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Sénèque, De la colère, préambule

Publié le 27/02/2008

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Sénèque, De la colère -livre I, préambule "Souvent, dira-t-on, l'homme s'irrite non contre des gens qui lui ont fait tort, mais qui doivent lui en faire, preuve que la colère ne vient pas uniquement de l'offense." Oui, sans doute, le pressentiment du mal irrite ; mais c'est que l'intention est déjà une injure, et que la méditer, c'est l'avoir commise. On dit encore : "La colère n'est point un désir de vengeance, puisque fréquemment les plus faibles la ressentent contre les plus forts ; peuvent-ils prétendre à des représailles qu'ils n'espèrent même pas ?" Mais d'abord par colère, nous entendons le désir, et non la faculté de se venger; or, on désire même ce qu'on ne peut. Est-il en outre si humble mortel qui n'espère, avec quelque raison, tirer satisfaction de l'homme le plus puissant ? On est toujours assez puissant pour nuire. La définition d'Aristote n'est pas bien éloignée de la nôtre ; car il dit que la colère est le désir de rendre mal pour mal. Il serait trop long de faire ressortir en détail en quoi cette définition diffère de la nôtre. On objecte à toutes deux que les brutes ont leur colère, et cela sans être attaquées, sans idée de punir ou de causer aucune peine ; car le mal qu'elles font, elles ne le méditent pas. Il faut répondre que l'animal, que tout, excepté l'homme, est étranger à la colère ; car, quoique ennemie de la raison, elle ne naît pourtant que chez des êtres capables de raison. Les bêtes ont de l'impétuosité, de la rage, dela férocité, de la fougue ; mais elles ne connaissent pas plus la colère que la luxure, bien que pour certains plaisirs elles aient moins de retenue que l'homme. Ne croyez pas le poète qui dit : "Le sanglier a perdu sa colère ; le cerf ne se fie plus à sa course légère ; et, dans leurs brusques assauts, les ours ne songent plus à s'élancer sur les troupeaux de boeufs." Il appelle colère l'élan, la violence du choc : or, la brute ne sait pas plus se mettre en colère que pardonner ; les animaux muets sont étrangers aux passions de l'homme ; ils n'ont que des impulsions qui y ressemblent. Autrement, qu'il y ait chez eux de l'amour, il y aura de la haine ; l'amitié supposera l'inimitié, et les dissensions, la concorde : toutes choses dont ils offrent bien quelques traces, mais le bien et le mal appartiennent en propre au coeur humain. À l'homme seul furent donnés la prévoyance, le discernement, la pensée ; nos vertus et nos vices même sont interdits aux animaux, dont l'intérieur, non moins que les dehors, diffèrent absolument de nous. Ils ont, c'est vrai, cette faculté souveraine, autrement dite principe moteur, comme ils ont une voix, mais inarticulée, embarrassée, incapable de former des mots ; comme ils ont une langue, mais enchaînée et inhabile aux inflexions variées de la nôtre ; de même ce principe moteur est chez eux à peine éclairé, à peine ébauché. Il perçoit la vue et l'apparence de ce qui excite leurs mouvements, mais cette vue est trouble et confuse. De là la violence de leurs transports, de leur attaques ; mais rien qui soit appréhension, souci, tristesse ni colère : ils n'en ont que les semblants. Aussi leur ardeur tombe bien vite et passe à l'état opposé : après le plus furieux carnage, comme après la plus vive frayeur, ils paissent tranquillement, et aux frémissements, aux agitations de la rage succèdent à l'instant le repos et le sommeil.§  Ce texte extrait de De la colère de Sénèque propose une définition de la colère qui prend comme point de départ les conceptions communes (« on dit » de la colère. Rectifiant ces conceptions, Sénèque parvient à donner une définition de la colère comme désir illimité propre aux hommes et les distinguant par là des animaux. §  Le texte prend alors une autre tournure et fait de son objet propre la caractérisation de la différence entre l'homme et les animaux, faisant de la raison et des passions ce qui distingue l'homme. §  Sénèque s'attache alors à distinguer l'instinct animal de la passion humaine, le texte étant ainsi aussi bien une définition de l'homme que de l'animal. Le comportement de l'animal ressemble ainsi au notre mais il ne lui est pas identique, de sorte qu'il n'est pas possible d'appliquer la colère aux animaux. §  La colère est donc cette passion proprement humaine, et les animaux n'ont qu'un instinct d'ardeur qui n'est pas motivé. Le fondement de la distinction entre l'homme et l'animal tient alors au fait que l'animal n'est pas doué de raison. §  Se pose alors le problème suivant : comme Sénèque parvient-il, à travers une définition de la colère comme trait spécifiquement humain, à établir une distinction spécifique entre l'homme et l'animal ?I)                  La définition de la colère comme désir. II)               La colère comme trait spécifiquement humain.

