Si le désir est l'essence de l'Homme, a-t-il un sens à vouloir le maîtriser ?
Publié le 10/02/2004
Extrait du document
«
« idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.
C'est pourquoiles hommes, en croyant observer leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible.
II) L'analyse cartésienne ne fait pas appel à la transcendance.
Le désir est l'union de l'âme et du corps.
Il a pourorigine un mouvement de l'âme.
Il est involontaire (mécanique) mais la volonté humaine est tellement libre qu'elle nepeut pas contrainte.
Le désir est involontaire dans la mesure où il est par définition un mouvement de l'âme et lavolonté orientée par le corps.
Mais il faut que la volonté consente à se laisser diriger ; si sa nature est telle qu'ellene peut être soumise, elle a en quelque sorte décidé librement de ne plus être maîtresse d'elle-même.
Il peut-êtredifficile de se libérer du désir si l'on ne s'exerce jamais à la régler, et en général, nous sommes sûrs de ne jamaismanquer de volonté pour nous diriger, c'est pourquoi, si le désir est l'essence de l'Homme, le sens de la volonté demaîtrise rejoint la volonté d'accéder à un souverain bien librement choisi.
III) C'est aussi au sein du psychisme qu'il faut chercher cette essence : « c'est plus fort que moi ».
Selon Freud, les conduites d'un Homme qui désire (=désirant) peuvent être comprises commesymptômes indéchiffrables par la conscience.
Des forces inconscientes dontl'organisation particulière s'est faite dans l'enfance nous gouvernent parfois.Par exemple, Don Juan est si certain de ne pas être aimé que toujours ilséduit et toujours il refuse de croire à l'amour qu'on lui porte.
Le présent nepeut lui fournir la preuve qu'il cherche en vain afin de guérir sa blessureancienne.La conscience s'épuiserait donc à vouloir maîtriser un désir dont le sens luiéchappe.
Ainsi, l'idée d'une maîtrise du désir paraît discutable.
Mais l'être dedésir ne vit-il pas dans la mauvaise foi ? Le recours à l'inconscient ne risque-t-il pas de masquer notre responsabilité ?Nous sommes à l'origine de nos désirs.
Dans cette perspective, le désir n'estinvolontaire qu'en apparence.
Il n'y a pas lieu de se demander s'il y a un sensà vouloir le maîtriser, puisque responsable de lui nous ne pouvons pas ne pasen assumer la responsabilité.
Ce qui pose problème au contraire, c'estl'hypothèse d'un désir involontaire dont on serait l'esclave et dont on aurait àse libérer.
Conclusion :
La question nous a conduit finalement à nous interroger sur le sens de notreexistence, que le désir soit l'essence ou non de l'Homme.
Il concerne notrerapport à l'altérité, à la transcendance, au corps et à nous même.
« L'appétit n'est rien d'autre que l'essence même de l'homme.
» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) L'appétit est l'un des affects primitifs de l'homme ; conçu comme désir d'autoconservation (effort de l'homme pour «persévérer dans son être »), il est constitutif de son essence.
« Il n'y a qu'un seul principe moteur : la faculté désirante.
» Aristote, De l'âme, Ive s.
av.
J.-C.
« Il faut savoir qu'il y a dans chacun de nous deux principes qui nous gouvernent et nous dirigent [...] : l'un est ledésir inné du plaisir, l'autre l'idée acquise qu'il faut rechercher le bien.
» Platon, Phèdre, ive s.
av.
J.-C..
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