Spinoza et la liberté
Publié le 11/01/2004
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II - LES GRANDES LIGNES DU TEXTE
Le texte se compose de trois parties.
Dans la première (premier alinéa), SPINOZA détaille deux niveaux de la contrainte (contrainte purement extérieure etcontrainte intériorisée).
Dans la seconde (première moitié du second alinéa), l'auteur évoque une aliénation strictement intérieure, liée àl'illusion.
Dans la dernière partie (depuis "On ira plus loin"), SPINOZA tire une conclusion générale sur les conditions d'unelibération véritable, qui suppose l'usage de la raison.
III - UNE DEMARCHE POSSIBLE
1 - SPINOZA conduit son lecteur vers une thèse morale et métaphysique grâce à une stratégie logique aisémentidentifiable : il semble poser un simple problème pratique et concret, celui de savoir comment réduire un homme àl'obéissance.
Cette question n'est cependant qu'un biais pour découvrir chez l'homme les conditions d'une véritable liberté.
En figurant d'abord la condition de l'esclave, SPINOZA incite l'esprit de son lecteur au souci de la liberté, et révèle lanature cachée de la bêtise et de l'illusion, qui sont elles aussi, et malgré les apparences, des formes d'esclavage.
L'auteur décrit donc dans un premier temps la condition la plus simple et la plus évidente de l'asservissement : lacontrainte directe exercée sur le corps.
Entraver les mouvements d'un corps et le priver factuellement de sa puissance permet de le posséder comme une"chose" dépourvue de liberté.
Mais à cette forme de contrainte, SPINOZA ajoute une forme plus subtile et plus médiate, elle aussi strictementconforme à l'expérience la plus concrète.
On peut, en effet, mettre un homme à sa merci, non pas par la contrainte véritable ou toute autre forme d'actionsur son corps, mais par la promesse ou la menace d'une telle action (bienfaits ou sévices à venir).
On peut illustrer cela par les ruses de Don Juan multipliant les fausses promesses à l'égard de ses conquêtes ou deson créancier Monsieur Dimanche, ou par ces menaces qui permettent aux racketteurs de s'enrichir.
Or, dans ces différents cas, celui qui aliène l'autre y parvient sans rien faire concrètement ou matériellement, maissimplement en créant un état d'esprit, une croyance.
En effet, le plus souvent, lorsque nous nous représentons une contrainte, nous ne faisons que croire à cettecontrainte, nous ne l'éprouvons pas directement.
Or cette croyance (crainte ou espoir) nous fait agir aussi bien, et à moindres frais, qu'une action réelle sur notrecondition matérielle.
2 - Cette démonstration n'est cependant pas l'objet véritable de l'analyse de SPINOZA : il s'agit d'introduire"naturellement" l'idée d'un asservissement de l'esprit, d'abord sous une forme aisément compréhensible etconcevable par tous (la crainte, l'espoir), pour pouvoir ensuite évoquer une forme plus méconnue et paradoxaled'asservissement de l'esprit, à savoir l'illusion.
"Même la capacité intérieure de juger" peut être asservie : il faut apercevoir la portée de cette formule, qui va au-delà des remarques du premier alinéa.
Persuader une homme, par le moyen de tels ou tels signes extérieurs, qu'ilencourt une menace, est une façon de modifier son état d'esprit pour en obtenir quelque chose.
Mais créer une illusion est autre chose : il s'agit de produire une croyance sans rapport logique avec les causesobjectives de cette croyance.
Si, par exemple, je fais perdre à quelqu'un ses moyens physiques ou intellectuels enl'humiliant, j'aurai acquis une emprise en créant une illusion, celle de son infériorité ou de son incapacité.
Je n'aurai même plus besoin, alors, de le menacer pour le dominer.
3 - On peut trouver bien d'autres exemples d'illusions, qui tous auront en commun de diminuer la liberté du sujet ens'appuyant sur deux choses :.
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