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Sommes-Nous Les Auteurs Et Les Maîtres De Nos Désirs ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          Le sage et prudent Ulysse passant au large des sirènes, demande à ses compagnons de l'attacher au mat du navire. Au sein de cet acte, nous pouvons déceler deux mouvements contradictoires : d'une part le désir lancinant d'entendre les sirènes est par trop incoercible pour qu'Ulysse y puisse résister, mais d'autre part, il se veut attaché au mat pour pouvoir ne pas y céder. Y céder, en effet, signifierait la perdition. -          Remarquons qu'Ulysse ne s'estime pas assez fort pour résister de lui-même à ce charme. Il sait que sa volonté ne sera pas assez forte pour vaincre le désir. Aussi s'attache-t-il, non par des liens de sa volonté propre, mais par des attaches matérielles, de cors : il demande à d'autres de l'attacher. -          Le désir est ce par quoi l'homme est ouvert à la dimension du possible et de l'imaginaire. Traçant des lignes de faille dans la plénitude du réel, il y introduit l'absence. Tout à tour destructeur et entreprenant, le désir met le monde en chantier. Mais en sommes-nous réellement les auteurs ? Ou pour le dire autrement est-ce que le sujet conscient est identique au créateur, au producteur de désir ? Cela supposerait qu'on désirerait presque par décision, par délibération. Ce qui, reconnaissons le, n'est pas le cas. -          L'ascétisme figure l'idéal d'une humanité enfin délivrée du désir et nous rappelle que si l'homme est attaché à ses désirs comme à l'expression de sa vie même, il est tout aussi pressé de s'en débarrasser. Que signifie donc cet empressement, positif ou négatif ? Ne doit-on pas justement reconnaître que le désir est maître de nous plutôt que nous le dominions ? -          Il s'agit d'emblée de remarquer que le sujet pose en réalité une double question qui ne se pas réductible l'une de l'autre : d'un côté on nous demande de savoir si nous sommes effectivement les auteurs de nos propres désirs ; et de l'autre on nous demande de penser si nous en sommes les maîtres. L'un semble en réalité l'effet du premier. Car peut-on être maître de quelque chose qui justement ne dépend pas de nous ? Il faut donc garder à l'esprit le rapport qui unit auteur et maître pour ne pas réduire la signification et les enjeux d'un tel sujet. -          Remarquons par ailleurs que la nature du désir est en elle-même contradictoire : le désir veut et ne veut pas être satisfait. Il y a une ambiguïté foncière du désir par rapport à son objet : qu'est-ce que le désirable s'il n'est plus désiré ? Loin d'être sa négation, l'interdit ou l'ascèse pourraient bien, au contraire, en être la condition. -          Débordant de toutes parts des bornes qu'on lui assigne, le désir semble illimité et c'est cette démesure qui, d'abord, le rend problématique. -          Au fond, ce qui est mis à la question ici, c'est précisément le rapport de l'homme à son désir. Si donc nous ne sommes pas les auteurs - au sens fort du terme qui implique une véritable conscience - alors est-il encore possible de la maîtriser ? C'est donc la nature même du désir, la définition de son essence propre qui est ici en jeu.     Problématique               Pouvons-nous légitimement affirmer que nous sommes les auteurs, au sens conscient et actif du terme de nos désirs ? Et par là y a-t-il une maîtrise possible de nos désirs ? Suis-je maître de mes désirs ou me tyrannisent-ils ? En réalité, il s'agit d'apercevoir le lien nécessaire qui unit ici être l'auteur et être le maître pour tenter de dégager la nature, l'essence même du désir. Si nous ne saurions légitimement être auteurs et maîtres de nos propres désirs, alors que reste-t-il de l'homme comme sujet acteur et libre ?

Les désirs sont présentés comme des forces agissantes, mais sur lesquelles la question de notre contrôle se pose. Donc ils peuvent être assimilés à quelque chose en quoi on ne se reconnaît pas, ou qui agit malgré nous, voire qui nous fait sortir de nous-mêmes. Cette question toute simple cache en fait un double niveau de problème. D'abord, avons-nous la force ou le pouvoir de dominer nos désirs et, si oui, par quelle faculté, selon quel procédé, et jusqu'à quel point ? Ou ne sommes-nous pas soumis aux désirs sans alternative possible ? Et, dans ce cas, quelles sont les conséquences ? D'autre part, avons-nous une autorité sur nos désirs ? Sommes-nous capables de juger s'ils sont aptes à nous donner le bonheur ou pas ? Et devons-nous toujours en assumer la responsabilité ? Transition : Derrière ces interrogations se profile la figure du sage, toujours maître de ses actes et pleinement en accord avec lui-même.

« Mais, même entretenu et favorisé comme un enfant chéri, le désir reste le signe de notre dépendance : quelsque puissent être sa vigueur et ses effets, il est toujours ignorance de soi-même, de son objet, de sesvéritables fins.Telle la colère ou la peur, le désir n'est-il donc qu'une sorte d'exaltation ou d'émotion délibérément entretenuet prolongé ? Il semble pourtant qu'il y ait une différence fondamentale entre l'émotion et le désir.

L'émotionest impérieuse mais passagère et capricieuse.

Le désir, au contraire, prend du temps pour s'enracine ; de plusil réfléchit pour atteindre son but.

On comprend alors en ce sens que le désir n'est pas antinomique avec toutenotion de maîtrise : il est maîtrise en ce sens qu'il contrôle lui-même, selon un rythme certes élevé, les moyensde parvenir à sa fin.

En tant qu'il vise un but précis, le désir est maîtrise, maîtrise interne qui certes peut faireperdre au sujet passionné la maîtrise de soi.

