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Se réfugie-t-on dans l'imagination ?

Publié le 13/09/2018

Extrait du document

l’heureuse rêverie que suscitent une lecture ou un film, je suspens les difficultés que je peux rencontrer dans mon quotidien, je fais comme si ce dernier pouvait être, pour ainsi dire magiquement, remplacé par un univers en conformité avec ce que j’aimerais être ou faire : me voici grand séducteur, ou cosmonaute, héros admirable, invité à la table des grands de ce monde, etc. Tout me devient possible, et à ma portée : sont ainsi mis entre parenthèses les efforts que j’accomplis quotidiennement pour obtenir des résultats médiocres, les problèmes que je ne parviens pas à résoudre, les difficultés dans lesquelles je me débats. Le recours à l’irréel est alors bien un refuge, ou une compensation : tout ce que je ne peux connaître dans la vie réelle, j’en profite dans un monde imaginé, que l’on a éventuellement programmé pour qu’il me paraisse ainsi totalement satisfaisant. Dans ce monde, les bergères finissent bien par épouser les princes ou les PDG, la vertu est systématiquement récompensée, et tout va pour le mieux parce que ce monde est bien << le meilleur des mondes ».

« CORRIGÉ [I ntroduction] Le monde imaginaire double copieusement nos réalités quotidiennes : romans, films, fictions télévisuelles, chansons, etc., n'en finissent pas de nous proposer leurs séductions et de parvenir à nous entraîner « ailleurs ».

Mais l'imaginaire est également à l'œuvre dans d'autres domaines, sans doute moins immédiatement consommables, mais dotés d'une grande effi­ cacité : projets techniques, esquisses de théories, plans politiques, concep­ tions diverses qui profilent des possibilités et, parfois, préfigurent le réel de demain.

Si dans un cas, l' imaginaire peut sembler un refuge, il est clair que certains aspects de l'u-topique (sans lieu dans le réel) peuvent, dans certaines conditions, s'ancrer ensuite dans la réalité ou transformer cette dernière.

Alors, l'imaginaire ne fait plus figure de simple refuge : au lieu de proposer une fuite, il invite au contraire à concevoir autrement le monde.

[1.

La consommation de l'imagina ire comme refuge] Par définition, l'imaginaire semble nous éloigner du «réel >>, puisqu 'il n'y appartient pas.

Le monde réel impose une présence incontestable, que je ne puis transformer à volonté : il ne m'e st pas possible d'en inter­ rompre le flux, d'en suspendre les exigences ou de faire comme s'il n' existait pas.

Au contraire, l'imaginaire n'est en apparence composé que de propositions m'autorisant une grande marge de manœuvre :je peux y pénétrer ou en sortir selon mon humeur ou mes désirs, et il semble de nature à favoriser particulièrement la satisf action de ces derniers.

L'imaginaire a ceci de singulier que, même s'il ressemble au réel, je ne peux le confondre avec ce dernier.

Lorsque je suis avec passion un film ou un spectacle théâtral, je me coupe de la réalité pour pénétrer dans un monde qui est tout autre que le quotidien : les corps que je perçois sur ·l 'écran ont l'air d'être des corps réels, les personnages dont je suis les aventures peuvent être vraisemblables, il n'en reste pas moins que ce monde est illusoire et que, dès la fin du spectacle, c'est à la réalité que je dois à nouveau me confronter, et que les réactions qu'elle appelle de ma part ne sont pas de même nature que celles suscitées pendant le spectacle.

Je peux être ému par les aventures de Julien Sorel, m'enthousiasmer à la lecture des Trois Mousquetaires, vient toujours un moment de retour au réel, qui peut d'ailleurs être douloureux ou décevant.

Cette éventuelle déception révèle que 1 'ima ginaire flatte et sati sfait mon désir : si je m'ide ntifie à un héros fictif, j'oublie mes limites quoti­ diennes, ou la médiocrité de mon existence.

Lorsque je m'abandonne à. »

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