Spinoza : l'erreur consiste dans une privation de connaissance
Publié le 29/09/2013
Extrait du document
a. Les hommes savent ce qu'ils font et pensent connaître aussi, le plus souvent, les causes de leurs actes, à savoir leurs motifs. Si un homme se déplace délibérément, c'est qu'il veut se rendre quelque part. Mais les buts conscients de nos actes, nos décisions, nos choix sont-ils les véritables causes de nos actions ? Spinoza affirme ici que les véritables causes qui déterminent notre conduite nous échappent. Cette ignorance n'est pas sans effet. L'esprit humain est avide d'explication. Aussi estil conduit à inventer des causes imaginaires quand la connaissance des véritables lui fait défaut. Nous croyons donc que ce sont nos buts conscients, décidés par notre volonté, qui déterminent nos actes. Nous prêtons ainsi à cette volonté un pouvoir, une maîtrise absolue sur notre conduite : nos intentions, nos désirs seraient toujours des décisions volontaires. Ce que je veux, je pourrai toujours aussi ne pas le vouloir : mes volontés ne sont jamais nécessaires.
Questions
1. Dégagez l'idée principale et l'argumentation de ce texte.
2. Expliquez :
a. « ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes par
où ils sont déterminés « ;
b. « l'erreur ici ne consiste pas dans l'action d'imaginer cela «.
3. L'ignorance est-elle l'unique source de nos erreurs ?
«
lecture rapide peut faire hésiter.
La réponse pourtant s'impose d'elle
même si on comprend que la première idée du texte est sa thèse et que
les deux exemples lui sont subordonnés.
Il n'y a donc pas d'ambiguïté :
il s'agit d'un texte sur l'erreur.
~ Deuxièmement, il y a un écart entre la thèse et les exemples qui sont
censés
l'illustrer (ce que Spinoza annonce par cette précision : « pour
l'expliquer plus amplement »).
En effet, dire que l'erreur est une « pri
vation de connaissance
», c'est tout simplement donner une définition
de
l'erreur.
Or les exemples vont plus loin : ils montrent que l'erreur est
un effet de
la privation de connaissance.
Les insuffisances de son savoir
incitent
l'homme à « imaginer » ce qu'il ne sait pas.
Par sa question,
l'essai final appelle donc une réflexion qui porte davantage sur le contenu
des
exemples que sur la thèse elle-même.
~ Quelques remarques pour finir sur la dernière question.
Elle ne doit
pas inviter à une simple énumération des diverses sources possibles
d'erreur.
Quel que soit l'exercice, un devoir de philosophie ne se contente
jamais d'énumérer des réponses possibles.
D Corrigé
(commentaire de texte)
Question 1
Dans ce texte, Spinoza expose sa conception de l'erreur.
La thèse est
livrée dès le premier segment de phrase : « L'erreur consiste dans une
privation
de connaissance.
» Spinoza suit l'opinion commune en défi
nissant l'erreur comme
le contraire de la vérité; être dans l'erreur, c'est
être privé de
la vérité qui nous aurait empêché de nous tromper.
Mais
le texte ne s'en tient pas à cette caractérisation commune et négative.
Dans la seconde partie (toute la fin du texte), à l'aide de deux exemples,
Spinoza envisage l'erreur d'un point de vue plus psychologique, en tant
que fictions, croyances, bref comme
des effets des lois de l'imagination
humaine.
Quelles sont les imaginations que l'âme humaine ignorante
est amenée à forger
7 D'une part, la fiction de la liberté (à entendre ici
au sens cartésien de libre arbitre) : « les hommes se trompent en ce
qu'ils se croient libres» jusqu'à ...
« comment elle peut mouvoir le corps».
»
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