Le désir semble donc être auteur et maître de lui-même.

En tantqu'il vise un but précis, le désir est maîtrise, maîtrise interne qui peut faire perdre au sujet passionné la maîtrisede soi.

II- A quelles conditions puis-je être à la fois l'auteur et le maître de mes désirs Le désir, parce qu'il est représentation, dépend de nous, tandis que la fortune, les biens matériels ou la gloirene dépendent pas de nous.

Apprendre à vouloir ce que l'on peut, telle est la pédagogie du désir qui rendl'homme à lui-même et transforme ses désirs épars et affaiblis en une volonté unique et efficace.

Telle est laméthode prônée par les stoïciens . L'épicurisme, quant à lui, opère la distinction entre désirs naturels et désirs vains ou non naturels (peur de lamort qui conduit à la quête insensée de biens illusoires).

Accepter de jouir, jouir du présent, mais aussi savoirse contenter, tel est l'idéal d'une sagesse humaine à notre portée, la voie d'un bonheur possible fondé sur lapaix intérieure et l'harmonie avec soi-même.

« Il faut en juger chaque fois, en examinant et en comparantavantages et désavantages, car parfois nous traitons le bien comme le mal, parfois au contraire le mal commele bien.

» (Lettre à Ménécée, Epicure ). On comprend néanmoins dans les deux éthiques différentes qu'impliquent le stoïcisme et l'épicurisme qu'il y aune tentative de reprise en main de ses désirs, de re-possession de soi.

Nous pouvons, à condition d'un travailréfléchi sur le désir brut – voire brutal – être les auteurs mais aussi, et plus profondément encore, les maîtresde nos désirs.

Il apparaît alors que la condition de possibilité pour être maître de ses désirs est encore d'enêtre l'auteur et réciproquement.

Il semble donc bien y avoir une relation de nécessité entre les deux.Il semble donc, en mettant le désir à distance et en l'analysant, que l'on puisse se réapproprié son propre désiret s'en rendre maître.

C'est précisément ce à quoi sert, notamment la sagesse selon Descartes .

« La sagesse est principalement utile en ce point qu'elle enseigne à s'en rendre tellement maître et à les ménager avec tantd'adresse, que les maux qu'elles causent sont fort supportables, et même qu'on en tire de la joie de tous »Traité de passions, art.

212.Spinoza voit dans le désir une puissance positive d'affirmation de soi.

Le désir est alors la source de toute évaluation, la mise en relief du monde à partir des valeurs qu'il produit.

Ainsi, c'est parce que nous désirons unechose que nous la jugeons bonne et non l'inverse – ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous ladésirons (Ethique, III, proposition 9).

Le désir exprime ici l'essence de l'homme.

Il est donc pleinement l'auteur,voire le créateur, de ses désirs qui sont eux-mêmes donation de valeur.Le désir peut, dans cette perspective, être défini comme une forme : « Cette forme exprime seulement ceciqu'un sujet a placé tout l'intérêt vivant de son esprit, de son talent, de son caractère, de sa jouissance dansun seul contenu » ( Hegel , Précis de l'Encyclopédie des Sciences humaines, 3 e partie, 1 re section).

Cependant, vidée ainsi de toute détermination particulière, le désir hégélien, conçue comme tendance spirituelle d'uneconscience tout entière absorbée par sa fin, s'apparente de plus en plus à la « force de l'âme ».

N'y a-t-il pas,dès lors, un risque de confusion entre le désir et la vertu ? Volonté et désir impliquent l'un et l'autre uneconstance dans les desseins, une polarisation de la conscience sur un objet qui a été posé et valorisélibrement (l'amour du savant pour la vérité, celui de l'homme d'action pour la liberté ne sont-ils pas des désirsactif, volontaires ?).

Cependant, tandis que le choix volontaire suppose un équilibre relatif de nos tendances, lechoix passionnel traduit une rupture de cet équilibre.Même entretenue et favorisée comme un enfant chéri, le désir reste le signe de notre dépendance : quels quepuissent être sa vigueur et ses effets, il est toujours ignorance de soi-même, de son objet, de ses véritablesfins.Telle la colère ou la peur, le désir n'est-il donc qu'une sorte d'exaltation ou d'émotion délibérément entretenuet prolongé ? Il semble pourtant qu'il y ait une différence fondamentale entre l'émotion et le désir.

L'émotionest impérieuse mais passagère et capricieuse.

Le désir, au contraire, prend du temps pour s'enracine ; de plusil réfléchit pour atteindre son but.

On comprend alors en ce sens que le désir n'est pas antinomique avec toutenotion de maîtrise : il est maîtrise en ce sens qu'il contrôle lui-même, selon un rythme certes élevé, les moyensde parvenir à sa fin.

En tant qu'il vise un but précis, le désir est maîtrise, maîtrise interne qui certes peut faireperdre au sujet passionné la maîtrise de soi.

Le désir semble donc être auteur et maître de lui-même. III- Le désir comme construction de la subjectivité et comme ouverture à autrui. · Il peut ainsi y avoir une vérité du désir qui se forge dans une maîtrise inconsciente et innocente : c'est cette signification que Schopenhauer se propose d'interpréter de façon tout à fait originale.

Dans le désir amoureux, l'élection de tel ou tel individu est, d'après lui, loin d'être accessoire.

L'objet est aimé avant mêmed'être connu, ou encore connu avant même d'être aimé : tel est le paradoxe du coup de foudre.

Pourcomprendre un choix apparemment si obscur, il suffit de le rapporter à son but véritable, l'être à procréer, en. »

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