Si vous vouliez acquérir ou faire acquérir à quelqu'un une habitude physique complexe, comment procéderiez-vous ? Indiquez les raisons tirées de la philosophie et de la physiologie qui conseilleraient ou vous décon¬seilleraient d'employer telle ou telle méthode selon la nature ou le degré de complexité de l'habitude que vous voudriez former.
Publié le 15/09/2014
Extrait du document
Mais il ne suffit pas de multiplier les répétitions pour acquérir une habitude : même lorsqu'il s'agit d'un acte simple, il faut procéder avec méthode; l'exercice ne doit jamais demander un effort qui dépasse les forces disponibles. A commencer par des exercices trop pénibles ou à prolonger des exercices d'abord faciles au-delà du moment où on ne les exécute qu'avec difficulté, on manquerait son but ou on n'obtiendrait qu'un résultat médiocre. Ainsi, celui qui n'a aucun entraînement ne peut pas débuter avec un disque de 10 kilos. Il ne doit pas davantage prolonger indéfiniment ses séances de lancer. En effet, le muscle fortement contracté s'épuise rapidement. Prétend-on dominer l'impression de fatigue et lui imposer une tension douloureuse, il se produit des déformations inévitables et qui détruisent partiellement l'habitude qui commence; on constate des ratés. Loin de travailler avec plaisir, le gymnaste fatigué éprouve mi malaise qui abaisse son tonus, et le sentiment de ne pas réussir lui fait perdre le goût qu'il avait senti naître.
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L,llABITLDE 87
sique complexe telle que la dactylographie, la danse ou la connaissance d'un métier manuel comme celui de menuisier ou d'horloger.
Les principes que nous suggérera la réflexion vaudront aussi pour l'acquisition des habitudes morales ou psychologiques qui, d'ailleurs, ne s'acquièrent pas indépendamment des habitudes physiques qui les sous-tendent.
l.
- L'ACQUISITION DES HABITUDES COMPLEXES EN GÉNÉRAL.
A.
L'habitude en général.
-C'est un rniisme : ! 'habitude s ·acquiert en répétant les actes qu'elle est destinée à faciliter.
Du point de vue
physiologique, cette répétition use les résistances organiques qui s 'op posent au mouvement; de plus, et surtout, elle fortifie les muscles aux
quels on a donné l'occasion de s'exercer.
Du point de vue psychologique,
le souvenir des expériences passées éclaire sans qu'on s'en rende compte l'action présente et dispense de l'effort d'attention qui était tout d'abord nécessaire; ensuite, le sentiment d'agir avec aisance .et sûreté donne du goût pour ! 'action et fait naître le qésir de nouveaux efforts pour aboutir à des mouvements encore plus aisés et plus sûrs.
Ainsi, après avoir lancé plusieurs centaines de fois le disque ou le javelot, je serai capable, sans augmenter mon effort et même en me jouant, de les lancer plus loin
et à l'endroit exact que j'aumi visé.
Nnn content de cela, je chercherai il battre mon propre record et it faire encore mieux.
Mais il ne suffit pas de multiplier les répétitions pour acquérir une habitude: même lorsqu'il s'agit d'un acte simple, il faut procéder avec méthode; l'exercice ne doit jamais demander un effort qui dépasse les
forces disponibles.
A commencer par des exercices trop pénibles ou à prolonger des exercices d'abord faciles au-delà du moment où on ne les
exécute qu'avec difficulté, on manquerait son but ou on n'obtiendrait qu'un résultat médiocre.
Ainsi, celui qui n'a aucun entraînement ne peut
pas débuter avec un disque de 10 kilos.
11 ne doit pas davantage pro longer indéfiniment ses séances de lancer.
En effet, le muscle fortement contracté s'épuise rapidement.
Prétend-on dominer ! 'impression de fati
gue et lui imposer une tension douloureuse, il se produit des défor mations inévitables et qui détruisent partiellement l'habitude qui com
mence; on constate des ratés.
Loin de travailler avec plaisir, le gymnaste fatigué éprouve un malaise qui abaisse son tonus, et le sentiment de
ne pas réussir lui fait perdre le goût qu'il avait senti naître.
Au contraire, le repos, lorsqu'il vient à temps interrompre l'exercice, est presque aussi bienfaisant que le travail lui-même.
Durant ces inter valles apparemment inactifs, il se produit dans le muscle une sorte de maturation grâce à laquelle, à la reprise, on s'élève rapidement au-dessus
du niveau atteint antérieurement.
L'esprit médite avec complaisance les résultats obtenus et prépare spontanément les prochains exercices.
L'en traînement se poursuit dans une atmosphère tonifiante.
B.
Les habitudes complexes.
-Ces principes valent pour toutes les
habitudes, et par conséquent aussi pour les habitudes complexes.
Mais l'acquisition de ces dernières exige le recours à une méthode plus
étudiée.
Une habitude complexe, en effet, consiste à effectuer automatiquement, on du moins avec aisance et sûreté, des opérations comportant divers.
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