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S'il n'y a de science que du mesurable, peut-on parler de « sciences humaines » ?

Publié le 15/06/2004

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A l'origine de la pensée, la science n'était pas véritablement séparée de la philosophie et cette distinction ne s'est faite que très tardivement. Au XVIIIème siècle, on parlait encore ainsi de philosophie de la nature pour évoquer la science qui étudiait les phénomènes naturels. Etymologiquement, le terme « science » vient du latin scientia qui renvoie au savoir dans sa généralité. Chez les Grecs, la science était la connaissance supérieure, universelle et théorique et cette connaissance éminente n'était autre que la philosophie. Le mot a pris une acceptation beaucoup plus restreinte avec l'avènement de la science moderne. Elle repose alors sur des critères précis de vérification visant ainsi une objectivité des résultats. Le statut de ce qu'on appelle science humaine est ainsi très controversé. On regroupe sous cette appellation les recherches qui cherchent à rendre compte de la spécificité de l'humain. On ne prend donc pas en compte ici la biologie, la physiologie qui étudie le vivant et non pas les seuls êtres humains. On appelle sciences humaines les disciplines telles que l'histoire, la psychologie, la sociologie en ce qu'elles prennent pour objet d'étude les actions et comportements de l'homme. Si le but de la science est de faire des mesures pour ensuite formuler des lois, on ne voit pas en effet comment quantifier la vie des hommes. Les hommes sont des êtres de sens et ce dernier ne semble absolument pas réductible à des mesures. Les sciences de la nature telles que la physique ou la chimie peuvent s'arrêter au poids de leur objet d'étude, à sa vitesse, à sa quantité. Ces mesures permettent à leur tour de formuler des lois et de calculer des prévisions. Le verbe « pouvoir » de l'intitulé renvoie à deux notions différentes : d'une part à la possibilité, au pouvoir de faire une chose et d'autre part, au droit moral de le faire. Il s'agit donc ici de savoir si il est possible d'intituler les savoirs concernant l'homme de science. Il semble alors que le terme même de « science » semble inadéquat pour évoquer les disciplines qui prennent l'homme pour objet d'étude. Cependant, n'est-il pas possible d'introduire dans ces domaines des méthodes qui prennent appui sur des données quantifiables ? Ainsi, ne peut-on pas recueillir grâce aux statistiques des savoirs concernant l'existence humaine ? Cependant, faire cela, c'est considérer que l'homme ne diffère foncièrement pas des autres objets et êtres sur la terre. Peut-on véritablement évacuer le sens d'un vécu humain ? N'est-ce pas barbare et dangereux de vouloir des sciences humaines des sciences comme les autres ? Le savoir qu'apporte les sciences humaines n'est-il pourtant pas réel ? Ne faudrait-il pas alors repenser le terme de science ?

« un processus de compréhension.

Mais qu'est ce que comprendre ? Dilthey donne cette définition dans l'ouvrage Le monde de l'esprit : « Nous appelons compréhension le processus par lequel nous connaissons un « intérieur » à l'aide de signes perçus de l'extérieur par sens [...] le processus par lequel nous connaissons quelque chose de psychique àl'aide de signes sensibles qui en sont la manifestation.

»C'est appréhender une signification, c'est ressaisir, del'intérieur, le sens de l'expérience vécue propre à un sujet.

Si je désire, par exemple, expliquer la nuit du 4 août1789( où les trois ordres assemblés abolissent les privilèges), je dois essayer d'appréhender intérieurement le vécupsychologique des agents historiques.

Sans cet outil de compréhension, nul moyen d'expliquer le phénomènehistorique.

De même pour essayer de comprendre un meurtre, je dois essayer de voir ce qui s'est passé dans la têtede l'assassin.La compréhension du sens semble donc indispensable aux sciences qui étudient les phénomènes humains.

Aucontraire, l'explication est requise pour les sciences de la nature.

Expliquer, c'est trouver de l'extérieur un rapportentre les choses.

Comprendre, c'est, par intuition coïncider avec des états vécus.Il y a donc dans la compréhension une tentative de saisie de sens, une sorte de rapprochement des consciences quiinclut la subjectivité de la personne.

On ne peut pas juste se contenter d'être extérieur, de ne prendre en compteque les aspects extérieurs.

De fait, la méthode propre aux sciences humaines semble plutôt être l'interprétation.L'interprétation cherche à rendre clair un sens qui était premièrement caché ou obscur.

Elle est souvent dévaloriséeparce qu'elle est sujette à quelques délires comme le montre le paranoïaque mais surtout aucune véritablevérification objective ne peut venir clore sa recherche.

