque rend chacun plus fort.
Et ce n'est pas un calcul cyniqued'intérêt qui nous conduit à cette sagesse ; car l'alliance avec autrui n'est féconde, « intéressante », que si,précisément, l'amour pour autrui est véritable, c'est-à-dire désintéressé ! La perfection de la morale est dans la sagesse, grâce à laquelle on n'est plus vertueux par devoir, et dansl'obéissance, mais par amour, et dans la joie.
Le bonheur n'est pas la récompense de la vertu, c'est la vertu même.
Spinoza ne définit pas les passions par leurs objets mais par leurs forces.
La joie est le passage de l'homme d'unemoindre à une plus grande perfection; la tristesse, inversement, est le passage de l'homme d'une plus grande à unemoins grande perfection.
L'amour est joie, la haine est tristesse, lorsque s'y ajoute l'idée d'une cause extérieure.Nietzsche écrira dans un esprit voisin: lorsque nous disons à quelqu'un «je t'aime», cela doit s'entendre de cettemanière: il y a en moi un désir dont je pense que tu pourras le satisfaire.
Le désir est l'essence de l'homme, c'est-ii-dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être.
—Spinoza
La liberté, tant qu'elle est définie comme faculté de choisir entre des options contraires (libre arbitre) ou semblables(liberté d'indifférence) n'est, aux yeux de Spinoza, qu'un être de raison, une abstraction illusoire.
Le homme se croitlibre parce qu'il ignore les causes qui le déterminent: il est comme la pierre qui s'écrierait (la sotte!): «J'ai bien faitde choisir de tomber!» Il y a des choses que nous ne pouvons pas ne pas faire mais dont nous pensons néanmoinsque c'est nous qui les avons choisies.Mais si Spinoza récusait comme illusoire la liberté abstraite des hommes malheureux comme des pierres, c'est pourmieux la définir par rapport à la puissance.
Être libre, ce n'est pas «pouvoir faire», c'est faire (que l'on songe à laplaisanterie: «Il peut le faire...
Il peut le faire! Applaudissons-le!», alors qu'il s'est contenté de dire qu'il peut lefaire).
Les hommes se trompent lorsqu'ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela qu'ils sont conscients deleurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.
— Spinoza ..
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