Situation du texte dans L'Etre et le Néant - 1re partie, chapitre II - Sartre (commentaire)
Publié le 03/01/2020
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supprimant, elle ne peut donc se révéler elle-même que dans le conflit. Mais la conscience est aussi traquée dans le monde par les autres consciences, qui sont déjà là dans le monde quand elle les vise : toute conscience est une transcendance déjà transcendée par la conscience d’autrui, puisque nier autrui, c’est reconnaître qu’il était déjà là. La présence d’autrui signifie donc pour toute conscience une toujours possible mise en échec de sa transcendance par l’autre. La transcendance n'est donc possible pour la conscience humaine qu’accompagnée des dimensions du conflit et de l’échec. C’est pour nier ces dimensions, pourtant nécessaires, qui la déstabilisent, que la conscience aura recours à la mauvaise foi.
Toute conscience de quelque chose est en même temps conscience d’elle-même
Toute conscience est conscience de son objet, et elle ne peut jamais être objet pour elle-même. Elle ne peut pas se saisir elle-même. Par exemple, un sprinter qui voudrait se voir partir sur l’écran géant du stade, sur lequel défilent les images en direct du départ de la course, serait condamné à manquer son départ. Tout comme ce sprinter, la conscience ne peut jamais viser l’image de son propre effort, elle ne peut jamais prendre son propre mouvement intérieur pour objet.
Et pourtant la conscience existe pour elle-même comme conscience. Elle est existence pour soi, dit Sartre, ou présence à soi. Mais c’est une présence immédiate, irréfléchie à soi, qui n’a jamais la valeur d’une connaissance de soi : cette présence immédiate à soi, Sartre l’appelle le « cogito pré-réflexif ». Cela signifie qu'avant toute réflexion, la conscience doit être présence spontanée à soi pour exister comme conscience dans toutes ses activités : percevoir, se souvenir, imaginer, aimer... Percevoir, c'est poser un objet dans son extériorité ; se souvenir, c’est poser une représentation mentale comme élément de mon passé ; imaginer, c’est poser comme présence fictive une absence d’objet. Dans toutes ses activités, dit Sartre, la
La conscience existe en s’opposant au monde des choses
De quoi est faite cette conscience ? Quelle est sa composition, sa substance ? Sartre pense avec Husserl (le fondateur de la phénoménologie) que la conscience précisément n’est pas une substance, c’est-à-dire une chose ayant sa consistance et sa permanence données dans l’espace et dans le temps.
Une chose, en effet, est fermée sur elle-même, munie à tout instant d’une forme et d'un contenu déterminés, et elle est enfin un objet purement passif pour les consciences qui la perçoivent : elle est en elle-même ce qu’elle est, rien que ce qu’elle est et tout ce qu’elle est. La chose obéit donc au principe d’identité, elle est un « être-en-soi », dit Sartre.
La conscience est, pour Sartre, tout le contraire d’une chose : elle est constamment ouverte sur autre chose qu’elle (sur le monde), elle n’a ni forme ni contenu déterminés, et enfin elle n’a jamais la pure passivité de l'objet : toute conscience établit des rapports avec elle-même, elle s’apparaît comme pure activité à elle-même, et d’autre part elle est saisie par les autres consciences comme un étrange objet doué d’activité interne.
Supposons, par exemple, que j’observe dans une vitrine de magasin un objet qui me plaît, que je désire posséder : l'objet, lui, est ce qu'il est, il n’entretient de rapports ni avec lui-même ni avec moi, et mon désir de lui ne l’affecte pas. Alors que ma conscience, pour exister comme conscience désireuse de cet objet, implique en elle-même cet objet pourtant extérieur à elle, elle est hantée par cet objet désirable qu’elle n’est pas, et c’est seulement par ce mouvement qui la porte au-delà d’elle-même qu’elle peut exister.
Si la chose est ce qu'elle est, et si la conscience est tout le contraire d’une chose, alors il est par principe impossible à la conscience d'être ce qu'elle est: la réalité humaine, du fait qu’elle est conscience, est ce qu'elle n’est pas et n’est pas ce qu’elle est. A tout moment, elle vise et se représente ce qu’elle n’est pas : les données du monde. Mais elle est toujours au-delà de ses moments par
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La conscience existe en s'opposant au ~onde des choses
De quoi est faite cette conscience ? Quelle est sa compo
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dateur de la phénoménologie) que la conscience précisé
ment n'est pas une substance, c'est-à-dire une chose ayant
sa consistance et sa permanence données dans l'espace
et dans le temps.
Une chose, en effet, est fermée sur elle-même, munie
à tout instant d'une forme et d'un contenu déterminés,
et elle est enfin un objet purement passif pour les cons
ciences qui la perçoivent: elle est en elle-même ce qu'elle
est, rien que ce qu'elle est et tout ce qu'elle est.
La chose
obéit donc au principe d'identité, elle est un (( être-en-soi >>,
dit Sartre.
La conscience est, pour Sartre, tout le contraire d'une
chose :
elle est constamment ouverte sur autre chose
qu'elle (sur le monde), elle n'a ni forme ni contenu déter
minés, et enfin elle n'a jamais la pure passivité de l'objet :
toute conscience établit des rapports avec elle-même, elle
s'apparaît comme pure activité à elle-même, et d'autre
part elle est saisie par les autres consciences comme un
étrange objet doué d'activité interne.
Supposons, par exemple, que j'observe dans une vitrine
de magasin un objet qui me plaît, que je désire posséder :
l'objet, lui, est ce qu'il est, il n'entretient de rapports ni
avec lui-même ni avec moi, et mon désir de lui ne l'affecte
pas.
Alors que ma conscience, pour exister comme cons
cience désireuse de cet objet, implique en elle-même cet
objet pourtant extérieur à elle, elle est hantée par cet objet
désirable qu'elle n'est pas, et c'est seulement par ce mou
vement qui la porte au-delà d'elle-même qu'elle peut
exister.
Si la chose est ce qu'elle est, et si la conscience est tout
le contrair.e d'une chose, alors il est par principe impos
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à la conscience d'être ce qu'elle est: la réalité
humaine, du fait qu'elle est conscience, est ce qu'elle n'est
pas et n'est pas ce qu'elle est.
A tout moment, elle vise
et se représente ce qu'elle n'est pas: les données du
monde.
Mais elle est toujours au-delà de ses moments par
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