Sommes-nous dans le temps à la manière de tous les êtres temporels ?
Publié le 08/01/2004
Extrait du document


«
L'objet qui sort de chez son fabricant est neuf, puis on l'utilise et enfin soit il se casse, soit il ne peut plus assumersa fonction première.
Quant à l'homme, il naît puis vit tout d'abord en pleine forme puis peu à peu il se sent moinsdynamique, redevient dépendant, puis meurt.
Aussi êtres vivants et choses se dégradent, les choses s'usent, leshommes meurent : tout disparaît avec le temps.
En fait toute existence temporelle est menacée par la mort carlivrée au temps, elle subit la temporalité, son devenir jusqu'à sa fin ultime.
On le voit bien, hommes et chosesdisparaissent sans que nous ne puissions rien y faire ; c'est ainsi qu' Épicure écrit : « En ce qui concerne la mort, nous habitons tous...
une cité sans défense.
» En effet, nous sommesdépourvus de moyens pour lutter contre ce phénomène naturel qu'est la mort.D'ailleurs cela est facilement compréhensible Dieu seul serait éternel, maistoute existence temporelle est mortelle.D'ailleurs, R.
Descartes a montré que c'est la conscience de Dieu, del'Infiniment Autre qui est au fondement de la conscience de notre finitude.Ainsi, la naissance d'un être temporel entraîne nécessairement sa mort.Si l'on considère au contraire comme Nietzsche que le temps est cyclique,l'homme reste comme la chose dans le temps.
Tout étant en nombre fini dansle monde, tout est appelé à réapparaître c'est l'hypothèse de l'éternel retourdes choses.
Dans ce cas, l'homme est un simple élément parmi d'autrespuisque aucun projet ne peut être significatif dans un tel temps : l'hommedevient chose.Mais si l'homme semble à première vue dans le temps de la même façon quetous les êtres temporels, qu'en est-il réellement? L'homme n'est-il pas dans letemps d'une manière qui lui est propre? A la fois conscient du temps,conscience qui lui permet de lier passé, présent, futur et en quelque sorteinchangeant dans le temps, n'y a-t-il pas une temporalité spécifique àl'homme ?
Étudions en quoi nous pouvons dire que, certes, l'homme est dans le temps,mais d'une manière qui lui est propre. Tout d'abord, si l'homme est dans le temps comme les animaux et les choses, lui, il en est conscient.
Ainsi, dans lamesure où il est conscient, l'homme n'est plus simplement dans le temps une chose.
La conscience l'élève ainsi «infiniment au-dessus de tous les êtres ».
En effet, je suis conscient de n'avoir pas été, d'être en ce momentprésent, et que je ne serai plus.
Je sais en particulier que je suis mortel et donc que nécessairement après avoirvécu temporellement je basculerai dans l'intemporalité qu'est la mort.
Je me sens ainsi personnellement concerné parla menace de la mort car je suis conscient de ma finitude.
C'est ainsi que Pascal écrit que même si l'homme envenait à être écrasé par l'univers, il serait «plus noble que ce qui le tue parce qu'il sait qu'il meurt ».
Seul l'hommepeut assister vivant à sa dégradation, comprendre que sa fin est proche.
C'est pourquoi lui seul peut ressentir unecertaine angoisse face à son mourir.D'autre part, grâce à sa conscience, l'esprit unit les différentes phases du temps.
D'ailleurs qu'est-ce que le présentsi ce n'est un retour sur ce qui fut « une perception du passé immédiat » et projection vers ce qui va se produire,«détermination de l'avenir immédiat » comme le qualifie Bergson.
La conscience permet un retour en arrière dans letemps ainsi qu'une anticipation dans l'avenir.
Ainsi, en ce moment présent je peux me lier au passé grâce à mamémoire, c'est-à-dire ma conscience elle-même.
Seul l'homme a cette faculté de « conservation et d'accumulationdu passé dans le présent » comme le soulignait Bergson.
Lui seul peut se souvenir spirituellement de ce qui fut et n'est plus : en effet, après la mort d'un proche, même si ce dernier n'est plus ence moment présent, je peux toujours intérioriser le souvenir du mort D'autrepart, contrairement aux animaux qui oublient leur passé, l'homme le conserve enmémoire et peut même souffrir de ce qui n'est plus.
En effet, regrets, remordsfont que le pansé peut parfois être un fardeau pour l'homme.
En ce qui concernel'anticipation vers l'avenir, elle est rendue possible elle aussi par la conscienceen ce sens que «toute conscience est anticipation de l'avenir », comme l'a ditBergson.
Ainsi chose ou animal, dépourvus de conscience, se contentent d'êtrece qu'ils sont alors que les hommes dépassent le présent et se projettent dansle futur : ils s'occupent certes du présent mais en vue de l'avenir.
Pour montrerla supériorité de l'être doté d'imagination, Baudelaire a ainsi écrit : sansimagination, le guerrier « ne fera pas de conquêtes », le diplomate « ne devinerapas les traîtres et les alliances contenus dans l'avenir » ; ils seraient doncréduits à ce qui est et non ce qui sera.
Ainsi seul l'homme peut lier le présent aupassé et au futur.D'autre part, alors que chez les choses et animaux, tout est emporté par le fluxdu temps, l'homme se veut en quelque sorte, en partie, éternel.
Expliquons-noussur ce point.
Nous avons vu qu'au cours du temps tout ce qui est temporelsemblait être altéré.
Cependant une partie de l'homme demeure inchangée,permanente malgré le temps qui passe : il s'agit de la fonction intelligente qu'estl'âme qui participe de l'éternité des essences.
Cette intelligence parente desvérités éternelles est en fait intemporelle.
N'y aurait-il pas transcendance de ma conscience sur le temps ? En effetla pensée peut se mettre à distance de toute chose temporelle et, en pensant sa disparition, la transcender.Cependant la partie corporelle de l'homme et son âme sensitive sont soumises au devenir, comme tout êtretemporel..
»
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