Sido de Colette
Publié le 30/03/2013
Extrait du document
Dans Sido, la narratrice se remémore son enfance et sa mère, la découverte posthume du père au début de l'âge adulte et l'accompagnement des frères de l'adolescence à la vieillesse.
«
« Dans mon quartier natal, on n'eût pas
compté vingt maisons
privées de
jardin.
»
EXTRAITS
Sido sait capter les « avertissements
éoliens
».
Colette gardera à jamais
le souvenir des leçons reçues jadis
Levée au jour,
paifois devançant
le jour,
ma mè
re accordait aux
points cardinaux,
à leurs dons com
me à leurs mé
faits, une impor
tance singulière.
C'est à cause
d'elle, par ten
dresse invétérée,
que dès le matin,
et du fond du lit je
demande: « D' où
vient le vent ? »
A quoi l'on me
répond : « Il fait
bien joli ...
C' est
plein de passe
reaux dans le
Palais-Royal ...
Il
fait vilain...
Un
temps de saison.
»
Il me faut mainte
nant chercher la réponse en moi-même,
guetter la course du nuage, le ronflement
marin de la cheminée, réjouir ma peau du
souffle d'Ouest, humide, organique
et lourd
de significations comme la double haleine
divergente d'un monstre amical .
A moins
que je ne me replie haineusement devant la
bise d 'Est, l'ennemi, le beau-froid-sec
et son
cousin du Nord.
Ainsi faisait ma mère,
coiffant de cornets en papier toutes les
petites créatures végétales assaillies par la
lune rousse :
«Il va geler, la chatte danse »,
disait-elle.
Son ouïe, qu'elle garda fine,
l'informait aussi, et elle captait des avertis
sements éoliens.
Sido, de plain-pied avec le monde
animal, s'émerveille devant
le merle
gavé de cerises
Peu de jours après, je trouvais ma mère sous
l'arbre,
passionnément immobile, la tête à
la rencontre du ciel d'où elle bannissait les
religions
humaines ...
- Chut ...
Regarde ...
Un merle noir, oxyde de vert et de violet,
piquait les cerises, buvait le jus , déchi
quetait la chair rosée ...
- Qu 'il est beau,
chuchotait
ma mère.
Et tu vois comme il se
sert de sa patte ? Et tu vois les mouvements
de sa tête et cette arrogance ? Et ce tour de
bec pour vider le noyau ? Et remarque bien
qu'il n'attrape que les plus mûres ...
-Mais,
maman, l'épouvantail...
-
Chut ...
L'épou-
vantail ne le gêne pas ...
-Mais, maman, les
cerises ! ...
Ma mère ramena sur la terre ses
yeux couleur de pluie : - Les cerises ? ...
Ah!
oui, les cerises ...
Dans ses yeux passa une
sorte de frénésie riante, un universel mépris,
un dédain
dansant qui me foulait avec tout
le reste
allègrement ...
Ce ne fut qu'un
moment -non pas un moment unique.
« Les deux sauvages, qui lisaient comme autrefois lisaient les adolescents ( ...
)
c'est-à-dire avec excès, avec égarement, le jour, la nuit, au sommet des arbres, dans les fenils ...
»
NOTES DE L'ÉDITEUR leur destin heureux ou tragique : Sido,
reine et magicienne, le capitaine Colette,
"banni des éléments".
Ainsi, dans Sido
« Laissant et reprenant, sous leur forme de
nouvelles brèves,
La Maison de Claudine,
puis Sido , je n'ai pas quitté un personnage
qui peu à peu s'est imposé à tout le reste de
mon
œuvre: celui de ma mère.
Il n'a pas
fini de me hanter.
Les motifs
d'une telle
présence ne manquent pas : un écrivain, si
son existence se prolonge , se tourne pour
finir vers son passé, pour le maudire ou pour
s'en délecter.
Mais ma félicité eut un autre
secret moins banal : la présence de celle qui,
au lieu de trouver dans la mort un chemin
pour s'éloigner, se fait mieux connaître
à
mesure que je vieillis.
» Colette.
« Nous ne trouvons pas chez Colette les
genres élevés de l'éloge, de l'épopée, de
l'hymne.
Il ne
s'agit pas de mythes, comme
chez Homère ou Virgile, en l'honneur des
dieux ou des héros.
Les héros de Colette
sont des enfants, des chats, des chiens , et les
hauts faits, le bleuissement de la nuit, la
montée du jour, une promenade familiale au
bord de l'eau.
Pourtant les dieux sont
présents , ils se nomment vent.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- SIDO de Colette : Fiche de lecture
- Sido [Colette] - Fiche de lecture.
- Colette, Sido (extrait).
- Plaisir de l’aube de Colette, Sido. Commentaire
- Sido de Colette (Résumé & Analyse)