Spinoza: Etat et liberté d'expression
Publié le 18/04/2009
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Spinoza écrit ce texte en vue de défendre la liberté de penser et d’expression. Pour bien comprendre sa position, il fallait distinguer rigoureusement la liberté d’action, qui doit être nécessairement limitée, et la liberté penser et de s’exprimer qui est inaliénable. De fait, les hommes ont des opinions diverses, source de conflits lorsque, chacun croyant avoir raison, il agit à sa guise. Il est alors nécessaire, pour instaurer la paix dans la cité, que chacun renonce « à son droit d’agir suivant le seul décret de sa pensée «, c’est à dire à son gré. Il appartient au souverain de réguler les actions par des lois communes que tous doivent s’engager à respecter. Transgresser la loi revient en effet à fragiliser la paix qu’elle garantit. Par exemple, le non-respect des lois peut mener à la guerre civile. Cependant, cela n’implique pas que l’individu se dessaisisse également de sa liberté de penser et de s’exprimer : il ne cède que sa liberté d’agir selon sa pensée. Chacun reste libre, par exemple, de faire savoir qu’il considère une loi injuste, mais il doit, dans ses actions, respecter cette loi tant que le souverain la juge nécessaire.
«
B.
« il peut avec une entière liberté donner son opinion et juger et en conséquence aussi parler »
L'homme, pour vivre en société, abandonne son droit d'agir à sa guise, mais non son droit de penser, d'avoir desopinions, par exemples des convictions philosophiques ou religieuses.
Il a, par suite, également le droit de « parler »,d'exhiber publiquement ses idées, oralement ou par écrit.
Spinoza vise à préserver la laïcité qui suppose uneautonomie du politique par rapport au religieux et l'indépendance de la philosophie par rapport à la théologie (étudedes questions religieuses) et à la politique.
La garantie de ce droit de penser et de communiquer ses idées est unedes conditions majeures de la démocratie.
Question 3 – Proposition de plan détaillé
Introduction
Selon l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, « nul ne doit être inquiété pour sesopinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi ».
L'article 11ajoute : « La libre communication des pensées et des opinion est un des droits les plus précieux de l'homme ».
Maispeut-on tout exprimer ? Ne faut-il pas limiter la liberté d'expression au regard de certaines propagandes racistes,prônant haine et colère ? Si la liberté d'expression est un joyau, comme le notait Kant, peut-on définir ses limites oubien doit-on tout laisser dire ?
I – L'homme doit pouvoir s'exprimer librement
A.
La liberté est indivisible
Vouloir limiter la liberté d'expression est contradictoire : une liberté limitée n'est pas une liberté, mais une permissionencadrée.
Une loi réglementant l'expression est immanquablement une privation de liberté.
Par exemple, cettecontrainte formelle pourrait interdire la publication de certaines idées.
C'est ici la notion de censure qui estsoulevée, et cette notion est d'abord ressentie comme une atteinte à la liberté.
Bakounine, un penseur anarchiste,affirmait que la « liberté est indivisible ».
En ôter une partie, c'est finalement abolir la liberté même.
B.
La nécessité de la communication
Le dialogue est formateur : c'est par l'échange d'idées que se développe la pensée.
Pour mettre en commun desidées, il est nécessaire que celles-ci soient diverses et puissent s'exprimer.
Par l'échange, les interlocuteurss'enrichissent mutuellement.
La vérité suppose l'objectivité, impossible à obtenir seul : on risquerait alors lesolipsisme (fait d'être seul avec soi-même, enfermé dans ses pensées tant qu'on ne les confronte pas à cellesd'autrui).
On ne peut pas savoir si l'on pense bien quand on est seul.
C.
Les dangers de la pensée unique
Kant défend la liberté d'expression en ce qu'elle garantit la liberté de penser.
Dans Qu'est-ce que s'orienter dans lapensée ? il réfléchit aux conséquences de la censure, et en conclue que limiter la liberté d'expression revient à abolirla liberté de penser, puisqu'on ne peut penser véritablement qu'en confrontant ses idées à celles d'autrui.
Mais plusencore, censurer l'expression imposerait une pensée unique.
C'est le cas de tout Etat despotique qui censure lapublication intellectuelle et contrôle les médias.
La propagande refuse l'expression d'idées contraires afin de mieuxétablir sa domination.
II – Quelles limites envisager ?
A.
Les dérives possibles
Pour Spinoza, la paix exige la libre expression.
Cependant, on laisse ainsi la porte ouverte à des idées peuraisonnables et intolérantes.
S'exprimer, c'est exhiber ses idées, les rendre publiques, ce qui peut générerl'endoctrinement, la manipulation, le fanatisme : on doit limiter certaines expressions.
La tolérance n'est pas lelaxisme (laisser-aller).
La question est alors de savoir quels principes adopter pour garantir la liberté d'expression sans se heurter à sesdérives possibles ?
B.
Aspect moral et politique
La liberté des uns exige le respect de celle des autres.
Si l'on doit pouvoir s'exprimer, on ne doit pas en revancheporter atteinte à autrui.
La discrimination et la diffamation ne sont pas permises par une loi garantissant la liberté.Exprimer ce que l'on a dire ne doit pas porter préjudice à la dignité humaine.
De même, toute expression visant à déstabiliser la paix doit être censurée.
Si l'on exprime son désaccord face àl'injustice, ce doit être raisonnablement, en vue d'instaurer un dialogue avec le pouvoir, non pour le déstabiliser.
On.
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