SPINOZA: LA VIE, LE MILIEU ET L'OEUVRE
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Si nous lisons les premières pages du de Emendatione, le traité de la Réforme de l'entendement nous avons sansdoute l'impression que chez ce penseur rationaliste le premier souci n'est pas la connaissance mais le salut! Tandisque Descartes, dans le Discours de la Méthode réservait le problème de l'éthique (se contentant d'une moraleprovisoire) et cherchait une connaissance désintéressée, Spinoza cherche avant tout le salut.
Spinoza qui n'est pas chrétien comme Descartes, est à sa façon beaucoup plus religieux que lui.
Les satisfactions dela vanité, celles de l'argent sont futiles et restent fragiles.
Spinoza « a décidé enfin de rechercher s'il existait unbien qui fut véritable et capable de se communiquer, qui, quand on aurait rejeté tous les autres, remplirait l'âme toutentière3 et même s'il existait un bien si parfait que l'ayant découvert et acquis pour l'éternité et sans interruption iljouirait au plus haut point de la joie ».
La connaissance est donc chez Spinoza subordonnée au salut.
Mais il faut ajouter tout de suite que la connaissancerationnelle est l'unique moyen du salut que seule la raison peut nous permettre de jouir du bien absolu, qui chezSpinoza se confond avec l'Être en sa plénitude.
Spinoza rejette deux formes inférieures de connaissance — pleinesd'erreurs — la connaissance par ouï-dire fides ex auditu qui m'asservit à un témoignage peut-être trompeur, laconnaissance par expérience fondée sur mes sens qui bien souvent m'abusent.
La connaissance rationnelle procèdepar déduction mais la valeur de la déduction repose finalement sur une intuition rationnelle qui la fonde.
Cetteintuition du vrai est une lumière qui trouve sa garantie dans sa propre clarté intrinsèque : savoir, c'est savoir qu'onsait.
Ainsi le vrai est-il à lui-même son propre critère : verum index sui.
Pour Spinoza, la connaissance est donc deplain-pied avec l'Être.
La connaissance vraie, la connaissance authentique d'une essence est une participation àDieu « Pour Spinoza il n'y a pas d'humble vérité » (Darbon) : la pensée de l'homme quand elle est vraie s'identifieavec la pensée de Dieu.
De même, la pensée divine s'identifie avec l'action divine : tout ce que Dieu pense il leproduit : en Dieu la puissance de penser et la puissance de faire coïncident.
Ainsi lorsque l'homme a des idéesclaires, il s'identifie par la pensée à l'acte divin lui-même, il n'y a pas de différence entre la vérité et la réalité.
C.
- DIEU ET LA NATURE
De toutes les idées, l'idée de Dieu est la plus riche, la plus pleine.
Il faut donc partir de Dieu lui-même pourcomprendre toutes choses.
Si l'on en croit le témoignage de Tschirnhaus, Spinoza a dit : « les philosophes ordinairescommencent par les créatures.
Descartes par l'Esprit, mais moi par Dieu ».
L'éthique tout entière n'est en quelquesorte qu'une vaste preuve ontologique.
On part de l'idée de Dieu pour comprendre tout le reste.
Le premier livre de l'Ethique traite de Dieu.
Le Dieu de Spinoza prête à discussions : Pierre Bayle dans sonDictionnaire philosophique dit que Spinoza est un « athée de système ».
Mais le grand poète romantique allemandNovalis saluera plus tard en Spinoza « un penseur ivre de Dieu ».
Ce que rejette Spinoza c'est un Dieu personnel,créateur, un dieu que l'on pourrait prier, dont le libre arbitre déciderait de nous punir et de nous récompenser.
PourSpinoza, Dieu ne nous aime ni ne nous punit, Dieu ne conçoit pas des buts, Dieu n'est pas une personne.L'appendice au livre I de l'Éthique groupe tous les arguments de Spinoza contre la religion révélée.
Spinoza est panthéiste : Tout ce qui existe, tout ce qui peut être conçu, entre nécessairement dans l'une des troisdéfinitions énoncées au début du livre I de l'Éthique : « J'entends par substance ce qui est en soi et conçu par soi,c'est-à-dire ce dont le concept peut être formé sans avoir besoin du concept d'une autre chose.
J'entends parattribut ce que la raison conçoit dans la substance comme constituant son essence.
J'entends par modes lesaffections d'une substance, autrement dit ce qui est dans une autre chose, par le moyen de laquelle il est aussiconçu ».
Puisque la substance est cause de soi (idée directement dérivée de l'argument ontologique cartésien) elleest nécessaire, infinie, donc unique (il y aurait contradiction dans l'idée de deux infinis infiniment infinis !).
Il nesaurait donc y avoir d'autre substance que Dieu et tout le reste ne peut exister ni être conçu, que comme attributou mode de cette substance unique.
Les attributs sont les aspects sous lesquels la substance peut se représenter : ils sont en nombre infinis mais nousn'en connaissons que deux l'étendue et la pensée.
Les modes ont leur explication non en eux-mêmes, comme lasubstance, mais en la substance elle-même.
Somme toute, les modes sont l'équivalent dans le système panthéistede ce que sont les créatures dans la théologie traditionnelle.
Ils sont des parties de Dieu, non des créatures deDieu.
L'ensemble des modes constitue ce que nous appelons le monde ou nature naturée par opposition à l'ensemblesubstance-attributs que Spinoza appelle nature naturante.
Dieu est la cause du monde mais cela ne doit pass'entendre comme si Dieu était étranger au monde et le façonnait de l'extérieur.
Spinoza reprenant la terminologiescolastique dit que Dieu est cause immanente et non transitive.
La cause transitive est celle qui modifie son objet(par exemple la division).
La cause immanente reste tout entière dans le sujet et ne modifie pas son objet (parexemple la vision) Dieu est cause immanente.
Il n'est donc pas comme un sujet qui, de l'extérieur, modifie un objet.Autrement dit le monde contient en lui-même la raison de tout ce qui s'y passe.
Dieu n'est pas transcendant(extérieur et supérieur) au monde.
Il est le monde lui-même.
D.
- L'HOMME ET LA MORALE
L'homme n'est pour Spinoza qu'une petite partie de la nature.
Il est un mode fini de la substance infinie : nouspouvons nous le représenter sous deux aspects, sous deux attributs de la substance : un corps, c'est-à-dire untout petit fragment de l'étendue infinie, une âme, parcelle infime de la Pensée infinie.
Comme tous les êtres de lanature, l'homme se propose de «persévérer dans son être», c'est-à-dire d'augmenter sa puissance.
Mais n'oublions.
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