« raison.

La colère est la propre de l'homme est à l'animal, on peut seulement appliquer une forme deférocité qui n'est pas de la colère au sens om l'animal n'attaque pas un autre animal en vertu decertaines raisons, mais instinctivement.

Bien que fruit de l'ardeur et non fondée en raison, la colère,tout comme la luxure, est donc une forme de désir complexe qui appartient à l'être raisonnable seul.L'exemple de la luxure vise à montrer que si l'animal possède certains plaisirs, il ne possède néanmoinspas le gout de ces plaisirs, come celui de la luxure qui suppose la raison au sens où la luxure semblesupposer la conscience de ce qu'est ce plaisir et ne pas pouvoir se faire instinctivement.

De même, lacolère est motivée par des raisons, alors que l'impétuosité animale ne l'est pas. § Dès lors, dire que l'animal est colérique, comme le ferait un poète, c'est personnifier l'animal, luiconférer des caractéristiques qui sont celles de l'homme et en faire une personne qui réfléchit etmotive ses choix.

Cette personnification est le propre de la poésie qui parle par images et métaphoresmais elle n'est pas un langage convenable en dehors de la création poétique.

De même, les verbes« se fier » et « songer » attribués au cerf et à l'ours sont des personnifications dans la mesure où ilsrenvoient à des capacités dignes d'un être raisonnable et non d'un animal.

Un cerf ne se fie pas àquelque chose, il n'a pas de faculté rationnelle lui permettant de prendre conscience que l'action qu'ilaccomplit résulte d'un choix de sa part et est motivée par quelque chose.

Il agit instinctivement,immédiatement, dans réflexion. § Les animaux ne sont pas mus par les passions comme le sont les hommes, et en témoignent ladifférence entre leurs modes de vie : les hommes s'assemblent, s'affrontent en fonction de leurspassions, là où si les animaux s'unissent parfois, ce n'est que par instinct.

De sorte que l'on ne peutpas parler de bien ou de mal animal mais seulement humain.

Le bien résulte de passions tournées versautrui telles que l'amour et le mal de passions tournées contre autrui telles que la haine.

Or, ce ‘est nipar amour ni par haine que les animaux s'unissent mais en fonction du besoin et de l'instinct naturelen eux. § Sénèque s'emploie alors à établir la différence entre les hommes et les animaux : l'homme seul possèdela pensée et de fait la faculté de prévoir les choses, d'anticiper sur elles et de les réfléchir.

Ils ontune voix et une langue mais inarticulées, dans la mesure où il n'a pas de pensée.

Les animaux ont bienalors un langage mais ils ne parlent pas comme les hommes, ils ne peuvent articuler des mots pour sefaire comprendre.

Leur langage est autre et moins élaboré.

Ils ont la faculté de se mouvoir mais ceprincipe n'est pas rationnel mais instinctif, de sorte qu'ils ne peuvent parvenir à le concevoirclairement aussi bien que les hommes conçoivent la raison qui les meut.

L'absence de raison fait doncde l'animal un être moins développé que l'homme. § Leur instinct les rend donc violents mais ils ne se représentent pas la douleur qu'ils donnent oureçoivent, de sorte qu'ils n'éprouvent aucune passion, telle que la tristesse ou le souci.

C'est pourquoiaprès avoir été attaqués par exemple, les animaux n'auront pas peur d'être attaqués de nouveau, demême qu'ils ne se feront pas de souci.

D'où l'opposition de leurs attitudes : ils peuvent passer d'unétat d'arder intense à celui de la tranquillité elle-même la plus intense : ils ne gardent aucune tracede leurs actes, ne prévoient rien, n'attendent rien, contrairement à l'homme qui tente toujours deprévoir les choses et de les anticiper. CONCLUSION.

§ Ce texte de Sénèque s'attache donc à définit la colère comme désir illimité proprement humain, fondédans l'intention et non seulement dans l'acte, de sorte que c'est le caractère motivé de la colère quila définit en propre. § De cette définition ressort que la colère est une passion spécifiquement humaine, les animaux ayant uninstinct immotivé et non une raison qui motive tous leurs actes. § De sorte que la définition de la colère se fait prétexte à une caractérisation dans la différence descaractéristiques animales et humaines.. »

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