Se poser des questions aide-t-il a mieux vivre ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
La philosophie naît d’un besoin fondamental de compréhension, de pensée. Ce besoin submerge l’homme quand celui-ci se perd dans l’absence de sens ou d’unité qui doit structurer le monde de la nature et de l’esprit. Hegel émettra cette idée que c’est quand les choses apparaissent scindées, quand la réalité ne va plus de soi, qu’il y a une nécessité de philosopher, de ressaisir le sens qui opère à travers toutes les structures de l’esprit. La pensée, manifestation de l’esprit (d’une compréhension de la nature et de la culture), doit ainsi livrer le sens de la vie par une interrogation suivie sur le devenir. Mais elle doit ainsi se prononcer sur ce qui se passe, puisque l’action nécessite tout autant réflexion, en tant que ce sont les hommes qui font l’histoire, qui jugent du bien-fondé de tel ou tel acte. Dès lors responsabilité, engagement, attitude critique ou interrogative doivent jalonner toutes les sphères où se joue la réflexion. Mais n’y aurait-il pas, plus fondamentalement, à travers la philosophie, une volonté toute personnelle de suivre un chemin vers une forme de sagesse ?
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b.
Heidegger postulera que le sujet (le Dasein ) est un être au monde, seul être capable d'interroger le monde, d'entretenir une distance critique vis-à-visdes choses à partir de soi.
C'est ce sujet seul capable d'interroger le monde,d'interroger l'être, qui a le pouvoir de sortir de ses chaînes du quotidien, etd'entrer dans une réflexion plus authentique sur l'existence.
Penser condamneainsi l'auteur de ses pensées (le Moi qui pense) à se connaître lui-même.
C'estle terme « ipséité » (le soi-même) qui constitue la pleine connaissance de soidu sujet qui pense ; d'où l'expression antique inscrite sur le temple deDelphes : « Connais-toi toi-même ».
c.
L'homme, l'existant, est jeté dans un monde qui a déjà des règles.
Il s'habitue à vivre dans la quiétude assoupie de conditions extérieures qui luisemble aller de soi.
Il a besoin d'une impulsion particulière qui le confronte àsa propre existence.
Cette impulsion est fournie par la confrontation à dessituations limites : la mort, le combat, la souffrance, la faute.
K.
Jaspers montrera que grâce à ces situations limites l'existant se rend compte de sonattachement à l'inessentiel, aux conditions extérieures superficielles.
L'hommeest ainsi radicalement rejeté sur lui-même.
L'existant aura donc à secomprendre lui-même à travers l'autre, et tenter de se délivrer de sesattaches à l'inessentiel dans la transcendance.
La souffrance est ici unmoyen de se dégager du monde profane, et d'entrer dans la quête de soi (cf.La Philosophie , 1932).
A.
Camus , de son côté, montrera que chacun a à prendre sur soi la souffrance d'un monde sans signification et sans Dieu.
Le personnage principal du roman La Pestes'emploie à cette tâche.
conclusion
Si « bien vivre » se rapporte à la question du bonheur, alors on peut se demander si cela requiert vraiment une misesous concept, un langage scientifique.
Le bonheur véritable ne se moque-t-il pas finalement de tout bonheurintelligent ? L'homme tendrait à satisfaire d'abord sa part animale : « L'essentiel pour le bien-être, c'est donc lasanté et ensuite les moyens nécessaires à notre entretien, et par conséquent une existence libre de souci »(Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie , 1851).
Faut-il en rester à cette conception naturaliste en quelque sorte du bonheur ? L'esprit de l'homme ne demande-t-il pas plus de reconnaissance venant de lui-même, neveut-il pas plus de considération de soi, et tendre ainsi à un bonheur moins immédiat que réfléchi ? Retournons-nousainsi vers le premier qui a su mettre en lumière l'importance perpétuellement imminente de la question, Socrate,quand celui-ci ne cesse de s'interroger et d'interroger autrui, et ce afin d'avoir conscience et de faire prendreconscience qu'il persiste indéfiniment une brèche susceptible d'offrir du sens, et pourquoi pas de la sagesse, quandon considère toute la philosophie morale antique, qui ne cesse de poursuivre la quête socratique d'un penser parsoi-même épuré de toute présomption à un savoir total..
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