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Sommes-nous maîtres de nos désirs ?

Publié le 27/02/2005

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.. »               Pour Descartes, il s'agit donc de choisir ses désirs parmi ceux qui sont possibles ou réalisables dans la mesure où ils sont en adéquation avec la nature. Donc, il s'agit d'accorder désir et raison en éloignant ce qui n'est pas raisonnable.             III - Le désir comme essence de l'homme   Spinoza, Ethique, Livre III :               « Toute chose s'efforce - autant qu'il est en son pouvoir - de persévérer dans son être.             L'effort par lequel toute chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien d'autre que l'essence actuelle de cette chose.             Cet effort, en tant qu'il a rapport à l'âme seule, s'appelle : Volonté. Mais lorsqu'il a rapport en même temps à l'Ame et au Corps, il se nomme : Appétit. L'appétit, par conséquence, n'est pas autre chose que l'essence même de l'homme, de la nature de laquelle les choses qui servent à sa propre conservation résultent nécessairement ; et par conséquent, ces mêmes choses, l'homme est déterminé à les accomplir. En outre, entre l'appétit et le désir il n'existe aucune différence, sauf que le désir s'applique, la plupart du temps, aux hommes lorsqu'ils ont conscience de leur appétit et, par suite, le désir peut être ainsi défini : « le désir est un appétit dont on a conscience. » Il est donc constant, en vertu des théorèmes qui précèdent, que nous ne nous efforçons pas de faire une chose, que nous ne voulons pas une chose, que nous n'avons non plus ni l'appétit ni le désir de quelque chose parce que nous jugeons que cette chose est bonne ; mais qu'au contraire bous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, que nous la voulons, que nous en avons l'appétit et le désir. »                Pour Spinoza, le désir constitue notre nature, notre essence.

Le désir est un mouvement qui, au-delà du besoin en tant que tel, nous porte vers une réalité que l'on se représente comme une source possible de satisfaction.

            Mais ce désir est-il maîtrisable ? Dans la mesure où il est un mouvement dont l'individu est conscient, on peut supposer que l'on peut en être maître. Cependant, ce n'est pas l'impression que l'on a au premier abord ; on ressent plutôt comme une pression extérieure de la part des désirs.

 

« 2) Changer ses désirs Descartes, Discours de la méthode, IIIe partie : « Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à ma vaincreque la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde ; etgénéralement de m'accoutumer, à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrementen notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons faitnotre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce quimanque de nous réussir est eu regard de nous absolument impossible.

Et ceciseul me semblait être suffisant pour m'empêcher de rien désirer à l'avenir queje n'acquisse, et ainsi pour me rendre content : car notre volonté ne seportant naturellement à désirer que les choses que notre entendement luireprésente en quelque façon comme possibles, il est certain que si nousconsidérons tous les biens qui sont hors de nous comme également éloignésde notre pouvoir, nous n'aurons pas plus de regret de manquer de ceux quisemblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sansnotre faute, que nous avons de ne posséder pas les royaumes de Chine ou deMexique...

» Pour Descartes, il s'agit donc de choisir ses désirs parmi ceux quisont possibles ou réalisables dans la mesure où ils sont en adéquation avec lanature.

Donc, il s'agit d'accorder désir et raison en éloignant ce qui n'est pasraisonnable. Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » (« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature). Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il faut savoir qu'elle fait partie d'une morale« par provision », c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes , mais s'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie et de l'action, alors même que la raisonet la recherche recommandent la prudence. Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par une démarche aussi singulière que révolutionnaire.

Afin de parvenir à une certitude absolue etindubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en cause la totalité de ses opinions.

Pour parvenir « à la connaissance vraie de tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il avait cru.

Dans les « Méditations », il décrit ainsi son attitude : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de songes me représente ; je pense n'avoir aucun sens… ». Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pour but de détruire le « palais » de l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des sciences sur le roc de la certitude. Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire unenouvelle, où vais-je loger ? « Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre […] il faut aussis'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera. » Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des autres, sur quels principes vais-je régler mes actes, moi qui rejette tous les principes ? Sur quels critères vais-jechoisir d'agir, pendant que je doute de tout ? La démarche intellectuelle de Descartes l'oblige à être irrésolu en ses jugements, de tout passer au crible du doute, mais « les actions de la vie ne souffrent aucun délai .

» « Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mesjugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors aussi heureusement que je pourrais, je formais une moralepar provision. » La morale par provision consiste à se donner des règles d'action, temporaires et révisables, pour vivre et agir defaçon décidée et résolue, alors même que le doute me contraint à ne rien admettre pour vrai.

On est là à unmoment très particulier de la démarche cartésienne ; un moment où le divorce est possible entre raison & action.Ce qui prime dans l'ordre de la connaissance c'est la vérité.

Et elle impose le doute, la patience, la circonspection.Ce qui prime dans l'action, c'est la résolution, c'est de savoir prendre partie s'y tenir face à l'urgence de la vie.

Lamorale par provision ne correspond qu'à un moment précis de la vie : celui où j'entreprends une réforme intellectuelletotale alors même qu'il me faut continuer à agir.. »

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