Se connaître soi-même, connaître les autres. Faut-il voir là deux actes indépendants ?
Publié le 14/03/2004
Extrait du document
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de certitude.
Lorsque je veux contrôler ma connaissance, je suis de nouveau dans la position d'un observateur.Il découle de ceci que l'introspection ne saurait être suffisante, pour la connaissance d'autrui et qu'il n'est paspossible de se tourner vers soi pour y découvrir tous les hommes.
La profonde identité des êtres, le cri du poète «insensé qui crois que je ne suis pas toi » n'a de valeur qu'au prix d'une grande abstraction.
La connaissance d'autrui,la connaissance objective par l'observation externe est une chemin indispensable de la connaissance psychologique.Ce que nous venons de souligner, c'est le caractère subjectif de l'introspection ; ce caractère est la source de biendes illusions ; nous nous trompons souvent nous-mêmes sur nos sentiments, et nous ne savons pas donner toujoursà nos actions leurs véritables motifs.
En effet, la connaissance de soi par soi comporte une difficulté essentielle :L'observateur est en même temps l'objet d'observation.
Il est bien des cas où nous agissons en fonctiond'automatismes qui ne sont pas susceptibles d'une saisie interne, d'autres cas où nous ne voulons pas aller à ladécouverte de réalité psychologique en nous, qu'il nous déplairait de préciser.
Or, nous ne nous observons pas sansune intention, qui est en même temps intention du sujet et intention de l'objet, si bien que l'objet de notreobservation intérieure est déjà modifié par la seule entreprise de notre connaissance.
D'autre part, une grande partde nous-mêmes relève difficilement d'un jugement précis.
Pourrait-on répondre à la question : « Etes-vousintelligent ? » en se fiant aux seules ressources de la psychologie en première personne ?Et encore, pouvons-nous évaluer ce qui de nous-mêmes nous échappe ? Il peut exister un contenu latent à notreaction ou à notre discours, dont il nous est difficile, et peut-être impossible de prendre conscience spontanément.Nous saisissons ce que nous voulons penser ou croire, non pas nos impressions confuses qui s'expriment dans nosgestes involontaires.
Notre comportement tout entier, pour une part distrait, pour une part attentif, est pétri à lafois d'oubli et de souvenir.Au sein de ces insuffisances, la connaissance d'autrui intervient pour contrôler et enrichir la connaissance que nousavons de nous-mêmes.
Ce que j'observe en autrui, son comportement, ajoute à ma connaissance intime desobservations qui, soudain, peuvent apparaître comme fécondes pour me saisir moi-même.
Ici, la différence d'individuà individu joue comme moyen d'investigation et présente pour la connaissance de soi une nouvelle forme d'enquête.En ce sens, la connaissance d'autrui nous, révèle à nous-mêmes; elle nous fournit des termes de comparaison quipermettent un jugement mieux fondé.
Enfin, si nous savons prendre l'habitude de nous approcher nous-mêmes,comme nous observons autrui, nous allons acquérir la possibilité d'une certaine objectivité dans notre analyse.
Laconnaissance d'autrui constitue une discipline nécessaire pour la connaissance de soi.En somme, quand je cherche à me connaître, il est nécessaire de ne point se fier à la seule observation de la vieintérieure, qui ne peut aboutir qu'à une description souvent métaphorique du déroulement de ma vie psychologique,mais non pas à une définition compréhensive.
La connaissance des autres, permet de se garder des illusions de lasubjectivité, de la même façon qu'une connaissance de soi, contrôlée par les nombreuses observations faites surautrui, permet une interprétation de la conduite des autres, moins arbitraire que celle du raisonnement analogiquebanal.
La diversité des êtres qui nous entourent, malgré la difficulté qu'il y a à connaître, nous engage à uneréflexion qui ne se limite pas à notre propre personne.
L'opposition des méthodes subjectives et objectives de lapsychologie se trouve être en même temps un lien de dépendance, par lequel la connaissance psychologiquemaintient, dans la difficulté, son unité..
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