Si nous désirons être libres qu'est ce qui nous en empêche ?
Publié le 04/04/2005
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Dans les deux cas, comment résorber cet empêchement ? On peut ou bien accepter cette contrainte de manière pessimiste et essayer de se ménager une liberté très partielle, ou bien modifier notre rapport à la contrainte pour acquérir un point pouvoir sur soi-même, ce que proposent par exemple les ascétismes antiques, à commencer par le stoïcisme. Ce sont deux voies de réponses possibles au sujet. Références utiles : Kant, Fondements de la métaphysique des moeursFreud, Cinq leçons sur la psychanalyseRousseau, Du contrat social Textes à utiliser : Spinoza, Lettre 58 à G.H. Schuller « J'appelle libre une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre chose à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même librement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature. De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toues choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature, que Dieu connaisse toutes les choses. Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.
- Parties du programme abordées :
- Le désir. - La liberté.
- Analyse du Sujet : Un sujet très classique. Quels sont les obstacles à la liberté quand celle-ci est envisagée non dans sa généralité abstraite mais comme tension vers un état imaginé comme source de satisfaction ?
- Conseils pratiques : Évitez de transformer votre copie en la simple récitation de votre cours sur la liberté. Précisez bien cependant l'ambivalence du concept : faculté d'atteindre certaines fins au sens quotidien du terme ; capacité d'autodétermination au sens de concept philosophique. Indiquez à quel niveau se situe votre réflexion, et, si vous abordez le problème de la liberté politique, soyez précis dans votre vocabulaire.
- Bibliographie :
Descartes, Méditations métaphysiques, Garnier-Flammarion. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave. Sartre, L'Être et le Néant, Gallimard, Tel.
- Difficulté du sujet : **
- Nature du sujet : classique.
«
Lorsque Sartre affirme que les Français n'ont jamais été aussi libres que sousl'occupation allemande, sa formule apparemment paradoxale indique quel'exercice de la liberté suppose qu'elle rencontre des résistances l'obligeant àse préciser par des prises de position, des choix relatifs à la réalité d'unesituation particulière.
La liberté, autrement dit, ne saurait se prouver ous'éprouver de façon abstraite et dans le vide.
On pourrait à son proposparodier Kant : comme la colombe, elle ne prend son envol que grâce à larésistance de ce qui paraissait d'abord l'empêcher d'être.
On pourrait utilisercette métaphore de la colombe pour aussi montrer notre rapportinconséquent à la loi.
La colombe, dans son vol, éprouve la résistance de l'airet elle se plaît à imaginer qu'elle volerait bien mieux et bien plus haut sans cetobstacle: elle ignore que sans l'air, elle ne volerait pas du tout et que cequ'elle ressent comme un empêchement est aussi une condition de possibilitémême de son vol.Nous aussi nous plaisons à imaginer une vie sans règles, au-delà des lois:suppression des impôts, de la police, du code de la route, etc.
Ce faisant,nous sommes aussi écervelés que la colombe, car nous oublions que sans cescontraintes, notre prétendue liberté n'existerait plus.
Nous ressentons commeun obstacle ce qui en réalité est une condition d'exercice de nos actions.
Queserait en effet ma sécurité sans les forces de l'ordre ? que serait monexistence sans protection sociale que je finance par mes impôts ?
Jamais nousn'avons été aussilibres que sousl'occupationallemande.(Situations, III)
Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande auraitété propice à la liberté politique.
C'est de la liberté au sensmétaphysique du terme qu'il s'agit ici.
Être libre c'est êtrecapable de dire non, de refuser une situation.
L'occupationallemande est un de ces moments de notre histoire où notreattitude avait une pleine signification.
Accepter c'était êtrecomplice, refuser, devenir résistant c'était risquer la torture etla mort.
C'est donc une de ces situations limites où les choixne peuvent qu'être authentiques.
La liberté ne se mesure pasdans les situations sans risque mais dans celles où notreresponsabilité et ses conséquences sont pleinementengagées.
Désirer être libre n'a de sens que si le désir devient volonté.
Cette dernière suppose une mise en oeuvreauthentique, c'est-à-dire de travailler relativement à un donné.
C'est précisément lorsque celui-ci paraît d'abord encontradiction avec la liberté qu'il peut provoquer des décisions réelles à travers lesquelles elle se réalise.
Si l'on veut assurer la possibilité de cette conquête, il importe de prouver la possibilité même d'une liberté quiéchappe au déterminisme.
Autrement dit, la question est de savoir si l'on peut dépasser la simple preuvepsychologique de la liberté pour véritablement fonder sa certitude.
On peut répondre par l'affirmative à cettequestion en mettant en évidence, avec Kant (Critique de la raison pratique), la certitude de la libertétranscendantale.
La conscience de la loi morale, comme fait de la raison même, implique en effet cette libertétranscendantale.
En d'autres termes, la liberté est une donnée certaine de la nature humaine que l'on peut prouverindirectement à partir de la conscience morale: si la raison dit «tu dois», elle dit nécessairement en même temps «tupeux»..
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