Serait-on libre si l'on était affranchi de toute responsabilité ?
Publié le 24/03/2004
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- a) Faire ce que l'on veut, n'est ce pas justement cela la liberté ? Pouvoir, au gré de sa volonté, convoiter tel objet, le poursuivre, en jouir finalement, puis une fois ce désir assouvis, se mettre en quête de la satisfaction d'un autre aussi, voir plus, satisfaisant.
- b) Dans cette optique, la responsabilité, en tant qu'elle exige de rendre compte de son action en révèlerait la dimension futile, mais surtout, occuperait celui qui y sacrifierai en vaine réflexion quand le bonheur, le plaisir ne demandent qu'à être pris spontanément dans le monde. La responsabilité alourdirait cette liberté comprise comme une légèreté en la contraignant à se poser des problèmes légaux ou pire moraux : « A-t-on le droit de voler pour son plaisir ? «, « N'a-t-on pas le devoir au contraire d'être honnête ? «
Problème : Si la spontanéité s'identifie à la faculté de ne pas pouvoir rendre compte de ce que l'on fait, peut-être même à celle de ne pas être en mesure de le savoir, tant le plaisir est grand à se divertir et à jouir des bonnes choses, n'y a-t-il pas un problème à considérer cette attitude comme libérée. Le fous est-il parce qu'inconscient de ce qu'il fait plus libre que nous ? Dans cette mesure cette forme de liberté, contre la responsabilité, a tous les attraits de l'abêtissement. Transition : Ne serait-ce alors que la responsabilité loin de contredire la liberté humaine en est une condition de possibilité ?
Nous nous interrogeons sur la liberté et son rapport à la responsabilité. Serait-on libre si l'on était affranchi de toute responsabilité ? À première vue il pourrait sembler que oui. Dans la mesure ou la responsabilité nous contraint à rendre compte de nos actes, la responsabilité n'est-elle pas un obstacle à la spontanéité ? Savoir pourquoi l'on agit, n'est-ce pas justement cela le contraire de la liberté comprise comme spontanéité ?
Pour autant, lorsque l'on « ne sait pas ce que l'on fait «, n'y a-t-il pas un problème à dire que l'on est libre ? L'imbécile, le fous, peut-on dire qu'ils sont authentiquement libre dès lors qu'ils n'ont pas conscience de ce qu'il font ? Certainement pas. Mais alors serait-ce que la responsabilité est la condition de la liberté comprise alors comme liberté de notre être intime, liberté d'agir selon nos propres lois, selon les lois de la raison, de notre raison d'homme ? Serait-on libre si l'on était affranchi de toute responsabilité ?
Comment alors comprendre cette antinomie entre la liberté de faire ce que nous voulons et la liberté d'agir selon les lois que notre raison nous prescrit ? C'est ce qu'il nous faudra comprendre pour finir.
«
d'un autre aussi, voir plus, satisfaisant.
b) Dans cette optique, la responsabilité, en tant qu'elle exige de rendre compte de son action en révèlerait ladimension futile, mais surtout, occuperait celui qui y sacrifierai en vaine réflexion quand le bonheur, le plaisir nedemandent qu'à être pris spontanément dans le monde.
La responsabilité alourdirait cette liberté comprisecomme une légèreté en la contraignant à se poser des problèmes légaux ou pire moraux : « A-t-on le droit devoler pour son plaisir ? », « N'a-t-on pas le devoir au contraire d'être honnête ? »
Problème : Si la spontanéité s'identifie à la faculté de ne pas pouvoir rendre compte de ce que l'on fait, peut-être même à celle de ne pas être en mesure de le savoir, tant le plaisir est grand à se divertir et à jouir desbonnes choses, n'y a-t-il pas un problème à considérer cette attitude comme libérée.
Le fous est-il parcequ'inconscient de ce qu'il fait plus libre que nous ? Dans cette mesure cette forme de liberté, contre laresponsabilité, a tous les attraits de l'abêtissement.
Transition : Ne serait-ce alors que la responsabilité loin de contredire la liberté humaine en est unecondition de possibilité ?
2) La responsabilité est la condition de la liberté comprise cette fois comme liberté de notre esprit àdéterminer rationnellement ses fins et à légiférer sur la conduite de notre existence pour nouspermettre de les accomplir.
a) Selon Kant, la raison est la « faculté d'agir en vue de fins ».
L'être raisonnable est capable de déterminerlibrement les fins dignes d'être poursuivies ; librement c'est-à-dire sans les fluctuations de la volonté et desdésirs qui ne cessent de changer de cours en fonction des objets extérieurs qui les sollicitent.
b) On serait donc libre dans la mesure où l'on serait comme responsable de ses actions, nous en pourrionsdonner la raison pour en rendre compte, c'est-à-dire la rapporter à une fin précise et déterminée, commecondition de possibilité de l'accomplissement de cette fin.
Problème : L'homme semble alors déchiré entre deux formes de la liberté, dont l'une est contradictoire avec laresponsabilité et l'autre la nécessite comme condition de possibilité.
Dans l'une l'homme est irresponsable, librede tout jugement mais reste soumis à la tyrannie de l'affect, incapable de poursuivre au delà de la courtedurée de vie de ses désirs une fin rationnellement établie ; dans l'autre il risque d'être écrasé par le poids de saresponsabilité mais est libre de poursuivre la fin qui lui semble digne d'être poursuivie.
Dans l'une il fait ce qu'ilveut mais reste esclave de sa volonté, dans l'autre il est libre des fluctuations de la volonté, il peut donc sedéterminer lui-même à agir, mais risque de crouler sous le poids d'une responsabilité presque surhumaine car ilsemble difficile de prévoir a priori les conséquences d'une action.
Transition : Ne serait-ce alors que l'homme n'est pas absolument libre ni absolument contraint ?
3) L'homme est un « animal rationnel », disait Aristote, un être de désir mais doué de raison, il estcomme le disait Sartre : contraint d'être libre.
a) L'homme est contraint parce que sa responsabilité d'être rationnel le force à renoncer à la liberté de lavolonté, c'est à dire à renoncer à la liberté de l'animal et du fou.
b) L'homme est libre parce qu'en renonçant à cette forme primaire de la liberté, en assumant sa responsabilité,il assume en même temps sa condition d'homme, il assume les lois qui découlent de sa nature spécifique d'êtrerationnel.
c) Mais cependant, l'homme reste un « animal rationnel » qui doit être considéré comme tel, il n'est pas un dieu(parfois il se trompe, il ne parvient pas à voir où es son devoir, parfois cédant à ses appétits, il décide de fairemal) Il n'est pas un animal, il parvient à choisir parfois le Bien contre ses penchants.
Dans ce cas, le prix de la liberté c'est la juste reconnaissance de la responsabilité des coupables et leurcondamnation en conséquence.
Le seul recours pour la liberté de l'humanité devant l'erreur et l'égarement deshommes, c'est le juste établissement des responsabilités.
Dans l'imputabilité, la responsabilité en tant qu'absoluest proprement surhumaine, dans la négation absolue de la responsabilité (déterminisme absolu), la liberté estdissoute.
Dans ces deux cas, l'humanité risque sa vie..
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