De fait, si la réalité humaine ne peut s'appréhender qu'àtravers compréhension et interprétation, il semble impossible de la lier à une science du mesurable.

Le sens ne semesure pas, il se comprend.

II L'homme peut être considéré de l'extérieur et réduit à des nombres 1.

Les données statistiques Les sciences humaines sont nées au début du XIXème siècle.

Comme le montre Michel Foucault, c'est parce quel'idée d'homme est une idée récente dans le champ du savoir.

Il ne s'agit pas de parler de nature humaine mais del'homme en tant qu'activité dont il est possible d'étudier l'organisation et les lois.Les sciences humaines ont été très tôt fascinées par le modèle physique qui pouvait prétendre à mesurer, àuniversaliser et à prévoir.

Il faut dire aussi que le seul moyen pour elles de se faire reconnaître et de s'imposer étaitde se rapprocher de ces méthodes.

Pour se constituer en tant que science objective et à part entière, elles ontesquissées plusieurs méthodes.

Elles ont repris le schéma que suivent les autres sciences : il s'agit d'élaborer sarecherche selon trois moments : l'observation, la mesure et l'expérimentation.

Ainsi, en science physique, onobserve la chute d'un corps, on élabore une théorie ou une loi, on mesure la hauteur et le poids de l'objet et ensuiteon voit à travers l'expérimentation si la chute suit la loi qu'on avait élaborée et si les données correspondent auxprévisions.

Comment cela est-ce possible pour les sciences humaines ? C'est ce que nous allons essayer de voir.Auguste Comte, à travers son Cours de philosophie positive , distingue trois âges dans l'évolution de l'humanité : l'âge mythologique à travers lequel les causes des phénomènes sont attribués à , l'âge religieux et l'âge de l'hommemûr, celui de la science.

Il s'agit pour Auguste Comte de rendre compte de tous les phénomènes par l'établissementde lois qui rendent compte des effets grâce à des causes.

Bien loin d'éloigner les sciences qui traitent de l'homme,Auguste Comte entend faire de la sociologie la science reine et donc de réduire l'homme à une chose naturelle quipeut être expliquée.S'il ne peut mener son projet à bien, un de ses successeurs, Durkheim reprendra ces principes à son compte etétablira le projet d'une sociologie explicative.

Son ouvrage très célèbre sur le suicide entend suivre la méthodeétablie.

Durkheim s'interroge sur les facteurs qui poussent au suicide.

Il envisage d'abord les facteurs extra-sociaux,comme par exemple la race, l'hérédité, les facteurs cosmiques, l'imitation, etc… Il travaille à partir des nombres desuicide selon la catégorie, le moment de la journée, etc… En interprétant des tableaux statistique, Durkheim montreen autre que le climat et la température n'ont aucune incidence réelle sur le nombre de suicide.

Ce dernier fluctuedans certaines régions alors qu'elles sont soumises à une même température ou à un même climat.

Il ne découvredonc aucune relation.

Par contre, il s'aperçoit que le nombre de suicide est en corrélation avec la longueur des joursou même avec les jours de la semaine.

Il remarque ainsi qu'on se suicide plus en été quand les jours sont plus longset que le nombre de suicide est plus important le matin et l'après-midi.

Les idées reçues voudraient que l'hiver soit lapériode la plus triste et donc la plus propice au suicide et que les individus pensent plus à se supprimer les soirs queles après-midi.

Durkheim travaille donc à partir de véritables données chiffrées et fort de ces observations élaborentl'hypothèse que le suicide est influé par la pression sociale.

On voit donc que Durkheim suit la méthode des autressciences : il est observe et relève des chiffres quand au phénomène qu'il veut observé puis il élabore une loi.Cependant, l'expérimentation s'avère un point épineux dans les sciences humaines.

On voit mal Durkheim essaied'expérimenter sur des êtres humains si c'est bien la société qui rentre en ligne de compte dans son geste. 2.

L'homme est une chose Mais ce traitement de l'homme nécessite qu'on le considère comme les autres choses et qu'on ne lui attribue pasune supériorité due à la conscience.

En effet, la base de la méthode de Durkheim et de Comte repose surl'identification de l'homme à des choses matérielles.

Durkheim s'en explique très clairement dans Règles de la méthode sociologique : « la proposition d'après laquelle les faits sociaux doivent être traités comme des choses - proposition à la base même de notre méthode – est de celles qui ont provoqué le plus de contradictions.

» On levoit, c'est bien la base de la sociologie.

Durkheim s'explique plus loin sur ce qu'il entend par chose : « la choses'oppose à l'idée comme ce que l'on connaît du dehors à ce que l'on connaît du dedans ».

L'homme se présent donc. »

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