SENEQUE, Les bienfaits
Publié le 29/10/2011
Extrait du document
Si c'est l'intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d'autres cieux, éloignés du mien, qui s'absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu'il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n'ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l'étranger qui tout à l'heure s'en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ; à l'inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu'il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l'auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d'avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n'est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit? Combien d'heures l'on y passe ! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu'importe, en vérité, de savoir à qui l'on veut donner puisqu'il ne nous en reviendra rien en aucun cas? Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu'à l'heure où, l'intérêt n'existant plus, seule l'idée du bien se dresse devant notre regard.
Le problème du texte est le suivant: certains soutiennent que le don purement gratuit est impossible, que l'on attend toujours quelque chose en échange de ce que l'on donne, que c'est« toujours un vif calcul« qui me rend généreux. Sénèque interroge cette doctrine et la contredit. Son texte se présente comme un raisonnement par l'absurde elle-même constituée par une série d'exemples assez concrets et très différents: le testament, l'aide à l'étranger, l'aide au naufragé, etc ...
«
Sujet 3 Explication du texte de Sénèque
Le problème du texte est le suivant: certains soutiennent que le don purement gratuit est impossible, que
l'on attend toujours quelque chose en échange de ce que l'on donne, que c'est« toujours un vif calcul» qui
me rend généreux.
Sénèque interroge cette doctrine et la contredit.
Son texte se présente comme un
raisonnement par l'absurde elle-même constituée par une série d'exemples assez concrets et très
différents: le testament, l'aide à l'étranger, l'aide au naufragé, etc ...
L'idée est de dire que si cette thèse était vraie alors il n'y aurait pas toute cette série d'actes gratuits que
connaissent généralement les hommes et qu'ils accomplissent parfois plus que les médias par exemple- ou
l'histoire- ne le reconnait parfois.
Si le don gratuit n'existerait pas je n'aiderais pas l'inconnu qui vient de faire naufrage, je ne réglerais pas
mes dispositions
testamentaires et répartissant mes bienfaits dont je ne retirerai aucun profit.
Cette
logique
est donc absurde.
L'histoire de Schindler qui sauve des vies, les résistants et les martyrs de toutes
les époques sont là pour donner raison à Sénèque.
L'homme n'est pas, contrairement à ce qu'a pu penser
un
certain utilitarisme un être qui ne pense qu'à son intérêt à court terme.
Il est homme et donc humain
aussi.
Dans un second
moment, Sénéque va même plus loin en soutenant même que la vraie générosité ignore
l'intérêt.
Pour lui, on est même réellement et purement généreux dans ce moment de pur
désintéressement.
Pour Sénèque, la vraie générosité est un don et n'est pas un échange.
La deuxième partie est conclusive.
En effet, « nous ne donnons jamais plus méticuleusement, jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle
plus rigoureux qu'à l'heure où l'intérêt n'existant plus, seule l'idée du bien se dresse devant notre regard».
Pour Sénèque celui qui échange pour éviter de donner est dans la fuite.
Il ne voit pas et ne veut pas voir ce
pour quoi il a donné.
Or c'est lorsque l'on donne vraiment pour rien que l'on donne vraiment car dans ce
moment, il n'y a plus que l'idée du bien plus que celle du juste qui nous travaille.
Ce texte est donc également une thèse qui privilégie le bien sur le juste.
Il plaide pour une générosité pure
exempte de tout intérêt.
Il critique donc ceux qui ignorent la logique du don gratuit.
Il pouvait faire (accessoirement et pas nécessairement car l'essentiel était de rendre du problème du texte)
l'objet de trois types de critiques:
• une critique interne, lorsque Sénèque évoque le « don » fait post- mortem, il écrit que certains
pensent que nous n'obtiendrons aucun profit de nos bienfaits.
Mais certains ne lèguent-ils pas à
d'autres pour soulager leur conscience ou se mettre en paix avec eux-mêmes ? Dans ce cas ne
peut-on parler d'intérêt ? Que dire de ceux qui agissent afin d'obtenir la reconnaissance des Dieux?
Mais à cette critique, Sénèque pourrait répondre qu'il ne s'agit pas ici d'intérêt mais de souci de soi
et de la transcendance.
Si intérêt il y a c'est un intérêt élevé qui n'est peut-être pas aussi
condamnable que l'intérêt mesquin qui consiste immédiatement à obtenir retour de ce que l'on a
pu
donner..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas les faire, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. » SENEQUE
- À 25 km à l'est de Béziers Les joies et les bienfaits de l'eau L'idée du parc aquatique nous vient des États-Unis, et plus précisément de Floride, cette péninsule qui sépare l'océan Atlantique du golfe du Mexique et où le climat se prête si bien à ce type d'équipement.
- les bienfaits du sports
- Commentez la pensée de SENEQUE : « Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. » ?
- RAYMOND VI, comte de Toulouse (1156-1222) Favorable à l'hérésie, il comble pourtant de bienfaits les couvents, tout en menant une vie fort dissolue.